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Conseil régional de l'Istiqlal à Casablanca
M. Abbas El Fassi : L'Istiqlal précurseur pour l'adoption de la décentralisation dans ses statuts et son action
Publié dans L'opinion le 24 - 03 - 2010

Les régions doivent être dotées de réelles prérogatives et des moyens pour les mettre en application
• La dégradation des droits de l'Homme concerne l'Algérie et les camps de Tindouf
• Notre choix stratégique, c'est la Koutla démocratique
Le Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal, M. Abbas El Fassi, a présidé samedi dernier le congrès régional du parti à Casablanca en présence d'une importante délégation du Comité exécutif. A cette occasion il a prononcé une allocution dont voici la traduction de larges extraits.
Après avoir chaleureusement remercié M. Abdelwahed El Fassi, coordinateur du parti pour la région du Grand Casablanca pour l'immense travail et les efforts louables qu'il déploie en cette qualité et dit sa fierté de se retrouver dans cette cité combattante, haut lieu de la lutte syndicale et politique dont les habitants ont consenti de lourds sacrifices pour l'indépendance et la stabilité du pays, en particulier à la suite du soulèvement qui a suivi l'assassinat du leader syndical tunisien Farhat Hachad. Soulèvement qui a grandement contribué à unifier le combat du Maghreb face au colonialisme. Après avoir salué l'Union générale des travailleurs du Maroc (Ugtm) à l'occasion du 50è anniversaire de sa création, qui tombait ce jour, pour sa fidélité aux principes et idéaux du syndicalisme authentique et rendu un hommage appuyé aux dirigeants historiques de cette centrale, à leur tête M. Abderrazak Afilal, le Secrétaire Général du parti a relevé que le PI a été précurseur en matière de décentralisation au niveau de ses structures, de son action et de ses statuts et le premier parti politique national à adopter la régionalisation lors de son congrès de 1981, une méthodologie de travail qui repose, depuis, sur l'adéquation de l'organisation du parti et celle administrative du pays. Il est évident donc que ce congrès régional de Casablanca se penchera sur l'examen de la situation politique, économique et sociale générale du pays mais aussi sur celle propre à cette région, et ainsi demander des comptes aux responsables régionaux.
La régionalisation,
un chantier prometteur
Ce congrès coïncide avec le débat général mené actuellement au sujet de la régionalisation élargie ou avancée et il convient de souligner que la création par SM le Roi d'une commission royale consultative chargée d'élaborer un projet typiquement marocain de régionalisation est une initiative hautement importante en ce qu'elle participe des innombrables grands chantiers initiés par Sa Majesté, lesquels tendent tous à accélérer la cadence du progrès démocratique, tandis que l'invitation à une réflexion collective à ce sujet prouve (simplement) que la méthodologie participative est désormais une tradition bien ancrée et indissociable de l'ère nouvelle.
Nous pensons, nous istiqlaliens, que ce chantier de réforme du système régional requiert une attention particulière, sinon exceptionnelle de la part de tous, car la régionalisation en vigueur à ce jour a clairement montré ses limites, les conseils régionaux en place n'ayant pratiquement aucune prérogative ni pouvoir et sont incapables de répondre aux exigences du développement régional véritable. Aussi, je vous engage à approfondir la réflexion au sujet de toutes ces questions liées à ce chantier prometteur.
Nous appelons à cette occasion à ce que la région ait de réelles compétences à travers la délégation de plus grandes prérogatives du Centre vers la région de manière à doter celle-ci d'authentiques et plus grands moyens d'action. La réflexion doit aussi porter sur les conditions à même de garantir la création de pôles économiques viables et forts, ainsi que sur l'adéquation entre ce qui existe déjà et ce qui devrait être car il est difficile de passer directement d'un système où la région n'a aucun pouvoir à un autre où elle serait surchargée de compétences et prérogatives. Il est impératif donc de réfléchir au nécessaire équilibre et, ainsi que SM le Roi le veut, à examiner au préalable les moindres détails, tels ceux relatifs au nombre de régions, le mode de scrutin y afférent et l'élection de son président, le cadre réglementaire et institutionnel, les rapports de la région avec l'autorité de tutelle, les ressources financières, etc. Le Parti de l'Istiqlal a, certes, fait part à la commission consultative d'une première ébauche de sa vision du projet mais j'insiste, à ce sujet, sur le fait que si la question exige que l'on fasse vite, il ne faut pas pour autant que l'on se précipite trop.
