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Rapprochement Maroc - Iran : Faut-il faire confiance aux Mollahs ? [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 02 - 12 - 2024

Ces dernières semaines, plusieurs sources diplomatiques et médiatiques ont fait état d'un rapprochement imminent entre Rabat et Téhéran. Alors que les sujets de dispute entre les deux pays sont multiples et profonds, arriveront-ils à aplanir leurs différends et refonder un nouveau cadre de coopération ?
Six ans après la rupture de leurs relations diplomatiques, le Maroc et l'Iran sont-ils prêts à tourner la page ? Si, pour l'heure, aucune déclaration officielle n'a émané ni de Rabat ni de Téhéran, plusieurs médias rapportent des rencontres secrètes entre des officiels des deux pays, ainsi que des négociations menées en coulisses.
Selon ces mêmes sources, ces tractations se dérouleraient sous l'égide de l'Arabie Saoudite, qui, après un affrontement indirect au Yémen, a renoué le dialogue avec l'Iran en 2023 grâce à la médiation de la Chine. Riyad pourrait peser de tout son poids pour convaincre son allié marocain, ainsi que l'ensemble du monde arabe, dont elle est le leader incontesté, de normaliser leurs relations avec leur ancien adversaire.
Pour l'Iran, avec l'élection de Donald Trump à la Maison-Blanche, une véritable course contre la montre s'est engagée pour garantir, au minimum, des relations apaisées avec le monde arabe. Fidèle à la doctrine de la "pression maximale" sur Téhéran, le président républicain a promis d'isoler le pays sur les plans économique et diplomatique.

Les conditions de la réconciliation
Sans confirmer ni démentir ces rumeurs, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ismail Baqaei, a tenu à rappeler lors d'une conférence de presse le 19 novembre dernier que "l'Histoire de nos relations avec le Maroc est claire. L'Iran n'a jamais pris l'initiative de rompre les liens". Cette déclaration a été rapportée par le média iranien Entekhab.
"Conformément à la politique que nous avons menée auparavant et que nous poursuivons dans le 14ème gouvernement, nous accueillerons toujours favorablement l'amélioration des relations avec les pays sur la base des principes de sagesse, d'honneur et d'opportunité, dans le cadre des intérêts du pays et en tenant compte des intérêts de la région et du monde islamique", a poursuivi le responsable iranien.
D'après des sources diplomatiques citées par le média russe Sputnik Arabic, le Royaume aurait posé trois conditions à une normalisation des relations avec Téhéran. La première exige la cessation de tout soutien au Front Polisario, sous quelque forme que ce soit. Rabat rejette également toute ingérence ou manœuvre iranienne dans la région du Sahel, qu'il considère comme sa profondeur stratégique.
Le Maroc a par ailleurs insisté sur le fait que sa sécurité religieuse et spirituelle constitue une question de sécurité nationale, relevant directement de l'institution de la Commanderie des Croyants, placée sous l'autorité de Sa Majesté le Roi. En conséquence, toute tentative de prosélytisme chiite au sein de la société marocaine est perçue comme une ligne rouge par les autorités.

Armer le Polisario
Pour l'heure, rien n'indique que Téhéran accepterait ces conditions. Du côté marocain, les griefs envers l'Iran se sont multipliés ces dernières années, notamment concernant le soutien militaire aux séparatistes du Polisario. Encore récemment, une vidéo diffusée par cette milice a montré une roquette identifiée par des experts comme étant le modèle Arash Standard, développé par l'Iran.
Téhéran aurait également fourni des équipements plus sophistiqués, notamment des drones. En 2022, lorsque les séparatistes ont affirmé posséder ce type d'aéronefs, le représentant permanent du Maroc auprès des Nations Unies, Omar Hilale, y a immédiatement vu une preuve supplémentaire de "l'infiltration de l'Iran et du Hezbollah à Tindouf et en Afrique du Nord".
Pour Rabat, tous ces éléments n'ont fait que conforter sa décision, prise en 2018, de rompre ses relations diplomatiques avec Téhéran, accusé de chercher à déstabiliser le Maroc à travers le Polisario. Cette démarche s'inscrit dans la stratégie d'hégémonie du régime chiite, qui s'appuie sur un réseau tentaculaire de proxys actives dans plusieurs pays (Liban, Irak, Syrie, Yémen) pour étendre son emprise sur le monde musulman.
"Le Sahara revêt une importance géostratégique pour l'Iran, étant situé aux portes de l'Europe du Sud, du Sahel et de l'océan Atlantique. Etablir une présence solide en Afrique du Nord, grâce à une alliance avec le Front Polisario, permettrait à Téhéran de renforcer son contrôle sur des routes maritimes stratégiques, menaçant les flux internationaux d'énergie et de commerce dans l'Atlantique et le détroit de Gibraltar, qu'il pourrait utiliser comme levier dans ses négociations avec l'Occident", analyse Sarah Zaaimi, senior fellow auprès du think-tank américain Atlantic Council.

