Entre 2021 et 2023, environ 548.000 tonnes de déchets ont été importées au Maroc, principalement en provenance d'Europe. Ces opérations ont suscité l'indignation de plusieurs associations de protection de l'environnement, qui ont dénoncé leur impact écologique, allant jusqu'à accuser le ministère du Développement durable d'écocide et de vouloir transformer le pays en décharge pour l'Europe. Des accusations rejetées par la ministre Leila Benali, qui a rappelé, ce lundi 14 octobre au Parlement, que les autorisations d'importation de ces déchets sont soumises à une procédure administrative minutieuse et stricte. Celle-ci exige la présentation obligatoire des documents d'analyses physiques et chimiques, ainsi que des fiches techniques des déchets importés et de leur provenance. Selon la ministre, ces déchets sont importés par des acteurs privés dans le but d'être utilisés soit comme matière première, soit comme combustible. Par exemple, les déchets plastiques, ferreux et les pneus en caoutchouc servent à la fabrication de canalisations pour l'assainissement liquide, l'irrigation au goutte-à-goutte, des boîtes en plastique, ou encore à réduire la facture énergétique des industriels. Dès lors, il s'agit d'une relation gagnant-gagnant qui s'inscrit dans le cadre du commerce international de valorisation des déchets. L'importation de ces déchets ne constitue donc ni un affront, ni un signe de mépris envers le Maroc. Au-delà de cette polémique, c'est la question du recyclage et de la valorisation des déchets au Maroc qui émerge. En l'absence d'un écosystème de collecte, de tri et de valorisation des déchets urbains et industriels, nous serons dans l'obligation d'importer des déchets déjà traités à l'étranger pour satisfaire nos besoins locaux. Rappelons à ce propos que l'un des points noirs du dossier marocain pour l'organisation de la Coupe du Monde 2030 est l'absence d'une stratégie claire et d'une organisation spécifique pour l'économie circulaire, tant au niveau territorial qu'au niveau global. Voir un jour une industrie du recyclage et de la valorisation des déchets émerger pourrait transformer le Maroc en une plateforme d'import/ export créatrice d'emplois.