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L'homme à l'œuvre constamment d'actualité
Lancement des manifestations commémorant le centenaire de la naissance du leader Allal El Fassi
Publié dans L'opinion le 12 - 02 - 2010

A l'occasion du centenaire de la naissance du leader Allal El Fassi, la Fondation Allal El Fassi organise, à partir d'aujourd'hui 13 février 2010, une série de conférences tout au long de 2010.
Supervisées par la commission culturelle de la fondation que préside M. Abdelkrim Ghallab, ces rencontres jetteront la lumière sur les évolutions politiques, intellectuelles et sociales qu'a connues le Maroc durant le siècle écoulé en hommage aux élites qui ont jeté les bases du Mouvement national, et ce, en vue de mettre en relief l'apport des précurseurs et en témoignage de fidélité à la contribution originale d'Allal El Fassi qui a marqué la vie nationale lors de la lutte contre le colonialisme et dont l'influence créatrice est toujours présente dans la pensée marocaine.
Le coup d'envoi de ces manifestations est donné aujourd'hui, samedi 13 février 2010, au siège de la fondation, selon un programme axé sur la genèse et l'évolution de la pensée politique au Maroc durant un siècle (voir programme en encadré). La séance d'ouverture sera marquée par l'allocution du Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal, M. Abbas El Fassi.
L'homme de tous les combats
La commémoration du centenaire du leader Allal El Fassi est ainsi placée sous le signe «Les évolutions politiques, intellectuelles et sociales au Maroc en un siècle (1910-2010).
Des évolutions où le Zaïm fut, pendant plus de cinq décennies, réellement et pratiquement de tous les combats. L'exceptionnalité du personnage tire justement son essence de son militantisme sincère, évolutif et pragmatique pour asseoir une société démocratique, unitaire et engagée sur la voie du développement.
Son activisme patriotique, ses luttes résolues, sa pensée orientatrice, sa vision prospective, ses positions engagées, sa tolérance exemplaire et son attachement à l'évolution et au progrès sans se départir des valeurs fondatrices de la Nation marocaine, font d'ailleurs de lui la personnalité politique marocaine la plus marquante du 20ème siècle.
Théologien méritant et politicien engagé, il était aussi homme de lettres, poète et leader national et panarabe. Par ses qualités exceptionnelles, Allal El Fassi était l'exemple type de l'éducateur, de l'enseignant, du réformateur, du guide moral, du penseur politique, de l'ami sincère, du compagnon dévoué et du père affectueux. Rares sont les personnalités de l'Histoire contemporaine qui ont pu marquer par leur pensée des générations successives. Rares sont celles aussi dont l'oeuvre et les dogmes demeurent constamment d'actualité. Un legs ne continue de vivre dans l'esprit des peuples que s'ils y trouvent un lien avec leurs préoccupations présentes. Autrement, il est versé aux archives après la disparition de son auteur.
Manifestement en avance sur son époque, il était animé d'une vision prospective et d'une réflexion moderne que l'on qualifierait de progressiste sans risque de faire fausse route.
N'a-t-il pas préconisé, il y a de cela plusieurs décennies, l'interdiction pure et simple de la polygamie ? Le Alem qu'il était ne manquait pas d'arguments. «La principale caractéristique de l'Islam, disait-il, est son aptitude permanente à l'évolution progressiste».
Implacable dans son engagement contre le colonisateur, il fut qualifié par ce dernier «d'âme du nationalisme marocain».
Intransigeant quant à l'unité nationale et à l'intégrité territoriale, il en fit son cheval de bataille pour présérver au pays sa véritable indépendance. Ne s'était-il pas opposé aux négociations d'Aix-Les-Bains qui livrèrent aux Marocains une indépendance boiteuse ? Le Maroc se trouvant à l'époque en position de force, l'indépendance pour le leader du mouvement national devait englober l'ensemble des territoires nationaux sous occupation étrangère. S'il avait été suivi dans son raisonnement, on ne serait pas aujourd'hui encore otages de l'affaire dite du Sahara. Une affaire dont il allait faire par la suite SA grande cause. Certains voyaient dans son combat pour la récupération de Sakia Al Hamra et Oued Eddahab un «égarement dans les sables et une poursuite vaine des mirages du désert». Qu'à cela ne tienne, dans cette lutte contre le colonialisme et contre les défaitistes de l'intérieur du pays, il assumait le risque d'être seul et solitaire dans cette course de fond et de longue haleine, sans jamais démordre ni faillir à sa mission.
La démocratie, éthique et doctrine
devant se refléter sur le comportement
L'essentiel de la force d'Allal El Fassi dans la défense de l'unité territoriale n'était pas tant son sentiment juste d'être dans son droit, mais surtout dans la lucidité de l'analyse qu'il faisait de l'indépendance incomplète du Maroc. L'indépendance totale devait constituer le prélude à l'édification du pays et à sa démocratisation. Pour ce faire, au-delà des mécanismes et des institutions qui revêtent le caractère de la démocratie, Allal El Fassi en faisait une matière d'éducation. La démocratie pour lui est «une éthique et une doctrine dont les manifestations doivent se refléter sur le comportement». Ce n'est qu'à cette condition que l'on pourrait prétendre à une société égalitaire réfléchissant socialement et solidairement, favorisant la pensée en fonction du devoir, faisant du choix des idées le déterminant de la marche vers le progrès et la libération mentale conformément aux nécessités des temps modernes et, surtout, barrant la route aux doctrines nihilistes et aux idées malfaisantes.
Ses écrits et ouvrages révèlent la perspicacité de sa vision, la richesse de sa pensée et la force de sa personnalité. Ils constituent aujourd'hui, comme ils l'ont fait par le passé, un guide pour une évolution sereine et porteuse.
Son ouvrage phare «L'autocritique», entres autres oeuvres, est particulièrement révélateur de la pensée de ce grand éducateur et réformateur. Ses écrits en disent long sur la vision moderne et moderniste de cet 'homme hors pair qui prônait tout simplement une citoyenneté pleinement assumée, fondée sur une implication consciente et réfléchie dans les affaires publiques, pour costituer, in fine, la plus haute autorité morale dans une société démocratique.
Leader incontestable par le passé, Allal El Fassi demeure pour le présent une référence incontournable qui ne manquera pas de se projeter encore dans le futur.


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