L'importation des déchets non dangereux par le Maroc, encadrée par des réglementations strictes et des conventions internationales, suscite des réactions contrastées. Le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable, dirigé par Leila Benali, clarifie les enjeux et rappelle les avantages écologiques et économiques liés à cette démarche. La gestion des déchets et leur valorisation sont des défis majeurs à l'ère de la transition écologique. Pourtant, l'importation récente de plus de 2,7 millions de tonnes de déchets non dangereux en provenance de six pays européens a suscité une vive polémique au Maroc, ravivant les inquiétudes quant à la possible transformation du Royaume en une « poubelle de l'Europe ». Face à ces accusations, Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, a tenu à réagir et à apporter des éclaircissements sur une question qui dépasse la simple gestion des déchets et touche aux fondements mêmes de l'économie circulaire. Les associations écologistes marocaines et divers Collectifs ont exprimé leur indignation face aux chiffres alarmants : 1,5 million de tonnes de déchets importés du Royaume-Uni, près de 971.000 tonnes de France, 100.000 tonnes de Norvège, 60.000 tonnes de Suède, et des volumes plus modestes d'Espagne et d'Italie. Cette inquiétude, légitime pour certains, repose sur la crainte que le Maroc devienne un dépotoir pour les déchets européens, un scénario jugé inacceptable par les acteurs environnementaux du Royaume. Une importation encadrée et régulée Cependant, la réalité est bien plus complexe. Dans un communiqué officiel, le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable a rappelé que l'importation de ces déchets est strictement encadrée par la Convention de Bâle, ratifiée par le Maroc, et régulée par une série de textes législatifs, notamment la loi n°28-00 sur la gestion des déchets et leur élimination. Ces réglementations visent à garantir que les déchets importés ne présentent aucun danger et puissent être recyclés ou valorisés de manière responsable. Le ministère a ainsi réfuté les « données erronées » diffusées par certains médias et sur les réseaux sociaux, soulignant que ces importations s'inscrivent dans une dynamique mondiale où le recyclage et la réutilisation des déchets sont devenus des leviers essentiels pour construire des économies plus durables. Le Maroc, loin d'être un « dépotoir », participe activement à cette démarche internationale de valorisation des déchets, favorisant ainsi le développement d'une économie verte et circulaire. Le commerce international des déchets, un enjeu économique et environnemental Loin des simples accusations, le commerce international des déchets non dangereux est aujourd'hui un secteur hautement concurrentiel, dominé par des entreprises spécialisées dans la valorisation des matériaux. Ces entreprises voient dans les déchets non dangereux une ressource précieuse à transformer, contribuant à réduire l'empreinte écologique et à stimuler la création d'emplois verts. Le Maroc, en tant que pays en développement engagé dans des réformes environnementales ambitieuses, tire profit de ce commerce pour répondre à ses propres objectifs en matière de transition énergétique et de développement durable. Le ministère a également souligné que ces opérations d'importation, loin d'être une menace, participent à l'essor de l'industrie du recyclage au Maroc, en ligne avec les principes de l'économie circulaire. Loin d'être une passivité écologique, cette stratégie s'avère être un pas supplémentaire vers une meilleure gestion des ressources et une optimisation des processus de transformation des déchets.
Un levier économique et environnemental en pleine expansion Depuis 2016, le Maroc se positionne comme un acteur dynamique dans le domaine de la valorisation des déchets. Ce marché international, en pleine croissance, permet au pays d'importer des déchets plastiques, ferreux et des pneus en caoutchouc déchirés pour les recycler et les transformer en matières premières essentielles pour divers secteurs industriels et énergétiques. Le ministère de la Transition énergétique, dirigé par Leila Benali, met en avant ces initiatives comme des atouts stratégiques pour renforcer l'économie circulaire du pays. La production de canalisations pour l'assainissement, de boîtes en plastique et d'équipements d'irrigation au goutte-à-goutte figurent parmi les exemples concrets de cette valorisation. Au fil des années, le nombre d'autorisations accordées aux entreprises marocaines pour l'importation de déchets non dangereux a atteint 416, confirmant l'engagement du pays dans cette démarche, souligne le département de Benali. Le gouvernement privilégie l'importation depuis des pays européens disposant de systèmes de tri et de traitement de haute qualité, garantissant ainsi que ces déchets n'ont pas d'impact nuisible sur l'environnement ou la santé publique. Ce contrôle rigoureux place le Maroc parmi les pays importateurs de déchets non dangereux les plus prudents, avec un volume d'importation limité par rapport à d'autres économies similaires. Un cadre réglementaire rigide pour une démarche sûre L'importation de déchets non dangereux est strictement encadrée par une procédure administrative rigoureuse. Chaque demande doit inclure des analyses physiques et chimiques détaillées, des fiches techniques et des informations précises sur l'origine des déchets. L'approbation des ministères concernés est obligatoire avant toute délivrance d'autorisation. La vérification de la nécessité industrielle ou de la faisabilité économique de ces importations est également cruciale pour s'assurer que ces déchets répondent aux besoins spécifiques des secteurs nationaux. Le recyclage et l'exploitation de ces déchets nécessitent l'utilisation de technologies de pointe, notamment pour maîtriser les émissions de gaz résultant des procédés de combustion. Cette approche garantit non seulement la qualité de l'air mais aussi la préservation de la santé publique, des éléments clés de la stratégie nationale de développement durable, explique la tutelle. Un impact économique et social significatif Au-delà des avantages environnementaux, l'importation et la valorisation des déchets non dangereux ont un impact économique direct. Elles participent à la création d'une nouvelle dynamique économique axée sur l'économie verte et circulaire. Ce secteur en pleine expansion est un levier de croissance important, contribuant à l'amélioration de la balance commerciale et à la création d'emplois. À ce jour, « plus de 9.500 emplois, directs et indirects, ont été créés dans les industries sidérurgiques. Ce chiffre devrait atteindre les 60.000 d'ici 2030, avec l'élargissement des chaînes de valorisation à 13 secteurs économiques ». L'utilisation de pneus recyclés permet également une réduction des coûts énergétiques en diminuant les besoins en combustibles fossiles. « Chaque tonne de pneus valorisés économise plus de 20 dollars de devises nécessaires à l'importation de carburants fossiles, contribuant ainsi à une réduction notable des émissions de gaz à effet de serre et à l'amélioration de la qualité de l'air ». En parallèle, plus de 300 emplois, directs et indirects, ont été créés dans le secteur des cimenteries, où ces déchets sont utilisés pour valorisation énergétique, renforçant ainsi la transition vers une économie plus durable et respectueuse de l'environnement.