Comment qualifier cet événement hors du commun ? C'est l'une des courses à pieds les plus dures au monde. L'une des plus belles aussi. Une course que l'on vit comme un rêve, où la notion de dépassement de soi est poussée à son paroxysme. Une des course les mieux organisées aussi, ce qui explique son succès depuis plus d'un quart de siècle Une organisation sans failles, dirigée de main de maître par Patrick Bauwer et son équipe. Rien n'est laissé au hasard. Plus de quatre cent personnes, majoritairement bénévoles, font partie de cette organisation. Les autorités Marocaines n'hésitent pas à s'impliquer également, en mettant leurs ressources au service de cette noble cause. C'est ainsi que l'on y retrouve le concours des Forces Armées et de la Gendarmerie Royales. En 2002, sa Majesté le Roi Mohammed IV à décoré Patrick Bauer, fondateur et organisateur du Marathon des Sables, en le nommant Officier du Wissam Al Alaoui, récompensant ainsi son amour du Maroc et l'organisation de cette course de renommée internationale. L'une des causes de ce succès est le respect. Depuis le début de cette aventure, les organisateurs ont mis l'accent sur le respect total du Maroc, de l'environnement, des populations, de la culture et de tout ce qui fait la beauté des régions traversées. Le respect de l'environnement est certainement le plus important. Près de mille cinq cent personnes traversent le désert. Après leur passage, il ne reste aucune trace, aucune pollution. Au fil des ans, différents systèmes ont été mis au point pour approcher aujourd'hui de la perfection. Tous les déchets sont incinérés dans un four à auto combustion transportable qui suit la course de bivouacs en bivouacs. Une équipe de ramasseurs de déchets sillonne sans arrêt le bivouac, à la recherche du moindre papier qui traîne. Les toilettes sont également une priorité, avec cette année un nouveau système de siège récemment mis au point, permettant aux participants d'utiliser des sacs plastic biodégradables, à base de maïs, hygiéniques et sans odeurs, qui sont collectés dans des poubelles spéciales. Les milliers de bouteilles d'eau distribuées portent le numéro de dossard du coureur à qui elles ont été remises. Si l'une d'entre elles se retrouve abandonnée dans le désert, le coureur incriminé écope d'une pénalité. Des containers spéciaux se trouvent à chaque point de contrôle et aux bivouacs pour collecter les bouteilles vides. Chaque membre de l'organisation reçoit un cendrier portable, afin de ne pas jeter de mégots de cigarette dans le désert ! Enfin, le coût carbone de l'événement est calculé dans sa globalité et est «racheté» en effectuant des actions caritatives en faveur du pays. Parmi les différentes actions prévues par l'association SOLIDARITE MARATHON DES SABLES, plusieurs correspondaient à ces critères. Le choix s'est alors porté sur un chantier en milieu désertique. C'est donc un réseau de distribution d'eau qui sera rénové, grâce à l'argent versé par AOI et CIMBALY. Les travaux seront effectués dans les villages de Tarricht et Amougger et permettront aux 150 habitants de ces petits villages, mais aussi à une école située à proximité, d'être reliés au puits le plus proche. Pour cela, tout le système de pompage et les canalisations d'eau ont été refaits. En premier lieu, un terrassement de plus de 3 kilomètres a été creusé par les gens des villages concernés, aidés par des jeunes français, dans le cadre d'une action de réinsertion sociale mise en place par l'association «Raid aventure». Ensuite, une pompe immergée, un nouveau branchement électrique, 700 mètres de câbles et 3200 mètres de tuyaux ont été installés et mis en service début avril 2011. Enfin, des compteurs d'eau permettent (au tarif fixé par les habitants) de financer la maintenance de cette nouvelle adduction. Dans le désert plus que n'importe où, l'accès à l'eau est une priorité absolue. Aider des hommes et des femmes à y avoir accès plus facilement et de façon pérenne, fait partie de ces gestes qui s'imposent. Le Marathon des Sables c'est aussi une économie et une source de revenus, directs