"Non à la transformation du Maroc en décharge des déchets des pays européens", c'est ainsi que les acteurs associatifs d'écoloman (écolo plateforme du Maroc du nord) ont réagi suite aux récentes déclarations de Leila Benali, ministre de la transition énergétique et du développement durable, concernant l'importation des déchets. Selon elle, le Maroc a importé 548.000 tonnes de déchets provenant des zones d'accélération industrielle, conformément au décret n° 2.17.587 qui régit les conditions et modalités d'importation, d'exportation et de transit des déchets. Bien que conformes aux décrets, ces données » surprenantes » n'ont pas échappé à l'attention des écologistes soucieux de l'avenir environnemental du pays. Dans un communiqué, les associations de la société civile concernées par les questions environnementales expriment leur indignation. Ces défenseurs de l'environnement "ont été surpris par la décision de Leila Benali d'autoriser l'importation de plus de deux millions et demi de tonnes de pneus en caoutchouc et de déchets ménagers en provenance des pays européens". "Cette décision va à l'encontre de l'esprit de citoyenneté et de sa mission de préserver ce qu'il reste de la dignité environnementale des citoyens marocains, qui ont un besoin urgent de systèmes d'information, de technologies industrielles, agricoles, médicales et économiques contribuant à une réelle prospérité, facilitant la vie des citoyens et améliorant leur niveau de vie, plutôt que d'importer les déchets et résidus de l'Europe qui épuisent, polluent et détruisent le système écologique marocain", fulminent-ils. Leila Benali a précisé que 970.896 tonnes seront importées de France, 20.000 tonnes d'Italie, 30.054 tonnes d'Espagne, 1,5 million de tonnes du Royaume-Uni, 60.000 tonnes de Suède et 100.000 tonnes de Norvège. Indignés contre cette situation, les militants d'ECOLOMAN considèrent que "cette décision est en contradiction avec la Constitution marocaine, qui garantit le droit des citoyens à vivre dans un environnement sain, ainsi qu'avec les lois et stratégies adoptées par le Maroc pour préserver l'environnement et promouvoir un modèle de développement durable et une transition énergétique juste". En ce sens, ils rappellent que le Maroc a adopté une série de lois, de décrets d'application et de stratégies pour préserver l'environnement et promouvoir le développement durable, telles que, la loi n° 12-99 constituant la Charte nationale de l'environnement et du développement durable, la loi n° 03-11 relative à la protection et à la réhabilitation de l'environnement, la loi n° 03-12 relative aux études d'impact sur l'environnement, la loi n° 03-13 relative à la lutte contre la pollution de l'air, la loi n° 00-28 relative à la gestion des déchets et à leur élimination, ainsi la stratégie énergétique visant à encourager les énergies renouvelables et propres pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et atténuer les impacts du changement climatique. Surpris par un tel paradoxe, Mohammed Benata, expert en environnement et coordinateur du Collectif Écologique du Nord du Maroc, admet que "malgré ce cadre législatif pour atteindre les objectifs fixés en matière de préservation de l'environnement et de développement durable, garantissant la santé des citoyens et l'amélioration de leur cadre de vie, Leila Benali, a décidé d'autoriser l'importation de plus de deux millions et demi de tonnes de déchets ménagers et de pneus en caoutchouc en provenance des pays européens". Cette étape, dénonce-t-il, ne fait qu'exacerber les effets négatifs de la pollution sur l'environnement et la santé des citoyens, la qualité de l'air, les émissions de gaz toxiques et de gaz à effet de serre, qui sont à l'origine des changements climatiques, sans oublier les déchets radioactifs. Il est à noter que la capacité du Maroc à recycler les déchets locaux ne dépasse pas 10 % de la production nationale. Quant à la combustion des pneus en caoutchouc pour produire de l'énergie, elle n'est pas écologique et contribue à la pollution de l'air et aux émissions de gaz à effet de serre, tels que le dioxyde de carbone, qui sont la cause des changements climatiques. Pour ces raisons, "nous exhortons la ministre de reconsidérer sa décision d'autoriser l'importation de déchets et de pneus en caoutchouc en provenance de l'Europe", appelle Benata dans l'espoir que son message trouve écho auprès de ceux qui ont à cœur l'avenir de l'environnement.