Le 09 octobre 2009, lors du XIII congrès de CIO tenu à Copenhague, le rugby a été réintroduit dans la famille des sports olympiques. L'IRB avait eu mille fois raison de ne pas entretenir l'ambiguïté entre le XV et le VII et de militer uniquement en faveur du VII. Le Rugby à XV faisait partie des sports olympiques jusqu'à 1925 où il fut retiré après une sinistre finale disputée en 1924 à Colombes et remportée par les Etats-Unis face à la France. Pour l'anecdote, les Français pensaient prendre leur revanche face à ces mêmes Américains qui les avaient battus quatre ans plus tôt à Anvers. En 1920, les Américains étaient venus en Belgique avec une équipe de football américain à la suite d'une monumentale confusion entre football et soccer. Et au lieu de les renvoyer, les organisateurs de l'époque les inscrivirent au Rugby et malgré cela ils gagnèrent la France. Donc, la finale olympique de 1924 qui sonna le glas du Rugby olympique fut une parodie de rugby où tous les coups étaient permis et où on frôla l'émeute. Les quarante mille spectateurs furent révoltés par le comportement antisportif des Américains loin de l'esprit olympique prôné par Pierre de Coubertin. Aujourd'hui le Rugby fait son grand retour aux JO et force est de reconnaître que ce fut un véritable plébiscite. C'est à Rio en 2016 que la planète pourra admirer les joutes de ce sport qui a touché les cinq continents et qui se développe à la vitesse grand V. Cette situation est le fruit de la multiplication des tournois un peu partout de par le monde des tournois dans un premier temps beaucoup plus festif et où les rencontres étaient suivies par des interminables troisièmes mi-temps qui ont fait la légende du Rugby. Depuis le début de ce siècle et le passage au professionnalisme, la situation a changé puisque les joueurs ont l'obligation d'avoir une bonne hygiène de vie. L'engagement physique est de plus en plus fort aujourd'hui et la multiplication des rencontres font que les joueurs doivent s'astreindrent à tout dépassement. Soucieux de développer davantage ce sport spectaculaire les instances de l'IRB instituèrent un circuit mondial auquel prennent part les meilleures nations du monde de l'ovale. Ce circuit aura eu le mérite de mettre en évidence certaines petites nations qui vinrent bousculer la hiérarchie mondiale préétablie du Rugby à XV. La réputation du VII allait être faite dans un premier temps par les All Blacks et leur célèbre cri de guerre plus connu sous le nom de haka. Ce haka est pour beaucoup dans la légende du rugby néo-zélandais. Ensuite, ce furent ces magnifiques fidjiens, ces hommes venus de ces îles lointaines allaient enchanter par leur magie les amateurs de Rugby à VII avec des individualités extraordinaires telles que Manassa Barri ou Waisale Serevi. On assiste depuis quelques années maintenant à un phénomène que nous étions loin d'imaginer dans le Rugby à VII à savoir voir des petites nations rugbystiques prendre le meilleur sur les cadors. Le Kenya et la Tunisie font partie de ces petites nations que l'on craint et respecte beaucoup. Ce respect s'est acquis après un long travail où l'investissement et des fédérations et des joueurs fut total. Pour réussir, il faut planifier sur le long terme et avoir les moyens de ses ambitions. Si les Tunisiens ont une grande équipe de Rugby à sept ce n'est pas le fruit du hasard, c'est le résultat d'une politique fédérale emmenée par l'ancien président M. Fathi Hachicha qui favorise le sept aux dépens du quinze. Il envoya une équipe composée de vingt joueurs aux îles Fidji. Pendant un mois les joueurs se sont entraînés trois fois par jour et aujourd'hui ils sont aptes à défier les grandes nations du Rugby Seven. Le Maroc, fut l'une des premières nations africaines à s'investir dans le « sept » et récolta des résultats plus qu'encourageants mais malheureusement cette pratique n'a jamais été prioritaire. Chez nous, on a tout misé sur le « quinze » dans le secret espoir de voir un jour l'équipe nationale participer à la Coupe du Monde. Espoir déçu et même si la FRMR a enregistré avec joie le retour du Rugby dans la famille olympique, il n'en demeure pas moins que l'objectif serait de prendre part à une World Cup à XV. En attendant un programme de développement du Rugby à VII entrepris en vue les JO de 2016 à Rio. S'il est vrai que la FRMR s'est retroussée les manches en tablant sur l'avenir, il faudrait à notre humble avis, qu'elle ne se trompe pas d'objectif et qu'elle choisisse les personnes idoines pour ce grand chantier qui peut mener l'équipe du Maroc à Rio. Elle doit veiller à écarter les opportunistes qui depuis le congrès de Copenhague portent un intérêt accru au Rugby à VII alors qu'auparavant ils n'en avaient