La crise est réelle, la polémique a éclaté et les voies de sortie, à en croire le ministre de la culture, commencent cependant à se dessiner. L'ombre des professionnels du théâtre qui ont boycotté la 13 ème édition du festival national du théâtre rôdait dans les coulisses et les esprits. Absents certes mais présents dans toutes les discussions et les débats. Lors d'une conférence de presse tenue à Hri Souani, un monument ismaïlien hors norme, à l'occasion de la clôture du festival, le ministre de la culture, M. Bensalem Himmich, pressé par les questions des confrères journalitres a dû, une nouvelle fois, revenir sur ce différent entre les professionnels du théâtre et son département. Le ministre s'est dit prêt à ouvrir le dialogue avec tous les professionnels du théâtre, d'ailleurs précise-t-il, les portes de son ministère ont été toujours ouvertes aux artistes. Comme un leitmotiv, le mot «dialogue» revenait à chaque instant tout le long de la conférence afin d'insister sur la disponibilité du ministère à négocier une sortie de crise. «Nous n'avons aucune autorité sur ces professionnels. C'est dommage de boycotter le soutien du ministère mais cela demeure un droit. Nous continuerons à soutenir ces artistes à moins que certains déclinent cette offre. On ne peut obliger quelqu'un à accepter un soutien» a souligné le ministre qui appelle à une réflexion en profondeur sur une stratégie culturelle qui puisse préserver la dignité de nos artistes tout en encourageant les initiatives créatrices. Par ailleurs, en présence de bon nombre de professionnels auxquels le ministre a rendu hommage, on tenait à souligner que la 13 ème édition a été un succès vu l'affluence qu'ont connue les salles de représentation et la qualité des débats autour des thématiques choisies. Notons que la compétition officielle a été reportée puisque la plupart des troupes participantes ont décidé de boycotter l'événement. En effet, trois syndicats et associations des professionnels du théâtre ont décidé de boycotter les activités de la 13e édition du festival national du théâtre de Meknès. Il s'agit du Syndicat marocain des professionnels du théâtre, l'Association des lauréats de l'Institut supérieur des arts dramatiques et de l'animation culturelle (ISADAC) et la Coordination des troupes théâtrales nationales. Les trois organismes ont pris cette décision, en partenariat avec les professionnels du secteur audiovisuel, reprochent au ministère d'avoir élaboré unilatéralement un projet relatif à l'amendement de la décision ministérielle sur le soutien au théâtre, le sort des lauréats de l'ISADAC, les troupes régionales qui souffrent, le statut des professeurs de l'art...mais apparemment c'est à la signature entre le ministère de la Culture et celui des Finances d'un nouveau projet sur la réforme du mécanisme du fonds de soutien au théâtre le 10 juin. Projet très critiqué et refusé par la majorité écrasante des intervenants et professionnels du théâtre qui a scellé une rupture annoncée. En tout cas Meknès aura réussi son pari de maintenir l'organisation de cette manifestation, devenu un rendez-vous incontournable du paysage culturel de la cité ismaïlienne. On aurait aimé pouvoir apprécier le travail de ces troupes qui ont choisi de boycotter et qui pouvaient manifester leur refus autrement, mais nous les attendront avec impatience l'année prochaine. Apparemment même au théâtre, le chiffre 13 semble de mauvais augure !