Intégrité territoriale,
le droit est du côté du Maroc
La question de notre intégrité territoriale traverse une phase très délicate et sans m'attarder sur son long cheminement, avec ses hauts et ses bas, je voudrais rappeler que l'appel lancé par le leader Allal El Fassi en 1956 demeure une référence et une illustration de sa vision prémonitoire. De même que la Marche verte imaginée par feu SM Hassan II fut un tournant décisif qui a scellé le destin de cette partie particulièrement chère de notre pays, car c'est par cette marche que les marocains ont pu déjouer le complot espagnol visant à mettre en place une entité fantoche et fait échec aux machinations de l'Algérie qui partageait les mêmes basses visées attentatoires à notre intégrité territoriale. Les marocains enregistrent et saluent aujourd'hui cette attitude héroïque des populations de ces provinces dont 80 % sont attachés à l'unité nationale.Grâce à Dieu Qui a préservé l'unité, la stabilité et la quiétude de ce peuple, grâce à la volonté de l'unificateur de la nation, feu SM Mohammed V, et à la détermination du regretté SM Hassan II à sauvegarder et à protéger cette unité, grâce à la mobilisation générale réalisée par SM Mohammed VI en vue de faire face à tous les défis et dangers, grâce aussi à la maturité et aux sacrifices du peuple marocain qui a su braver les difficultés, cette nation est restée unie et forte.
Le Maroc s'est ménagé
une alternative
Beaucoup de choses ont changé à présent et le droit et l'équité ont penché pour notre pays et notre peuple. En effet, l'Algérie avançait qu'elle allait régler la question du prétendu peuple sahraoui dans un délai ne dépassant pas deux années pensant que la conjoncture internationale et régionale l'aiderait à réaliser cette chimère, car le régime de parti unique et militaire d'Alger trouvait quelque écho dans divers pays du tiers-monde alors gouvernés par le même système et mobilisait une grande partie de ses revenus pétroliers pour l'achat des consciences dans les pays pauvres, et voilà que 35 ans se sont écoulés pendant lesquels le Maroc a accumulé les victoires et les acquis tandis que l'Algérie n'a récolté que défaites et déceptions. Et si le Maroc s'est retiré de l'OUA en raison de la violation flagrante de la charte de cette organisation, il n'en a pas moins tenu à demeurer présent, et de forte manière, sur le continent africain puisque nous sommes membres de l'Organisation des Etats du Sahel et du Sahara qui regroupe 27 pays et où l'Algérie ne figure pas. Le Maroc abrite en outre le siège de l'Organisation des Etats d'Afrique de l'Ouest qui mène d'importantes actions en matière de lutte contre le terrorisme, l'émigration clandestine et le trafic de drogue ainsi que dans le domaine de la coopération en matière de pêche maritime, de formation professionnelle. Il est du reste membre de l'organisation des Etats francophones, qui a désormais des préoccupations davantage politiques que purement culturelles, sans oublier la coopération bilatérale multiforme qui lie notre pays à nombre d'Etats du continent. Tous ces efforts ont connu un grand développement sous le règne de SM Mohammed VI et ont permis au Maroc de se ménager un cadre et un espace d'action alternatifs, plus larges et efficients.
Sur le plan international, le discours au sujet de l'indépendance et de l'autodétermination s'est mué en un discours axé sur une solution négociée et acceptable par toutes les parties alors que le Conseil de sécurité de l'ONU ne désigne plus les seuls Maroc et le Polisario, mais également l'Algérie comme directement partie à ce conflit artificiel, et qualifie, dans ses rapports et résolutions, les efforts du Maroc de crédibles. Les grandes puissances qui ont leur mot à dire ont également salué l'initiative marocaine en faveur d'une autonomie (du Sahara) dans le cadre de la souveraineté marocaine et, tout dernièrement, 54 membres du Sénat américain représentant la majorité et appartenant aux deux partis démocrate et républicain ont adressé un mémorandum à la Secrétaire d'Etat de ce pays lui demandant de soutenir ouvertement le projet d'autonomie proposé par le Maroc. Le Parti de l'Istiqlal enregistre également avec fierté la réaffirmation par SM le Roi, lors de la récente audience accordée à l'envoyé spécial du Secrétaire Général de l'ONU, le refus total et irrémédiable du Maroc du référendum. Autant de changements et d'évolutions positives autour de la question nationale qui témoignent de l'efficience et de l'efficacité qui caractérisent désormais la diplomatie marocaine.
