L'exposition « Double Effet » des artistes Catherine Renaud-Baret et Abdellatif Mehdi se tient actuellement à la Galerie Delacroix de Tanger. Elle s'y déroule jusqu'au 25 mars, offrant une immersion dans l'univers artistique singulier de deux créateurs et où le public est invité à un dialogue captivant mêlant deux mondes contrastés opposant lumière et ombre, réel et imaginaire. Catherine Renaud-Baret s'illustre par des œuvres poétiques et introspectives. Ses peintures explorent les âmes croisées ou imaginées, évoquant des mondes parallèles où le tangible et l'au-delà se fondent harmonieusement. Son parcours, marqué par des voyages entre le Maroc et la France, se reflète dans ses créations. Formée aux Beaux-Arts de Varsovie et de Marseille, elle a exposé dans divers pays, enrichissant sa vision artistique d'une sensibilité unique à l'altérité et à l'éphémère. S'exprimant à cette occasion, l'artiste est revenue sur les nombreux voyages qu'elle a effectué au cours de sa vie d'artiste, au Maroc, en Pologne ou au Cameroun, mettant en avant le lien profond et fusionnel qu'elle entretient avec le royaume et particulièrement la ville de Tanger. Elle a également mis en lumière l'importance particulière de cette exposition, elle-même profondément enracinée dans l'histoire personnelle de l'artiste, née au Maroc, ajoutant que ses œuvres, empreintes de souvenirs d'enfance et nourries par les paysages et les atmosphères du pays, traduisent un hommage vibrant à cette terre qui a accompagné ses premiers pas dans le monde de l'art. Râleur muet De son côté, Abdellatif Mehdi, artiste tangérois, puise dans l'inconscient à travers une peinture expressionniste puissante. Inspirée par Edward Munch, son œuvre plonge dans des thématiques universelles comme la peur, le désir ou la libération. Abdellatif Mehdi, adepte d'un au-delà terrestre, s'engage à faire remuer le refroidi, à faire parler l'absent à jamais. Il le peint criant et décomposé, le figure en râleur muet. La déferlante de ses personnages prend à la gorge, laisse coi, pousse plus à la réflexion qu'au questionnement. Que pense le mort de sa propre mort ? Se renvoie-t-il à sa vie pour mieux définir le néant qui nourrit son inconsistance ? Non, le mort est vivant, tellement vivant qu'il hante notre existence. Mehdi le prouve, le conjugue et l'implore. Il s'évertue à le faire agir, à l'imposer comme preuve ténue d'une vie à sans cesse reconsidérer. Une gymnastique émotionnelle se dégage par cases d'un travail concentré sur des témoins massifs, ceux qui n'ont pas vocation à rebrousser chemin. Puisque la mort est sans appel, perpétuelle. « Double Effet » dépasse le cadre traditionnel d'une exposition de peinture, en incitant à une introspection profonde et en proposant une réflexion sur les dualités de l'existence, entre rêve et réalité, beauté et douleur. Cette rencontre artistique illustre le pouvoir de l'art à tisser des ponts entre les mondes et les sensibilités, malgré leurs contradictions, offrant une expérience unique.