Ennemis géopolitiques
Comme dans le cas des Houthis au Yémen ou du Hachd al-Chaabi en Irak, l'Iran a toujours nié tout lien avec le Polisario. Cela ne l'a pourtant pas empêché de s'opposer publiquement à l'intégrité territoriale du Royaume, notamment en octobre de cette année lors d'une réunion de la 4ème Commission des Nations Unies. À cette occasion, la représentante de l'Iran, Zahra Ershadi, a attaqué frontalement le Maroc, l'accusant, entre autres, de "piller les ressources naturelles du Sahara".
Au sein des instances internationales, les deux pays croisent le fer sur plusieurs autres dossiers. Le Maroc se positionne notamment comme un ardent défenseur de la souveraineté des Emirats Arabes Unis sur les îles de Grande Tunb, Petite Tunb et Abu Musa, situées dans le golfe Persique et annexées par Téhéran après le départ des Britanniques en 1971.

L'énigme algérienne
Si un rapprochement entre le Maroc et l'Iran devait avoir lieu, la question qui reste en suspens concerne la réaction d'Alger, tant les relations entre ce dernier et le régime chiite sont historiques et profondes. Ces liens remontent à la révolution iranienne de 1979, que l'Algérie avait saluée et soutenue, tandis que feu Sa Majesté Hassan II l'avait fermement condamnée.
En 1980, en réaction à la décision du Souverain d'accorder l'asile au Shah Mohammad Reza Pahlavi, alors en exil, l'Iran reconnaît la pseudo-RASD, ce qui pousse le Royaume à rompre ses relations diplomatiques avec le nouveau pouvoir en place.
Durant la guerre Iran-Irak (1980-1988), le Maroc, comme la grande majorité des pays arabes, a soutenu Saddam Hussein, tandis que l'Algérie s'était alignée sur son allié iranien. Les relations entre le Maroc et l'Iran ne sont rétablies qu'en 1991.
Les rapports se réchauffent en 2001, à l'occasion d'une visite du Premier ministre Abderrahmane Youssoufi à Téhéran, avant d'être de nouveau suspendues en 2009 en raison du prosélytisme chiite au sein du Royaume. Elles seront rétablies en 2014, puis à nouveau interrompues quatre ans plus tard.

3 questions à Sarah Zaaimi : "Trump et son entourage proche sont pleinement informés des liens croissants entre l'Iran et le Front Polisario"
* L'arrivée de Trump à la Maison-Blanche pourrait-elle freiner les ambitions hégémoniques de Téhéran, notamment en Afrique du Nord ?

- Trump et son entourage proche sont pleinement informés des liens croissants et des communications entre l'Iran, ses alliés et le Front Polisario, sous la tutelle du régime algérien. La nouvelle Administration appliquera sans aucun doute une pression maximale sur l'Iran, en asséchant ses sources de revenus pour limiter son influence régionale. Les Etats-Unis sont parfaitement conscients de la précarité de la situation au Sahel et au Sahara, amplifiée par la présence renforcée des mercenaires russes du groupe Wagner dans le Sahel et les ambitions iraniennes dans le Sahara. Face à ces menaces, les Etats-Unis et leurs alliés devront consolider leurs relations avec le Maroc, un allié transatlantique fiable et de longue date. Ils devront également orienter davantage d'investissements directs vers la nouvelle Initiative Atlantique marocaine pour contrer les ambitions expansionnistes et stabiliser la région.

* La confrontation entre Israël et l'Iran ces derniers mois a-t-elle poussé Téhéran à cibler directement les pays ayant normalisé leurs relations avec Tel-Aviv ?

