Le vote "massif" du peuple marocain en faveur de la nouvelle constitution a permis au Maroc de mettre en place "un modèle pour les transitions politiques pacifiques dans le monde arabe", conférant ainsi au Royaume un "rôle régional nouveau" fait d'"opportunités" et de "responsabilités", écrit mardi le New York Times. "Pour la première fois, depuis le début du Printemps arabe, un peuple adhère massivement aux réformes constitutionnelles annoncées par son leader (...) en vue notamment de renforcer les pouvoirs du Premier ministre issu du parti arrivé premier aux élections législatives", note le journal américain de référence, en qualifiant la consultation référendaire du 1er juillet d'"événement le plus significatif qu'à connu la région arabe dernièrement". Tout en mettant en avant "le grand optimisme qui est, aujourd'hui, de mise dans le Royaume", le New York Times fait observer que "des millions de Marocains ont ainsi fait part de leur désir pour davantage de liberté et d'opportunité". La publication rappelle, dans ce contexte, que l'ensemble des principaux partis politiques d'opposition représentés au parlement avaient soutenu le projet de nouvelle constitution, notant que les vecteurs audiovisuels avaient été, sans exclusive, mis à la disposition des différents acteurs de la vie politique marocaine pour exprimer leurs visions vis-à-vis du projet de nouvelle loi fondamentale. Le Maroc a offert une réponse "unique" aux aspirations à la démocratie dans la région arabe, le New York Times soulignant, dans ce contexte, la "vision à long terme" de SM le Roi Mohammed VI. "Suite à cette consultation référendaire, les pouvoirs des responsables élus seront renforcés", note la publication américaine de référence, faisant observer que l'approche pondérée qui préside à ce processus de réformes politiques constitue une "alternative" et un "contrepoids" aux confrontations sanglantes qui entachent le Printemps arabe. Citant un professeur à l'institut de recherche de Lyon pour les études politiques, le New York Times soutient qu'il est "certain que des gouvernements arabes seront inspirés par cette stratégie réussie" dans le but de satisfaire les aspirations démocratiques de leurs peuples. Le processus de réformes au Maroc, relève par ailleurs l'auteur de l'article Nadim Auda, s'inscrit dans le cadre d'une logique de consolidation dans la mesure où SM le Roi Mohammed VI avait, dès Son accession au Trône, initié des réformes visant la modernisation du pays, à travers notamment le nouveau code de la famille et la promotion des droits de la femme. "Cette ouverture est perçue au Maroc comme étant une force de modération", relèvent à ce propos les auteurs de cet éditorial, Ahmed Charai, éditeur de la revue "L'Observateur" et de la version francophone de "Foreign Policy Magazine" et le journaliste américain Joseph Braude auteur de l'ouvrage "The Honored dead, A Story of Friendship, Murder and the Search for Truth in the Arab World" (les morts honorés, une histoire d'amitié, de meurtres et de quête de la vérité dans la monde arabe). Le New York Times soutient, par ailleurs, que "le Maroc a depuis toujours été perçu comme étant un partenaire constructif dans les questions concernant la région du Moyen-Orient et d'Afrique du nord", en mettant en exergue l'importance pour les Etats Unis et leurs alliés de l'émergence de ce Maroc nouveau dans le contexte régional arabe actuel. Le président du CNDH à Washington Le Royaume a lancé des réformes avant même l'avènement du Printemps arabe Le président du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), Driss El Yazami a mis en avant, lundi à Washington, la nouvelle dynamique imprimée au processus de réformes au Maroc, à la suite du vote massif qui a sanctionné le référendum constitutionnel du 1er juillet. Lors d'une rencontre abritée par le German Marschall Fund (GMF), M. El Yazami a souligné que la nouvelle loi fondamentale du Maroc constitue une nouvelle "feuille de route". Il s'est également arrêté sur les réformes "lancées depuis bien longtemps et qui connaissent ces derniers mois une nette accélération", notant que ce processus fait la singularité de l'expérience marocaine. Le Royaume a "lancé des réformes avant même l'avènement du Printemps arabe", a dit à cette occasion le président du CNDH, rappelant entre autres les avancées du Maroc en matière des droits de l'Homme et les changements apportés au Code de la famille. Il a aussi mis en exergue le caractère séculaire de la monarchie marocaine, le pluralisme de la société ou encore l'implication des différentes composantes de la société civile dans le débat public. M. El Yazami a présenté ainsi les principales nouveautés contenues dans la constitution et expliqué les efforts mis en oeuvre en matière de défense et de promotion des droits, ainsi que les nouveaux mécanismes pour la lutte contre la corruption. Il a aussi passé en revue un ensemble d'initiatives que le Maroc a pris en matière des droits de l'Homme "qui ne sont pas très connues (à l'étranger), comme le plan d'action national pour les droits de l'Homme". "Nous avons un plan national des droits de l'Homme qui a été élaboré durant les deux dernières années, en partenariat avec l'ensemble des ministères et l'ensemble des acteurs de la société civile qui n'est pas très connu par exemple ici (aux Etats-Unis)", a expliqué, dans une déclaration à la MAP, M. El Yazami. L'objectif, selon lui, est de nouer des partenariats avec des parties américaines "qui pourront nous aider dans ce processus dans les années à venir". La rencontre du GMF sur les réformes constitutionnelles dans le Royaume a réuni également Enders Wimbush, directeur des relations internationales et des libertés civiles au sein de ce think tank, David Kramer, président de Freedom House, une des principales ONG US des droits de l'Homme et Leila Hanafi, directrice de programme au World Justice Project. M. El Yazami a entamé lundi une visite de trois jours à Washington visant à présenter les réformes contenues dans la nouvelle constitution marocaine, y compris celles ayant trait aux droits de l'Homme. Au cours de ce séjour, qui intervient à l'initiative de l'ambassade du Maroc aux Etats-Unis, M. El Yazami devra avoir des rencontres avec plusieurs responsables de l'administration et du Congrès américains ainsi que des représentants d'ONG des Droits de l'Homme.