La carte biaisée
des droits de l'Homme
Ces évolutions et ces acquis ont grandement gêné et limité la marge de manœuvre de l'Algérie et du Polisario, les obligeant à déplacer le débat sur la question des droits de l'Homme dans nos provinces du Sud. Ce à quoi nous répondons que les droits de l'Homme se portent bien et ont accumulé des avancées notoires sous le règne de SM Mohammed VI et s'il y a lieu de parler de dégradation de ces droits c'est en Algérie et dans les camps de séquestration de Tindouf que les droits les plus élémentaires sont bafoués et violés, alors que dans nos provinces méridionales les habitants mènent une vie normale, votent, s'activent au sein de la société civile, militent au sein des partis nationaux, y compris ceux de l'opposition, et manifestent sous diverses formes tout comme leurs concitoyens des autres régions du pays.
Aussi, puis-je affirmer que le dossier de notre intégrité territoriale est désormais des plus solides au plan international et que nous allons gagner cette bataille derrière SM Mohammed VI. Nous réaffirmons notre fierté envers l'ensemble de nos concitoyens dans ces provinces et envers les membres des FAR, sous la conduite de leur Chef suprême, de la sûreté nationale, de la gendarmerie et des forces auxiliaires qui mettent leurs vies en péril pour la défense de notre unité et notre intégrité et élevons des prières pour le repos de l'âme de ceux d'entre eux qui sont décédés.
L'état du champ politique
Remercions Allah pour l'unité et la cohésion de notre parti que nous avons et que nous devons encore préserver jalousement, ce d'autant qu'il est toujours la cible des adversaires. Le parti a su et pu préserver cette unité parce qu'il admet l'avis contraire et la pensée différente en son sein et que la minorité s'y plie à l'opinion de la majorité, mais aussi parce que le parti est géré de manière transparente et que les militants sont tenus au courant de tout.
Vous avez remarqué que depuis l'investiture du gouvernement en 2007, l'on ne parle que des élections de 2012, ce qui est pour le moins étonnant. Mieux encore, il en est qui sont même allés jusqu'à dessiner la carte de ce que pourrait être le champ politique national en 2012, ce que nous considérons comme prématuré. Le programme gouvernemental tel qu'adopté par le parlement n'étant qu'à mi-chemin, notre priorité absolue pour le moment est de trouver le moyen d'améliorer la situation des citoyens, d'accélérer la cadence des grands chantiers, confiants en cela en notre peuple, en sa sagesse et sa perspicacité et forts de ce que nous avons accumulé en matière de démocratie. Nous insistons sur le fait que nos positions et nos principes demeurent inchangés, à savoir que l'Istiqlal reste membre de la Koutla démocratique dont les composantes sont indépendantes et décident souverainement. En cas de perte de la majorité, nous nouerons d'autres alliances, principalement avec les partis avec lesquels nous avons gouverné depuis plus de dix ans, tout en respectant les autres composantes de l'opposition.
Bilan positif
Il importe d'évoquer ici certaines questions ayant fait l'objet d'un grand intérêt ces temps derniers. En particulier, le bilan du dialogue social à propos duquel on parle beaucoup et dont on dit qu'il a été annoncé de manière unilatérale par le gouvernement. L'on sait que ce dialogue a débuté en 2008 et s'est poursuivi, depuis, sous forme de sessions régulières avec les syndicats les plus représentatifs. Cela ne nous dérange nullement que les centrales continuent à réclamer davantage et à formuler plus de revendications, car c'est leur rôle, mais il importe que l'opinion publique sache ce qui s'est passé en réalité : Le gouvernement a en effet accédé à nombre de revendications depuis 2008, dont l'augmentation du salaire minimum et celle des allocations familiales qui ont été étendues, pour la première fois, aux travailleurs agricoles, l'augmentation du quota de la promotion interne pour les fonctionnaires, le relèvement du seuil de la part salariale soumise à l'impôt sur le revenu et la suppression de 4 points de cet impôt au profit de certaines catégories…, Ce qui représente une enveloppe de 16 MMD. Le dialogue s'est poursuivi en 2009 et j'ai tenu à assister personnellement à chacune de ses sessions. Diverses autres revendications ont été satisfaites, parmi lesquelles la suppression des basses échelles de 1 à 4, l'augmentation de trois points du quota de la promotion interne, celle des indemnités des accidents du travail de 20%, l'octroi d'une prime de 700 Dh nets à ceux qui travaillent dans les zones éloignées, sachant que l'éloignement n'est pas apprécié sur la distance par rapport à Rabat, mais par rapport au manque d'infrastructures de base et de commodités. De même qu'il été procédé à l'élargissement de l'assiette des soins, la CNSS ne remboursant plus les frais des seules maladies chroniques mais également ceux de certaines autres pathologies. A rappeler aussi que les syndicats avaient élaboré un rapport de l'ordre du jour des sessions recommandant l'inclusion de l'augmentation des salaires lors du round d'avril prochain, mais ont refusé de le signer et émis des réserves à ce sujet. Le gouvernement s'est vu alors obligé de publier un communiqué informant l'opinion publique de la satisfaction de toutes les revendications et de l'accord des syndicats. Quoi qu'il en soit, le gouvernement est déterminé à poursuivre le dialogue avec les centrales, le dialogue étant le meilleur moyen de communiquer et de s'entendre.
