Le Conseil de gouvernement a adopté lors de sa réunion, présidée jeudi par le Premier ministre, M. Abbas El Fassi, un projet de décret portant suspension, pour la période allant du 16 septembre au 31 décembre 2010, de la perception du droit d'importation applicable au blé tendre. Cette mesure a été prise dans un souci d'assurer un approvisionnement régulier du marché intérieur et devra s'appliquer au blé tendre relevant des positions tarifaires 0101.90.90.10 et 0101.90.90.90. Les cours mondiaux des céréales, notamment, le blé tendre connaissent depuis juillet dernier une tendance haussière. Cette situation s'explique par la baisse de la production mondiale du blé dans certains pays d'Europe, notamment, la région de la Mer Noire en raison de la sécheresse qu'a connue cette contrée. Par ailleurs, la décision des autorités russes d'interdire l'exportation du blé pour assurer l'approvisionnement de son marché local s'est traduite par un renchérissement des prix de cette denrée. Au plan local, la situation du marché intérieur du blé tendre se caractérise par une baisse de 11,6 pc de la production de la campagne 2009-2010 par rapport à celle de 2008-2009. De même, les quantités collectées de cette matière connaissent une régression de 15 pc par rapport à l'année précédente. Au plan tarifaire, le blé tendre acquitte, depuis le 1er juin 2010, un droit d'importation de 135 pc. Cette quotité a été instituée pour assurer une protection à la production nationale et garantir un prix rémunérateur à l'agriculteur. Or, le maintien de cette quotité se traduirait par des prix prohibitifs à l'importation compris dans une fourchette entre 402 et 415 Dh/Ql qui sont supérieurs au prix de revient moyen cible de 260 Dh/Ql. Dans une déclaration à la presse peu avant la tenue du Conseil de gouvernement, le ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, M. Aziz Akhannouch, a noté que l'actuel stock national de blé couvre une période de trois mois assurant que le gouvernement a prévu une panoplie de mesures pour garantir l'approvisionnement normal du marché local. C'est donc pour parer à d'éventuels effets d'une nouvelle crise mondiale des céréales qui se profile à l'horizon, que le gouvernement marocain a décidé la suspension du droit d'importation applicable au blé tendre, pour la période allant du 16 septembre au 31 décembre 2010. La démarche gouvernementale a été dictée par deux facteurs : la baisse de la production nationale en blé tendre et la tendance haussière des prix de cette matière sur le marché mondial, à cause de la réduction de près du quart de la récolte céréalière de la Russie, l'un des plus gros exportateurs de cette denrée. Cette mesure tant attendue par les professionnels marocains, notamment les importateurs, les minotiers et les propriétaires de boulangeries, devra contribuer à l'allégement du fardeau des différents opérateurs et mettre le citoyen à l'abri de la flambée des prix, surtout que les observateurs craignent la reproduction du scénario de 2007/2008 avec une crise alimentaire mondiale. Selon des estimations, le Maroc a besoin d'importer quelque 2,3 millions de tonnes de blé tendre. A cause d'un important taux de pluviométrie qui a détruit des dizaines de milliers d'hectares, la production, même si satisfaisante, a été moins bonne pendant la saison 2009-2010 que prévu. Les prévisions du gouvernement tablent sur un cru de 7,5 millions de tonnes, alors que la campagne 2009 a connu une récolte record avec 10,2 millions. La situation a été compliquée par les incendies et la sécheresse qui ont frappé cet été la Russie qui a décidé d'interdire l'exportation du blé pour assurer l'approvisionnement de son marché local, d'où un renchérissement des prix de cette denrée. Début août, la FAO avait exprimé de vives inquiétudes suite à la flambée des cours du blé sur les marchés mondiaux, parce que la sécurité alimentaire des pays pauvres pourrait être menacée. L'organisation mondiale se voulait, toutefois, rassurante en rappelant que les réserves restent élevées. "Après deux années consécutives de récoltes record, les stocks mondiaux ont été suffisamment reconstitués pour couvrir le déficit prévu de la production actuelle", avait souligné la FAO dans un communiqué. La FAO a revu à la baisse les prévisions de production mondiale de blé pour 2010. Elles sont passées à 651 millions de tonnes contre les 676 millions annoncés au mois de juin.