Le Conseil de sécurité de l'Onu se réunit vendredi pour discuter d'un projet de résolution demandant embargo et sanctions contre la Libye, où des affrontements sanglants se poursuivent pour le contrôle de villes stratégiques. Les opposants au régime de Mouammar Kadhafi, après avoir conquis la province orientale de Cyrénaïque et sa capitale Benghazi, semblent avoir pris le contrôle de plusieurs villes autour de Tripoli, dont la troisième du pays, Misrata. Dans un souci d'apaiser la colère des manifestants, le gouvernement libyen a annoncé plusieurs mesures sociales. Mais ces premières concessions du régime contrastent avec la violence des échanges sur le terrain, où les opposants, qualifiés Jeudi, dans un discours par téléphone, Kadhafi a traité les manifestants s'opposant aux forces encore fidèles au pouvoir en place et à des mercenaires venus d'Afrique noire, de jeunes drogués à la solde d'Oussama ben Laden. Selon un témoin, les forces de sécurité ne peuvent plus pénétrer dans Zaouiah, une ville à 50 km à l'ouest de Tripoli. D'autres témoins ont rapporté que Kadhafi avait perdu le contrôle de Misrata, à 200 km à l'ouest de Tripoli, malgré une contre-offensive menée jeudi par la 32e brigade. Selon des responsables américains, le maintien au pouvoir de Kadhafi semble dépendre de ce bataillon d'élite mené par son fils Khamis. Cette brigade est la mieux équipée des trois "unités de protection du régime" qui regroupent au total 10.000 hommes et sont les plus loyales au colonel, tandis que le reste de l'armée subit une désertion massive, dit-on de mêmes sources. Défections et désertions en masses L'armée et la police dans la ville d'Adjabia, située dans l'est de la Libye, ont annoncé vendredi à la chaîne Al Djazira leur ralliement à l'insurrection contre Mouammar Kadhafi. Les forces de sécurité ont déserté leurs casernes, a annoncé le capitaine de police Hafiz Abdoul-Rahim en direct à Al Djazira. "Nous policiers annonçons que nous avons totalement rejoint le peuple dans la révolution pacifique du 17 février", a-t-il dit. "Nous annonçons que nous sacrifierons nos vies pour cette région et mettrons toutes nos capacités au service d'une Libye libre." Le colonel de l'armée Chouaïb Ibrahim al Akouki a déclaré que l'armée avait également rejoint l'opposition. Adjabia est située à 200 km environ au sud de Benghazi, dans le golfe de Syrte. Les combats ont fait jusqu'à 2.000 morts depuis le début de la révolte il y a neuf jours, selon l'ambassadeur français pour les droits de l'homme, et la communauté internationale tente de s'accorder sur les moyens à mettre en oeuvre pour interrompre ce bain de sang. Accentuation de la pression internationale Le président américain, Barack Obama, s'est entretenu jeudi soir avec les dirigeants français, britannique et italien. Le Conseil de sécurité, qui se réunit à 20h00 GMT, étudiera un projet de résolution franco-britannique réclamant un embargo total sur les armes, des sanctions et une saisine de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité. Aucun vote n'est cependant attendu durant cette réunion, selon des diplomates occidentaux qui espèrent un vote la semaine prochaine. Selon le ministre allemand des Actions étrangères, Guido Westerwelle, Berlin prépare déjà ses propres sanctions, à savoir une interdiction de voyager et un gel des avoirs de Kadhafi et ses proches mais pas de sanctions économiques. L'Otan se réunit également dans l'après-midi à Bruxelles et son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, rencontrera au préalable les ministres de la Défense de l'Union européenne. La priorité doit être donnée aux évacuations de civils et à une éventuelle assistance humanitaire, a-t-il dit. Les Etats-Unis ont déclaré jeudi qu'ils réfléchissaient à la mise en place d'une zone de non-survol aérien de la Libye, et n'ont pas exclu une action militaire en réponse à la crise. La perspective d'une action coordonnée contre Kadhafi, qui dirige le pays de six millions d'habitants depuis plus de 41 ans, semble lointaine.