Pour ce qui est du bilan de l'action gouvernementale, je tiens à saluer le travail de tous les ministres qui traitent des dossiers énormes et utiles selon une stratégie sectorielle savamment conçue comme en témoigne la façon avec laquelle nous avons fait face à la crise économique et financière internationale dont les retombées sur l'économie nationale ont été très réduites. Le taux de croissance s'étant maintenu à 5,6 % Alors qu'en Algérie il n'a pas dépassé 2% malgré la manne pétrolière. Le taux de chômage ne cesse de reculer passant de 10,1 % en 2007 à 9,4 l'année suivant puis à 9,1 en 2009. Le taux de pauvreté qui se situait quant à lui à 15 % est tombé à 9 % tandis que le niveau de l'investissement public de l'ordre de 89 MMD en 2007 est passé à 160 MM en 2010.
Le pays est, d'autre part, devenu un vaste chantier depuis l'intronisation de SM Mohammed VI, comprenant la viabilisation des centres urbains, la construction de ports maritimes et aériens, de routes et d'autoroutes, l'édification de barrages, la pose de nouvelles lignes de chemin de fer, l'électrification, la protection de l'environnement, la promotion de l'agriculture et de l'artisanat, la généralisation de l'assurance maladie obligatoire…Il a de même été décidé, pour la première fois, que l'accouchement sera gratuit dans les hôpitaux et que certains médicaments, tels ceux prescrits aux diabétiques seront distribués gracieusement. De plus, 3 millions de marocains ont pu bénéficier des programmes de l'INDH lancée par SM Mohammed VI et j'en passe. Le gouvernement a, en outre, initié et mis en œuvre divers organismes et institutions tels l'Instance nationale de lutte contre la corruption, le Conseil de la concurrence, et promulgué des lois importantes du genre de celles relatives à la déclaration du patrimoine, au Coneil économique et social ou au code de la circulation routière.
Le sommet de Grenade
Il sied de souligner ici l'intérêt et la satisfaction du monde extérieur à l'égard de ce que le Maroc accumule en termes de progrès et de développement sous la conduite de SM le Roi, comme en attestent le Sommet de Grenade qui a réuni les représentants de 27 pays de l'UE et le Maroc, nonobstant les tentatives de l'Algérie de le perturber, et le statut avancé accordé à notre pays, seul Etat arabe et Sud-méditerranéen à en bénéficier. Sommet qui a été l'occasion pour l'UE de prendre acte des percées décisives et des options du Maroc en matière de droits de l'Homme, de promotion de la femme, de démocratie, de moralisation de la vie publique, de bonne gouvernance, de chantiers extrêmement porteurs, de réforme de la justice, de régionalisation élargie, de lutte contre le blanchiment d'argent, toutes des options qu'il a prises pour y croire fermement et en étant déterminé à les mener à terme.
Triomphe des causes justes
Le Maroc a triomphé chaque fois qu'il a défendu une cause juste et s'est mobilisé derrière SM le Roi. Il a ainsi remporté la bataille de l'indépendance parce qu'il est resté attaché à ses constantes, dont l'Islam du juste milieu, et banni, comme il continue à le faire, toutes les formes d'extrémisme. D'ailleurs, la devise du Maroc « Dieu, la Patrie et le Roi » résume parfaitement ces constantes et ces valeurs que l'Istiqlal a tôt fait siennes et auxquelles il a cru dès sa naissance en optant pour la Monarchie constitutionnelle, garante de l'unité nationale, et en ayant foi en la patrie, non seulement dans sa dimension géographique, mais également dans sa dimension humaine, laquelle exige que nous oeuvrions à améliorer le niveau de vie des citoyens et à préserver leur dignité ainsi qu'à réaliser davantage d'acquis et à favoriser le rayonnement de notre pays à l'échelle tant régionale qu'internationale. Aujourd'hui, nous entamons donc, derrière SM Mohammed VI, la phase de la consolidation de la démocratie et devons ne ménager aucun effort pour contribuer à la réalisation de ce gigantesque chantier.


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