Accusée d'expropriations abusives et de pressions sur des habitants, la mairie de Rabat a réagi lors d'une rencontre avec la presse. La maire, Fatiha El Moudni, a rejeté les accusations et dénoncé des "fake news" motivées par des calculs politiques, en particulier concernant le quartier Sania Al Gharbia. Ce 14 mars, le Conseil communal de Rabat est enfin sorti de son silence pour répondre aux accusations d'expropriations illégales et de pressions exercées sur des habitants de certains quartiers de la ville. Depuis plusieurs mois, les pelleteuses s'activent à un rythme effréné pour raser des quartiers entiers de la capitale, parmi lesquels Douar El Hajja et Douar Al-Askar, jugés insalubres et évacués en quelques semaines par leurs habitants, avant de laisser place à de nouveaux projets urbains ou immobiliers aux contours encore flous.
Tout cela s'inscrit dans le cadre du nouveau plan d'aménagement de Rabat, un projet décennal ambitieux visant à redessiner la capitale pour en faire un pôle urbain et touristique de premier plan. Toutefois, ce plan implique le déplacement de centaines d'habitants et des expropriations, parfois perçus avec incompréhension, voire avec colère, par les concernés.
L'affaire a pris un nouveau tournant le 10 mars, lors d'une conférence de presse organisée à l'initiative de la Fédération de la Gauche Démocratique (FGD) — seul groupe à s'être opposé à l'adoption du plan d'aménagement. Des résidents du quartier de Sania Gharbia, qu'ils soient propriétaires ou locataires, y ont dénoncé des méthodes d'évacuation jugées autoritaires et illégales, allant jusqu'à brandir la menace de poursuites auprès des instances internationales.
L'affaire Sania Al Gharbia
C'est pour dissiper les incompréhensions et rejeter les "fake news" relevant de "calculs politiques" que la maire de Rabat, Fatiha El Moudni, a convié la presse à une rencontre au siège du conseil communal, situé à proximité du chantier du stade Moulay Hassan, un symbole de la métamorphose urbaine en cours. Cette fois, ce sont des citoyens satisfaits de l'accord conclu avec les autorités et du montant proposé — entre 10.000 et 13.000 dirhams le m2 — qui se sont succédé au micro devant une cinquantaine de journalistes locaux présents.
Mais le cœur de la discussion restait le quartier Sania Al Gharbia, une zone qui ne figure pas dans le plan d'aménagement de la ville et dont certains habitants accusent les autorités de chercher à les expulser pour céder le terrain à un promoteur émirati en vue d'un projet résidentiel. "Nous ne sommes pas concernés par ce qui se passe là-bas. Ce sont des négociations directes entre les propriétaires et le promoteur. Cela n'a rien à voir avec les expropriations menées ailleurs, comme pour l'agrandissement du boulevard Mohammed VI, par exemple," a martelé Fatiha El Moudni.
La maire a tenu à rappeler que le plan d'aménagement a suivi scrupuleusement toutes les procédures, à commencer par la consultation publique, ouverte à tous les citoyens pendant 30 jours à partir du 24 mai 2024. Cette période leur a permis de contester ou de soumettre des requêtes, afin qu'elles puissent être examinées. Même rigueur pour les expropriations, qui, selon elle, ont concerné tous les quartiers et toutes les catégories sociales, notamment à Hassan, Yacoub Al-Mansour et le boulevard Mohammed VI. Fatiha El Moudni a enfin regretté que le débat sur l'avenir de la capitale "ait atteint un niveau très bas" et a mis en garde contre la propagation de "fake news qui n'ont aucun lien avec la réalité", affirmant que ces attaques s'inscrivent, selon elle, dans des calculs politiques de bas étage, destinés à semer la confusion et à discréditer l'action municipale.