L'ouverture du congrès «Témoignages de la réussite de la femme arabe en matière de justice» au siège de la Ligue arabe au Caire, par une magistrate marocaine constitue une reconnaissance de l'expérience pionnière du Maroc, premier pays arabe a avoir conféré à la femme des postes de responsabilité au sein du système judiciaire. En effet, l'Amicale de la femme arabe en Egypte, initiatrice de ce congrès (11/12 avril) a choisi Mme El Batoul Naciri, membre Conseiller et présidente de chambre à la Cour suprême, pour intervenir lors de la séance inaugurale et évoquer l'expérience de la femme marocaine dans le domaine de la justice. Mme Bouchra Alaoui, présidente de Chambre près la Cour d'Appel et professeur à l'Institut supérieur de la magistrature qui est intervenue également à l'ouverture de ce congrès a souligné que le Maroc, qui a ouvert la voie de la magistrature à la femme depuis 1961, comptait 643 magistrates en 2009, notant que plusieurs femmes occupent actuellement des postes importants dans le système judiciaire national. Au cours de leurs interventions, les deux magistrates marocaines ont donné un aperçu sur les réalisations accomplies par le Royaume en matière de justice, mettant en relief la nomination de la première juge chargée des Affaires des mineurs à Casablanca en 1979 et de la première femme Conseiller à la Cour suprême en 1978, ainsi que le fait que la première magistrate à accéder au grade exceptionnel était en 1995. En 1988, il a été procédé à la nomination de la première présidente de la chambre criminelle près la Cour suprême, du tribunal de commerce de Rabat, de la Cour d'appel de commerce de Fès et du Tribunal de première instance de Rabat, ont-elles rappelé. Autant d'acquis qui se sont renforcés à la longue avec notamment la nomination en 1999 et 2003 de deux juges marocaines au sein du Conseil constitutionnel, ainsi qu'avec la désignation d'une femme juge à la tête du Tribunal administratif de Casablanca (2003), ou encore procureurs du Roi près des Tribunaux de Commerce de Meknès (2001) et de Rabat (2002), et présidente du Tribunal de première instance de Casablanca et de la chambre de commerce au sein de la Cour suprême (2002), ont-elles fait savoir. Le domaine de la formation n'est pas du reste puisque la juge marocaine contribue depuis 1982 avec son expérience et son savoir en tant que professeur à l'Institut supérieur de la magistrature. Malgré ces «success stories», l'accès de la femme aux postes de responsabilités n'était pas une chose aisée en raison des «réticences et des doutes» de la société, qui se sont dissipés à travers le temps, a fait savoir Mme Naciri, qui relève que la femme magistrate avait fait preuve d'une abnégation, d'un sérieux et d'une grande compétence dans le traitement des dossiers aussi bien dans les villes que dans des régions lointaines. Elles ont souligné également que la femme marocaine a excellé aussi dans le domaine politique, et diplomatique et des droits de l'Homme. Dans ce sens, elles ont rappelé que deux femmes sont actuellement à la tête de deux importantes organisations de défense des droits humains, ainsi que l'adoption de plusieurs mesures visant l'émancipation de la femme à travers la promulgation du code de la famille et la signature d'un certain nombre de conventions internationales dans ce domaine. Les «success stories» de la femme marocaine dans le domaine judiciaire constituent une étape dans un long processus qui doit être renforcé et amélioré, a insisté la magistrate Bouchra Alaoui, relevant que la proportion des femmes ayant accédé aux postes de responsabilité dans ce domaine ne dépasse guère 2,5 pc.