L'Observatoire des investissements et partenariats en Méditerranée Anima-Mipo vient de publier son bilan annuel. En 2010, la rive Sud de la Méditerranée a connu une année de transition marquée par de bons résultats en termes d'attraction d'investissement direct étranger (IDE) et de partenariats internationaux. 826 projets d'IDE ont été annoncés en 2010, contre 542 en 2009, soit +52%. Les flux entrants progressent eux aussi, mais moins nettement : 33,2 milliards d'euros (Mds €), contre 28,4 Mds € en 2009, soit +17%. Les partenariats internationaux d'entreprises poursuivent pour leur part leur augmentation : 493 projets en 2010, contre 288 en 2009 (+71%). En 2010, les IDE ont créé près de 175.000 emplois directs (contre 93.000 en 2009), et environ 585.000 emplois indirects, soit plus de 750.000 emplois au total. Autre point soulevé par l'Observatoire des Investissements et Partenariats en Méditerranée ANIMA‐MIPO est que les entreprises européennes viennent largement en tête en 2010, avec la moitié des investissements en montants. Les pays du Golfe, qui dépassaient l'Amérique du Nord depuis plusieurs années, sont rejoints par les USA/Canada et les autres pays (principalement émergents) : ces 3 ensembles émettent environ 15 à 16% chacun des IDE dirigés vers les pays Sud‐ méditerranéens. Enfin, les investissements intra‐ MED (entre pays de la région) restent à un niveau faible (3% du total), ce qui est un indice supplémentaire de la faible intégration de la zone. Seule la Turquie, véritable poumon régional, continue d'investir, essentiellement au Machreck, avec 22 projets en 2010 (9 IDE et 13 partenariats), contre 9 en 2009 et 8 en 2008. La prédominance européenne, poursuit la même source, est plus forte encore pour les partenariats (264 projets, soit 54% du total en 2010), l'Amérique du Nord venant ensuite (20% des projets), puis le Golfe (12%). Les partenariats originaires des pays émergents (9%) ou intra‐ méditerranéens (6%) ferment la marche. Mais, par rapport à 2009, les partenariats du Golfe triplent et ceux entre pays MED doublent, ce qui est très encourageant pour l'avenir de l'intégration Sud-Sud. La part de l'Europe est prépondérante pour les franchises et les contrats de gestion (partenariats publics-privés). Pour les pays du Maghreb, les performances, par contre, ont été globalement décevantes en 2010, sauf pour la Tunisie. En 2010, et selon ANIMA‐MIPO, la destination des IDE a favorisé essentiellement la Turquie, dont la montée en puissance impressionne et attire les investisseurs. Concernant le Maroc, brillant pour les partenariats et apprécié des PME, ANIMA‐MIPO souligne qu'il n'a pas réalisés un très bon score. Au Machreck, qui se maintient globalement après le retrait des investisseurs du Golfe à partir de 2008, l'Egypte est loin de ses records passés, la Syrie confirme son attractivité nouvelle, le Liban reçoit surtout des investissements de portefeuille et les autres pays (Jordanie et surtout Palestine) stagnent. Malgré ces résultats indiscutables, le modèle de développement des pays méditerranéens partenaires de l'Europe apparaît contesté, à travers les changements en cours, en particulier en Afrique du Nord (Tunisie, Égypte, Libye) : c'est que les dividendes de l'ouverture économique ne bénéficient guère à la masse de la population et s'accompagnent d'effets indésirables (forte concentration des IDE sur certains espaces, valeur ajoutée locale trop réduite, impact parfois négatif sur l'environnement ou la culture, éviction de certaines entreprises domestiques au profit d'opérateurs étrangers, etc.), relève Anima, estimant qu'un modèle de développement, qui crée encore davantage d'emplois, qui renforce le tissu industriel local, qui donne plus d'importance aux initiatives du Sud, qui respecte mieux les critères de responsabilité sociale, qui valorise tout le territoire et toute la population, reste encore largement à construire.