La deuxième mission de médiation africaine n'a pas permis d'avancer pour sortir de la crise. Statu quo, opération militaire ouest-africaine, affrontements ivoiriens entre les deux camps : tour d'horizon des scénarios. Les quatre médiateurs africains chargés de trouver une issue à la crise ont quitté Abidjan lundi bredouilles. Raila Odinga, le Premier ministre kényan, et les trois présidents mandatés par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), Boni Yayi (Bénin), Pedro Pires (Cap-Vert) et Ernest Koroma (Sierra Leone), ont rencontré à deux reprises le président sortant, Laurent Gbagbo, ainsi que son adversaire, Alassane Ouattara, reconnu comme le président de la Côte d'Ivoire par la communauté internationale. En vain. Les déclarations ont été nombreuses, mais concrètement, aucune solution diplomatique de sortie de crise ne pointe à l'horizon après cette énième tentative de médiation. Si la communauté internationale s'accorde sur la nécessité de faire partir Laurent Gbagbo du pouvoir, elle a en revanche bien du mal à être unanime sur les moyens à mettre en œuvre. Pour faire fléchir le président sortant, la communauté internationale a lancé plusieurs appels, les chefs d'Etat se succédant les uns aux autres dans leurs déclarations appuyant Ouattara, et l'Union européenne est même allée jusqu'à voter des sanctions contre Gbagbo et son entourage. Mais clairement, les vœux et les pressions pour son départ n'ont guère eu d'effet sur celui-ci. Depuis le second tour de la présidentielle du 28 novembre, c'est une forme de statu quo périlleux qui règne en Côte d'Ivoire, toujours doté de deux présidents rivaux, deux Premiers ministres et deux gouvernements. Quelques affrontements ont eu lieu entre les deux camps, faisant selon l'ONU près de 200 morts, mais les missions de médiation et les ultimatums lancés par les institutions internationales ont tenté de tempérer les violences. L'ONU craint en effet que la crise ne bascule vers la guerre civile, si la voie diplomatique s'épuise. Lorsque la mission de médiation avait été annoncée la semaine dernière, l'injonction du leader des jeunes patriotes, Charles Blé Goudé, de «libérer à mains nues» le quartier général d'Alassane Ouattara était restée lettre morte. Pour l'instant, la pression internationale permet donc de maintenir un semblant de paix, mais celle-ci ne pourra pas s'éterniser, vu les vives tensions qui agitent les deux camps. Les hommes de l'Onuci sont en position sur le long de la route qui mène à l'hôtel de Ouattara, et le bâtiment est fermement gardé par des soldats armés de fusils mitrailleurs, abrités derrière des sacs de sable. Une image qui illustre le climat ambiant. Le président nigérian Goodluck Jonathan, à la tête de la Cédéao, a évoqué la menace d'une opération militaire si Laurent Gbagbo refusait de quitter le pouvoir après la dernière mission de médiation. Ouattara appuie cette éventualité, jugeant que ces «rounds de médiation» doivent se terminer. Selon Alcide Djédjé, le ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo, l'option militaire est en réalité exclue par les pays membres de la Cédéao. Mais la voie militaire ne fait pas l'unanimité sur le continent africain, comme l'a montré la prise de position de la République Démocratique du Congo, qui s'est fermement opposée à l'intervention. La balle est donc à présent dans le camp de la Cédéao qui doit se prononcer sur l'envoi d'une force d'interposition en Côte d'Ivoire. Le président nigérian Goodluck Jonathan, à la tête de la Cédéao, a évoqué la menace d'une opération militaire si Laurent Gbagbo refusait de quitter le pouvoir.