Des affrontements entre plusieurs centaines de jeunes et la police qui ont débuté mardi au soir au Caire ont fait un millier de blessés, rapporte mercredi le ministère égyptien de la Santé. Une quarantaine de membres des forces de l'ordre figurent parmi les victimes. La plupart des blessés ont été intoxiqués par les gaz lacrymogènes utilisés par les forces de l'ordre. Les premiers heurts ont éclaté mardi soir dans un quartier périphérique du Caire où les familles de plusieurs des 840 victimes civiles de la "Révolution du Nil" s'étaient rassemblées pour un hommage aux "martyrs". D'autres, indignés que les noms de leurs propres défunts n'aient pas été mentionnés pendant la cérémonie, sont venus protester auprès des premiers. Des heurts ont éclaté avant de gagner la place Tahrir, épicentre de la révolution où les derniers affrontements remontaient à plusieurs semaines. Ces manifestations "n'avaient aucun autre objet que de mettre en péril la sécurité de l'Egypte dans le cadre d'un projet organisé qui exploite le sang des martyrs de la révolution et qui vise à semer la discorde entre le peuple et les services de sécurité", estime le Conseil supérieur des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis février, sur sa page Facebook. Mohsen Mourad, vice-ministre de l'Intérieur, a assuré que les forces de l'ordre n'avaient pas pénétré place Tahrir dans la nuit de mardi à mercredi. Elles ne sont intervenues que lorsque 150 à 200 personnes ont tenté pénétrer dans les locaux du ministère de l'Intérieur, a-t-il ajouté. L'agence de presse Mena, qui cite une source proche des forces de l'ordre, fait état de 40 arrestations, dont celles d'un Américain et d'un Britannique. Pour certains, les violences sont à mettre sur le compte de fauteurs de troubles décidés à en découdre avec la police. Pour d'autres, les motifs sont politiques. "Les gens sont furieux que les poursuites contre les hauts responsables soient sans cesse retardées", a expliqué Ahmed Abdel Hamid, employé d'une boulangerie âgé de 26 ans. L'ancien ministre de l'Intérieur Habib al Adli a été condamné début mai à douze ans de prison pour blanchiment d'argent et corruption mais il n'a pas encore comparu en justice pour la mort des manifestants tués pendant les 18 jours de contestation qui ont poussé Hosni Moubarak vers la sortie, le 11 février. L'ancien président, aujourd'hui hospitalisé, est lui-même inculpé du meurtre de manifestants. Son procès doit débuter le 3 août. Les affrontements se sont poursuivis mercredi. En début de matinée, des jeunes ont lancé des pierres sur la police alors que les Cairotes se rendaient au travail et des manifestants ont par la suite érigé des barricades de pneus auxquelles ils ont mis le feu aux abords du ministère de l'Intérieur. D'autres rassemblements, motivés par la répression de ceux de la vieille, ont par ailleurs eu lieu mercredi place Tahrir. "Je suis ici aujourd'hui parce que j'ai appris que la police avait agi violement contre la foule, cette nuit", a expliqué un manifestant. En visite au Caire, le diplomate américain William Burns, secrétaire d'Etat adjoint, a jugé "extrêmement important" que les Egyptiens continuent à exprimer leurs aspirations pacifiquement et a souhaité que l'enquête sur les dernières violences ait lieu en toute transparence.