Mohamed Kharbouch est né à Marrakech en 1948 ; il est issu d'une grande famille de maâlems plâtriers dont il a hérité le savoir faire et le don qu'il a mis au service de la décoration de hauts lieux nationaux et internationaux : palais, demeures seigneuriales, ryads et mosquées. Installé à Rabat depuis des décennies, il expose en permanence dans sa propre galerie La Fontaine du Patio. Référencé, son nom figure dans le livre d'André Pacard sur l'architecture marocaine. Mohamed Kharbouch a par ailleurs donné plusieurs expositions à travers le Royaume. --------------------------------------------------- De tendance semi-abstraite, la peinture de cet artiste à la fois collectionneur et mécène trouve des résonances plus ou moins lointaines dans l'artisanat, avec des percées figuratives disséminées et sans prétention démonstrative, comme un reflux elliptique du réel sur la surface du support ; tout au moins fait-elle y penser par ses multiples formes géométriques, ses courbes, ses entrelacs et ses dessins imbriqués que l'artiste assemble en un mélange spécifique. Kharbouch concentre sans doute l'essentiel de sa démarche sur un espace optique ramassé, les œuvres se présentant chacune comme un bloc compact aux contours d'aérolithe, d'un aspect baroque dénotant une expression de mouvement qui engendre une impression de construction solide et presque rédhibitoire. Il faudrait suivre attentivement la main de l'artiste pour pouvoir circuler à l'intérieur de cette géographie de formes apparemment miniaturisées, pour y déceler des tons et des touches évoquant des motifs traditionnels enracinés, ouvragés comme sur des tissus ou sur du cuir, à usage décoratif. Mohamed Kharbouch déploie les fastes d'une imagination quasi labyrinthique, dont il circonscrit les débordements à l'aide de lignes-contour, de traits curvilignes, - cernant des espèces de cocons peints, réunis dans des juxtapositions serrées, comme dans une tapisserie. Une imagination libre d'attaches, développant au petit bonheur des instances narratives liées à la mémoire et ayant la fraîcheur et la spontanéité des fabulations enfantines. D'ailleurs, chaque œuvre présente, par ses configurations agglomérées, l'image d'un jeu mystérieusement composé et artistement complexifié. Nul point de fuite apparent, mais un étrange produit condensé, des subtilités chromatiques confinant au trompe l'œil. Kharbouch travaille sa peinture de l'intérieur, installant tout un arsenal de détail à partir duquel se définissent les formes et ce à quoi elles renvoient. Sa stratégie s'assure à créer des énergies et des rapports de sens pas forcément pensés sur le champ, que les tons harmonisent en un rendu éloquent… Voici d'onc une peinture qui tourne complément le dos au miroir. Tout en y étant, l'artiste donne la nette impression de n'y être pas du tout. Le rapport au contenu est purement intuitif et se garde de tout révéler. Une intuition particulière, où se résumerait toute la subjectivité du créateur, un Créateur authentique d'œuvres insolites par leur irrégularité volontaire, leur composition d'agrégats plastiques à la topologie centralisée et, de la sorte, bien mises en évidence.