Le montage consiste à choisir les meilleurs plans et les meilleurs éléments du tournage, puis les assembler dans un ordre cohérent, dans le but d'aboutir à un film présentable au spectateur. Traditionnellement, pour un film tourné avec la pellicule photographique, le montage consiste, avec une table de montage, à couper, puis assembler la pellicule choisie à l'aide d'une presse et de la bande adhésive dans le but d'organiser la narration, sa structure et sa mise en forme. En vidéo numérique professionnel, les logiciels de montage par exemple, ceux d'Avid et Final Cul, remplacent la table de montage. L'origine de l'image tournée n'a pas d'importance, qu'elle soit photochimique ou tournée avec une caméra numérique, après une première étape d'acquisition. Le montage fait suite au tournage et précède, à la fois les opérations de finalisation du son ainsi que celles du laboratoire. On peut considérer le montage comme la troisième écriture, la première écriture étant le scénario et la deuxième le tournage. Selon Serguei Mikhalovitch Eisenstein, le montage est l'art d'exprimer ou de signifier par le rapport de deux plans juxtaposés de telle sorte que cette juxtaposition fasse naître l'idée ou exprime quelque chose qui n'est contenu dans aucun des deux plans pris séparément. L'ensemble est supérieur à la somme des parties. L'enjeu du montage est d'orchestrer les rapports entre les plans au-delà de leur simple juxtaposition afin de créer du rythme, du sens et donner une densité artistique. Il met en œuvre de multiples matériaux visuels et sonores que l'on organise en tenant compte du facteur temps. On distingue deux aspects du montage : - La conception de l'enchaînement des plans, activité intellectuelle et créative. - La concrétisation matérielle par manipulation de la pellicule ou des images numériques. Aussi le montage à trois fonctions : - Fonction syntaxique : qui assure la création de relations conjonctives qui concernent principalement la temporalité, la spatialité ou la causalité. L'élément essentiel de cette fonction est le raccord. - Fonction sémantique : qui découle du principe qui veut que tout effet de montage soit producteur de sens. - Fonction rythmique : le montage ne fait pas que produire du sens, il produit aussi des effets de rythme lié à la longueur des plans et une recherche esthétique liée à un travail d'opposition. Les premiers films font très peu, voire pas du tout, appel au montage. En effet, la plupart des œuvres des frères Lumière sont des plans – séquences. Les éventuels raccords sont rares et souvent maladroits. Il s'agit souvent juste d'une succession de tableaux. Afin de ne pas perdre le spectateur, les plans successifs se chevauchent sur le plan temporel. Georges Méliès invente pour ses films, qu'il voulait à la manière de tour de magie, une forme de montage directement opérée dans la caméra, sans collage après coup. Les premiers vrais signes de montage sont des raccords dans le mouvement, puis apparaissent les raccords linéaires de direction et le montage alterné qui atteint sa maturité avec David W. Griffith dans « Naissance d'une nation » (1915). Le champ – contre champ fait également son apparition, bien qu'il ne soit pas encore tout à fait maîtrisé. Ce sont les cinéastes russes qui apportent la plus grande contribution de la théorie du montage, notamment à travers Lev Koulechov. Dès 1920, celui-ci démontre la puissance évocatrice du montage à travers une expérience célèbre au cours de laquelle il utilise un vieil extrait de film mettant en scène l'acteur Ivan Mosjoukine. Cette expérience a un retentissement très important et aboutit à une nouvelle approche du cinéma où le rôle de l'acteur est démystifié au profit du montage. Serguei Eisenstein met en œuvre cette théorie et fait dépasser au cinéma le cadre du théâtre filmé.