«Femme marocaine et approche genre», tel a été le thème de la 3éme Rencontre des Femmes Magistrats, organisée par l'Amicale Hassanienne des Magistrats, à la Cour d'Appel de commerce de Casablanca, le vendredi 18 mars dernier, et ce à l'occasion et parallèlement à la célébration de la journée mondiale de la femme. L'instant était solonnel, les magistrates marocaines avaient beaucoup d'heureux évènements à fêter. Deux d'entre elles ont enfin pu franchir le seuil du bureau exécutif de l'Amicale Hassanienne des Magistrats, Mme Aïcha Naciri, présidente de chambre au sein de la Cour d'Appel de Commerce de Casablanca, et Mme Bouchra Alaoui, présidente de chambre au sein de la Cour d'appel de commerce de Casablanca, toutes deux maintenant membres dudit bureau exécutif. Et ces dames ne cachent par leur joie et leur détermination à nourrir plus d'ambitions pour les magistrates marocaines. «Il serait temps que des magistrates accèdent également à la Cour Suprême de justice, où elles ne sont pas représentées jusqu'à présent» ne manquent-elles pas de faire remarquer. «L'évolution est énorme» souligne M. Lydidi Mohamed, secrétaire général du ministère de la Justice. «La femme magistrat a déployé beaucoup d'efforts pour montrer ses capacités dans le domaine de la justice. La magistrate marocaine a occupé beaucoup de postes de responsabilité. Je pense qu'elle mérite plus. La femme magistrat représente à peu près 20% de l'ensemble des magistrats du Maroc. Ce 20% ne reflète pas, bien entendu, le poste de responsabilité occupé par la femme. Notre responsabilité et celle de la Cour suprême de justice seraient alors de lui permettre de remplir son rôle, dû à ses compétences réelles, au sein du corps de la magistrature et aux postes de décision. Nous remarquons que la femme est présente dans tous les domaines d'activités et rien n'est impossible pour elle. Nous remarquons également avec satisfaction qu'elle peut assumer tous les postes de responsabilité, magistrate ou procureur, en Droit civil comme en Droit pénal, Droit administratif, Droit de la famille, etc. La magistrate est présente à tous les niveaux de l'appareil judiciaire, du tribunal de première instance à la Cour d'appel, et à la Cour suprême. Dans ce sens, le Maroc a donné l'exemple en permettant à la femme d'accéder à tous les niveaux de la magistrature. Il a été le premier pays arabe et musulman à désigner une femme au poste de juge. Il faut que cette évolution continue et qu'elle permette à la femme de grimper les marches de la réussite. Il faut leur donner tout ce qu'elles méritent. Il est vrai que la Cour suprême de Justice ne comporte pas jusqu'à présent de femmes dans sa composition. Mais c'est dans ce sens que Sa Majesté le Roi a mis l'accent sur la représentativité obligatoire de la femme au sein de la Cour Suprême de justice». Le souhait des magistrates marocaines ne saurait donc tarder à être comblé. Fières du parcours des femmes au sein de la magistrature, l'Amicale Hassanienne des magistrats tient également à rendre régulièrement hommage à celles d'entre elles qui ont achevé ce parcours et ont prétendu à une juste et honorable retraite. Cette année et en l'occasion de cette troisième rencontre des femmes magistrates, hommage fut donc rendu à trois d'entre elles. Il s'agit de Mmes Zhor El Hour, Aïcha Alaoui et Malika Laâbar. Mme Zhour El Hour est titulaire du diplôme de licence en Droit en 1975. En 1977, elle rejoint le corps de la magistrature. Elle a été nommée juge adjoint près la Cour de première instance d'El Jadida, en 1978, poste qu'elle a occupé jusqu'en 1983, date à partir de laquelle elle a commencé à la Chambre sociale près la Cour de première instance de Casablanca. Six ans après, elle est nommée premier adjoint du président de la Chambre sociale près la Cour de première instance de Aïn Chok, à Casablanca et en 2000, conseillère à la Cour suprême. En 2001, Mme El Hour a été choisie pour faire partie du Conseil royal consultatif chargé de la réforme du code du statut personnel, puis membre du Conseil des experts chargé d'élaborer le code de la famille. En 2002, elle est nommée présidente de la Cour de première instance de Ben Msik Sidi Othman, à Casablanca, en 2003, présidente de la Cour de première instance de Fida Derb Soltan, à Casablanca, et en 2005, présidente de la Chambre du code de la famille, dans le cadre de l'unité de la ville. Consécration d'une longue carrière vouée à la magistrature, Mme El Hour a été nommée, en 2006, présidente de chambre à la Cour Suprême, avant de prendre sa retraite, en 2010. Mme Zhour El Hour est l'auteur d'une étude sur la législation des affaires personnelles des Hébreux marocains et d'une seconde étude psychosociologique à l'occasion du procès d'un criminel, intitulée « Le crime intelligent et le phénomène d'un obsédé tueur d'enfants ». Mme Zhour El Hour a reçu deux distinctions qui lui ont été accordées par SM le Roi, le Ouissam du trône de l'ordre de Chevalier, en l'an 2000, et du Ouissam Al Moukafaa Al Watania de l'ordre de Commandeur, en 2003. Elle a été décorée d'un Ouissam par le Roi du Bahreïn, en 2007, et a également été honorée par l'Organisation de la femme arabe, qui dépend de la Ligue arabe, en tant que l'une des femmes arabes exceptionnelles. Mme Bouchra Alaoui, native de Fès, est la fille du Âlim de la prestigieuse Université Al Karaouyine, Moulay El Arbi Alaoui, qui est aussi un résistant de la première heure est l'un des fondateurs du Parti de l'Istiqlal. Elle a intégré le corps de la magistrature, en 1974, et a été nommée juge adjoint près la Cour de première instance, jusqu'en 1983, puis conseillère de second degré et présidente de chambre de premier degré. En 2003, elle a été nommée présidente de chambre de second degré à la Cour d'Appel, avant de rejoindre la Cour suprême, en 2009, en tant que consécration d'une longue carrière au service de la justice. Mme Alaoui a pris sa retraite cette année, au mois de février. Mme Aalouie a été décorée par SM le Roi du Ouissam du Trône de l'ordre de Chevalier. Mme Malika Laâbar est fille de juge, son père a été procureur du Roi dans la ville de Khémisset. Elle a obtenu son diplôme de licence en Droit, en 1972, puis elle a été nommée au cabinet du Ministère de l'Habitat, puis celui de la Santé publique et enfin celui des Postes et télécommunications. Mme Alaoui a exercé la profession d'avocate, de 1978 à 2003, avant de devenir juge conseillère à la Cour d'Appel de Rabat. La même année, elle fait son entrée à la Cour Suprême. Elle a travaillé sur la création de l'Association des tribunaux francophones et le congrès de cette association, qui s'est déroulé à Marrakech, en 2004. Des nouvelles de la Caisse des femmes divorcées démunies ? «C'est vrai, concernant cette caisse, il y a des nouvelles» confirme M. Lydidi. «On en est à la phase finale, entrain d'arrêter des textes organisationnels et d'analyser quelques documents à ce sujet. Très prochainement, ce projet de texte sera examiné au Conseil du gouvernement, avant d'être présenté au vote du parlement, pour qu'il soit opérationnel. Signalons à ce sujet qu'il est prévu qu'à la fin de l'année en cours, 2011, cette caisse sera opérationnelle et participera au soutien de la femme divorcée démunie».