et indirects, pour les populations locales et le pays. Des centaines de personnes sont engagées et perçoivent des salaires: chauffeurs, ouvriers, gardiens, Et de manière indirecte, à travers les prestations hôtelières et les dépenses des centaines de participants durant leur séjour à Ouarzazate et dans les autres villages traversés. De nouvelles perspectives pour les éditions futures L'intérêt du public, connaisseur ou amateur, va être relancé par la victoire historique de Rachid El Morabity sur cette édition 2011. Le jeune coureur de Zagora à mis fin à quatorze années de domination du clan Ansahal. Lahcen, l'aîné des frères a gagné successivement dix éditions, avant de céder la place à son frère cadet Mohamad, qui en remporta quatre. Rachid El Morabity, coaché par Mohamad, à su profiter de sa jeunesse et de sa forme physique pour s'imposer lors de l'étape de 82 Km. L'édition 2012 promet d'être riche en spéculations et en perspectives quand à savoir qui sera le vainqueur. Cette victoire de Rachid El Morabity risque en effet de donner des idées à de nombreux jeunes, qui vont se dire qu'il est possible de battre les grands champions historiques. Une course sera relancée pour la victoire finale. Nul doute que les médias seront plus que présents pour commenter cette future édition et alimenter le suspense. Le Marathon des Sables apporte depuis de nombreuses années un regard sur le Maroc et les régions du Sud en particulier. Plus de trente journalistes internationaux couvrent cet événement de l'intérieur. Les photos et articles sont partagés par les plus grandes agences de presse mondiales. Une équipe de production «Cimbali» retransmet des images télévisées quotidiennes aux plus grandes chaînes de télévision du monde entier. Une course où l'on n'abandonne pas, ou peu Sur 844 participants, seuls 38 ont abandonné ! Un chiffre relativement peu élevé, vu la longueur de la course, le niveau de difficulté et l'environnement hostile du désert. Plusieurs explications sont à avancer dans ce sens. La première étant que les participants savent à quoi s'attendre et se préparent correctement dans cette perspective. Un amateur avertis trouve beaucoup d'informations sur internet pour s'entraîner, préparer son sac, s'alimenter, etc, Le sac est un des éléments clef de la réussite. Vu que l'organisation ne fournit pas de nourriture durant la course et que le logement se fait en bivouac, sous des tentes nomades, les participants doivent emporter avec eux: leurs vêtements, leur nourriture et leur couchage pour les 6 étapes. On parle ici d'autonomie alimentaire. Les sacs sont contrôlés au départ et le concurrent doit avoir un minimum de calories emportées, sous forme de repas lyophilisés et de compléments alimentaires. Les sacs des meilleurs coureurs dépassent à peine les 6 kilos. Celui de Karim Mosta pesait très exactement 6 kilos 250. Avec cela il faut manger, dormir et s'habiller pendant 6 jours ! Pour beaucoup de participants, le Marathon des Sables est le rêve d'une vie. L'accomplissement de nombreuses années d'entrainements, de courses et de volontés. La majorité des abandons l'ont été pour des problèmes physiques, surtout au niveau des pieds. Il est difficile de courir quand la succession d'ampoules fait que la plante du pied n'est plus que chairs à vif. Le Marathon des Sables c'est aussi l'apprentissage de la souffrance L'équipe médicale de 40 personnes, les Doctrotteurs comme on les appelle, n'a pas lésiné sur les soins prodigués aux participants. L'image du Marathon restera aussi celle de Patrick Bauer, attendant sur la ligne d'arrivée le retour de ses derniers coureurs. Tel le Japonais Minoru Tanaka, qui est un exemple de ténacité et de force de caractère. Le concurrent au dossard 365 a parcouru plusieurs étapes, en marchant juste devant les dromadaires qui ferment la course. Visiblement au bout de ses ressources physiques, ce courageux Japonais n'a pourtant jamais voulu abandonner. Il termine honorablement à la 811ème place et à amplement mérité sa médaille de «finisher». Marc d'Haenen - Envoyé Spécial au Marathon des Sables.