La Russie s'oppose à un éventuel déploiement de contingent européen en Ukraine en cas de paix avec Moscou, a déclaré son chef de la diplomatie, au moment où les Européens et les Américains réfléchissent à l'après-conflit. "Nous ne sommes certainement pas satisfaits des propositions formulées au nom des représentants de l'équipe du président élu (américain Donald Trump, ndlr) visant à reporter de 20 ans l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan, ainsi qu'à introduire un contingent de maintien de la paix composé de +forces britanniques et européennes+ en Ukraine", a indiqué M. Lavrov à l'agence d'Etat Tass. Depuis plusieurs semaines, les spéculations vont bon train sur d'éventuels futurs pourparlers de paix, après près de trois ans d'un conflit qui a fait des centaines de milliers de morts et de blessés. Parmi les idées explorées par les chancelleries européennes et Washington, celle du déploiement d'un contingent militaire européen en Ukraine, le long de la ligne de front qui s'étend sur quelque 1.000 km. Cette hypothèse, évoquée entre les dirigeants français Emmanuel Macron et polonais Donald Tusk à Varsovie, mi-décembre, pourrait impliquer les armées de pays membres de l'Otan, ou encore détenteurs de l'arme nucléaire, comme la France et le Royaume-Uni. "Il est évidemment prématuré de parler (...) de soldats de maintien de la paix", avait de son côté relevé le 16 décembre le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Les Européens craignent un désengagement des Etats-Unis dans le conflit en Ukraine, voire des pressions de Washington pour un accord au détriment de Kiev, avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier prochain.
Moscou exige une reddition de l'Ukraine Le président américain élu a appelé à un "cessez-le-feu immédiat", jurant pouvoir obtenir un accord de paix "en vingt-quatre heures", sans jamais détailler son plan. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit de son côté vouloir davantage de livraisons d'armes et des garanties de sécurité de la part de ses alliés occidentaux avant toute négociation avec Moscou. Vladimir Poutine, lui, exige toujours la reddition de l'Ukraine, son renoncement à l'adhésion à l'Otan et que la Russie garde les territoires ukrainiens qu'elle a annexés. Par ailleurs, et sur un autre volet, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a annoncé, dimanche, que Moscou entendait renoncer à son moratoire unilatéral sur le déploiement de missiles de portée intermédiaire et de courte portée, en réponse aux mesures prises par les Etats-Unis. «Il est évident aujourd'hui que, par exemple, notre moratoire sur le déploiement de missiles de portée intermédiaire et de courte portée n'est déjà pratiquement plus viable et qu'il devra être abandonné», a déclaré Sergueï Lavrov à l'agence de presse nationale RIA, faisant référence au traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI). Sergueï Lavrov a déclaré que le moratoire était toujours en vigueur, mais il a accusé les Etats-Unis de faire fi, avec «arrogance», des mises en garde de la Russie et de la Chine et de poursuivre le déploiement de ces armes dans diverses régions du monde. Il a également cité les déclarations du président russe Vladimir Poutine à ce sujet, affirmant que Moscou répondrait proportionnellement à ces actions. Abordant les questions de contrôle des armements entre la Russie et les Etats-Unis, il a déclaré que Moscou ne s'engagera pas dans des négociations avec Washington sur ce sujet tant que les Etats-Unis n'abandonneront pas leur «orientation anti-russe».