La Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) n'exclut pas une intervention militaire en Côte d'Ivoire pour déloger Laurent Gbagbo du pouvoir, mais nombre de diplomates à l'ONU s'interrogent sur la crédibilité de cette menace. La Cédéao a plusieurs fois brandi la menace d'une action militaire pour faire partir M. Gbagbo si tous les efforts diplomatiques s'avèrent vains. Elle l'a répété le 4 janvier. "L'option militaire est toujours sur la table", a déclaré à Abuja James Victor Gbeho, président de Cédéao. "Les voisins africains de la Côte d'Ivoire sont très fermes" sur ce sujet, souligne un diplomate selon qui les plus résolus sont d'abord le Nigéria, suivi par le Sénégal, le Burkina Faso et dans une moindre mesure par le Niger et le Togo. "Ces pays sont prêts à une action militaire", souligne ce diplomate. "Il y a une certaine mobilisation, car si Gbagbo arrive à se maintenir au pouvoir, cela enverrait un très mauvais message au reste de l'Afrique et ailleurs dans le monde. Mais certains pays de la Cédéao comme le Ghana ne sont pas prêts à envoyer des troupes. Il reste donc des points d'interrogation", souligne un autre diplomate. Au Conseil de sécurité de l'ONU, il y aurait probablement une réticence à autoriser une opération militaire de la part de pays comme la Russie et la Chine, et peut-être le Brésil et l'Afrique du Sud. Mais si la demande d'intervention émane d'Alassane Ouattara, président élu et reconnu par la communauté internationale, il n'y aurait pas besoin de feu vert du Conseil de sécurité, fait valoir un diplomate. Pour mener une opération avec toutes les chances de parvenir à ses fins, la Cédéao devrait aligner quelque 20.000 soldats alors qu'elle ne pourrait en disposer que de 3.500 environ, souligne un autre diplomate. "Personnellement je pense qu'une telle aventure est improbable. Il y a un manque de moyens à la Cédéao", estime John Campbell, chercheur au Council on Foreign Relations, expert de l'ONU dans ce centre de réflexion basé à New York. "Dans le passé, de telles opérations se sont montrées très longues et coûteuses et je soupçonne M. Gbagbo de penser lui aussi que cela n'est pas faisable", a-t-il ajouté. "Il n'y a pas de précédent dans ce domaine pour la Cédéao", souligne Robert Herman, expert à Freedom House, un centre de réflexion basé à Washington. "Ils n'ont pas la puissance de feu. Mon avis est que non, ils n'ont pas les moyens", dit-il. Mais les chefs militaires de Cédéao ont finalisé leurs plans visant à renverser par la force le président sortant ivoirien M. Gbagbo si les discussions pour qu'il cède le pouvoir échouent, avait annoncé l'armée nigériane le 31 décembre. "Les chefs d'état-major se sont rencontrés pour mettre la machine en marche. Si tous les moyens de persuasion politique échouent (...) la Cédéao prendra par la force le pouvoir à Laurent Gbagbo et le donnera à Alassane Ouattara", a indiqué à Abuja le porte-parole de l'armée nigériane, le colonel Mohamed Yerimah. Une réunion de suivi pour affiner les questions de logistique est prévue au Mali les 17 et 18 janvier, selon le colonel. Une autre question que se posent les diplomates à l'ONU est celle de savoir si M. Gbagbo a encore les moyens financiers de payer son armée. Si la réponse est non, il se retrouverait grandement fragilisé. Vendredi, M. Ouattara, a appelé au recours à la force pour faire partir M. Gbagbo du pouvoir.