cure. Attention, ce genre d'énergumènes peut tout faire capoter. A bon entendeur, salut… Le plan de relance du Rugby à VII doit impérativement être mûrement réfléchi et faire la part belle à la formation des encadreurs et permettre d'élargir la base par la création de nouveaux clubs. La formation, vecteur essentiel de développement et de réussite, doit être la clé de voûte et doit être dispensée par des entraîneurs hautement qualifiés. Le mode de formation tel qu'il est dispensé depuis cinquante ans où plus est caduc, on ne peut se permettre de former des éducateurs en un ou deux stages de deux jours par an. Il ne faut pas confondre formation et initiation. Le fait de vouloir élargir la base est en soi une très bonne chose, et forcément l'élargissement de la base appelle à la création de nouveaux clubs. A cet effet, il serait judicieux de donner un statut particulier aux nouveaux clubs de Rugby à VII. Un statut qui leur permettrait d'intégrer le giron fédéral et participer ainsi à toutes les compétitions de Rugby à VII organisées par l'instance fédérale. Ce même statut les confinerait uniquement à cette tâche et au cas où un club désirerait monter une équipe à XV, il le devra au règlement actuel qui répond au respect d'un cahier de charges. Dans ce cas et uniquement dans ce cas. Pas besoin d'imposer des conditions drastiques d'adhésion, c'est par la souplesse des procédures que l'on pourra atteindre l'objectif à savoir élargir la base. Cette suggestion trouve sa justification dans la réforme que nous soumettons ci-après et qui est à même de donner une base pérenne à la pratique de ce sport dans notre pays. Tout d'abord , il faudrait que les instances fédérales signent une convention de partenariat avec le ministère de l'Education Nationale comme ce qui a été fait avec le ministère de l'Enseignement Supérieur. Ce partenariat permettra à la FRMR de pénétrer le monde scolaire et, de ce fait, avoir une certaine main mise sur le développement du Rugby scolaire. Elle peut, par exemple, veiller à l'organisation d'un championnat scolaire dans chaque grande ville du Maroc. Cette tâche sera dévolue à un CTD (Conseiller Technique Départemental), qui aura comme souci majeur d'organiser les compétitions civiles et scolaires dans chaque ville en étroite collaboration avec le CTR (Conseiller Technique Régional) de sa région et coordonnera avec celui-ci la mise en place et le respect des objectifs définis par la commission technique nationale. Cette nouvelle structure appellera inéluctablement une réorganisation de la commission technique qui sera plus étoffée puisque son champ d'action sera plus grand. Outre l'organisation des compétitions, elle aura en charge le grand chantier de la formation des éducateurs qu'elle puisera chez les professeurs d'éducation physique qu'elle intéressera. Une fois que cette structure sera mise en place et Dieu sait que ce sera laborieux, il va falloir passer au deuxième stade qui consiste à la création d'une compétition identique à celle des scolaires mais qui concernerait les équipes de quartiers. Sachant que les frais de gestion d'une équipe de Rugby à « VII » sont très nettement inférieurs à ceux du « quinze », le projet serait de créer dans chaque quartier une équipe de Rugby à VII et dans cette optique il pourra s'appuyer sur les professeurs d'éducation physique. La FRMR prendrait en charge les frais de constitution d'une équipe et aussi fournir un équipement pour ces nouvelles équipes. Imaginons ensemble, un championnat des quartiers de Casablanca ou de Rabat auquel prendrait part une vingtaine d'équipes. Des villes comme Safi, Oujda, Marrakech, Agadir, Meknès, Fès, Rabat, Casablanca, Tanger, El Jadida, et autres seraient des laboratoires en quelques sortes et permettraient si cette option est retenue de tirer le Rugby vers le haut et pousserait les pouvoirs publics et surtout le ministère de tutelle à reconsidérer ce sport qui végète depuis des décennies par la faute entre autre du manque flagrant de terrains adaptés à la pratique de ce sport. Depuis l'indépendance, plus de dix terrains de Rugby ont été perdus. Aujourd'hui, même l'OCK n'a pas de terrain de Rugby et les joueurs s'entraînent sur une parcelle de terrain que les responsables de l'OCP ont eu la « gentillesse » de leur donner et qui représente, malheureusement, pour les dizaines d'enfants un réel danger, puisqu'au milieu de cette parcelle de terrain il y a des bouches d'arrosage. Dans ce cas précis, ce n'est pas une question de moyens mais de volonté. C'est l'année ou jamais, 2010 doit être l'année de la relance du Rugby au Maroc et l'on ne remerciera jamais assez le Comité International Olympique d'avoir réadmis ce sport dans sa grande famille.