- Le régime iranien est davantage pragmatique qu'idéologique, malgré une propagande publique principalement destinée à la consommation populaire. Celle-ci vise à mobiliser émotionnellement les Arabes et les musulmans du monde entier tout en véhiculant une image trompeuse de pays comme le Maroc, les Emirats Arabes Unis et Bahreïn. Ces nations, pourtant, n'ont jamais cessé de défendre les droits des Palestiniens et la solution à deux Etats, contrairement aux fausses dichotomies que l'Iran cherche à imposer. Ce que les responsables marocains et d'autres acteurs n'ont pas encore réussi à formuler clairement, c'est que la normalisation des relations avec Israël n'a jamais été en opposition avec la cause palestinienne. Elle vise plutôt à construire une alliance solide pour contrer l'influence malveillante de l'Iran au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, qui représente une menace sérieuse pour la sécurité nationale.

* Pensez-vous qu'il y a une fenêtre d'opportunité pour un rapprochement Maroc-Iran ?
- Si les informations sur ce rapprochement s'avèrent fondées, cela représenterait une excellente opportunité pour Rabat de suivre l'exemple de Riyad en tournant la page de ses différends avec Téhéran et en établissant de nouvelles relations basées sur le respect mutuel. Le Maroc a toujours adopté une approche non-conflictuelle et pacifique dans ses relations bilatérales, tant que les autres parties ne portent pas atteinte à sa souveraineté territoriale.
Histoire : Khomeini l'hérétique
En janvier 1979, alors que la révolution iranienne force le shah Mohammad Reza Pahlavi à quitter son pays, ce dernier cherche désespérément un refuge. Abandonné par la plupart de ses alliés occidentaux, il trouve un soutien auprès de feu Hassan II.
Le 22 janvier 1979, le shah arrive à Marrakech, où il séjourne jusqu'au 30 mars de la même année. Le nouvel Iran dirigé par l'ayatollah Khomeini voit cet accueil comme un affront. Pour apaiser les tensions, Hassan II nomme Abdelhadi Tazi ambassadeur à Téhéran en avril 1979, affirmant que l'hospitalité marocaine envers le shah était dénuée d'intentions politiques.
Néanmoins, les relations se détériorent rapidement. En février 1980, l'Iran reconnaît la pseudo-RASD, poussant le Maroc à rompre ses relations diplomatiques. En 1982, les tensions atteignent leur paroxysme lorsque Hassan II, s'appuyant sur une fatwa des oulémas marocains, déclare Khomeini "hérétique". Cet épisode marque durablement les relations conflictuelles entre Rabat et Téhéran.
Opération "Tempête décisive" : Affrontement indirect au Yémen
Le Maroc et l'Iran se sont indirectement affrontés au Yémen, où une milice soutenue par Téhéran, les Houthis, avait pris le pouvoir, menaçant directement l'Arabie Saoudite. En rivalité géopolitique avec le royaume saoudien, l'Iran a soutenu militairement l'insurrection de la communauté zaïdite chiite des Houthis. Ce soutien s'est matérialisé par la fourniture de renseignements, des formations militaires, un appui logistique et, surtout, des armes de pointe, notamment des drones et des missiles balistiques.
Face à cette menace, l'Arabie Saoudite a constitué une coalition arabe comprenant, entre autres, les Emirats Arabes Unis, l'Egypte et le Maroc. En mars 2015, cette coalition a lancé l'opération "Tempête décisive" pour rétablir le gouvernement yéménite reconnu internationalement.
L'opération a impliqué des frappes aériennes massives contre des positions des Houthis et des offensives terrestres menées par les forces locales pro-gouvernementales. Elle visait également à contrer l'approvisionnement en armes des Houthis par l'Iran via des blocus maritimes et aériens.
Le Maroc a activement participé à cette coalition en déployant six avions de chasse F-16. En mai 2015, un avion F-16 marocain a été perdu après avoir été touché par des batteries anti-aériennes des rebelles Houthis. Le corps du pilote marocain, le lieutenant Yassine Bahti, a été rapatrié et inhumé au Maroc. En 2019, le Maroc a décidé de se retirer de la coalition, alors que les relations diplomatiques entre Rabat et Riyad s'étaient sensiblement détériorées.


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