Le président russe Vladimir Poutine a prévenu, mercredi, que son pays pourrait utiliser l'arme nucléaire en cas de "lancement massif" d'attaques aériennes et que tout assaut soutenu par une puissance nucléaire pourrait être considéré comme une agression "conjointe". Il n'a pas évoqué directement l'Ukraine et ses alliés occidentaux mais la référence à ce conflit déclenché en février 2022 est claire. Cela intervient au moment où l'Ukraine tente de convaincre ses alliés de la laisser utiliser des missiles de longue portée contre le territoire russe. Poutine a déclaré que des "clarifications" avaient été proposées concernant la politique nucléaire russe, au cours d'une réunion télévisée avec des membres du Conseil de sécurité de la Russie. "Il est proposé de considérer l'agression de la Russie par un pays non-nucléaire mais avec la participation ou le soutien d'un pays nucléaire comme une attaque conjointe contre la Fédération de Russie", a-t-il dit au cours d'une réunion télévisée avec des membres du Conseil de sécurité de la Russie. L'Ukraine ne dispose pas de l'arme nucléaire, contrairement à certains de ses partenaires occidentaux, à savoir les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni. Le président a aussi prévenu que son pays pourrait avoir recours à l'arme nucléaire en cas d'attaque aérienne d'ampleur contre son territoire. "Nous envisagerons une telle possibilité si nous recevons des informations fiables sur le lancement massif de moyens d'attaque aérospatiaux et leur franchissement de la frontière de notre Etat", a-t-il mis en garde. Vladimir Poutine a souligné que cela comprenait notamment l'aviation "stratégique et tactique", les missiles ou encore les drones. "Nous nous réservons le droit d'utiliser des armes nucléaires en cas d'agression contre la Russie ou le Bélarus", son très proche allié, a-t-il ajouté.
Tenir compte de l'évolution de la situation militaire Depuis le début du conflit en Ukraine en février 2022, Poutine a soufflé le chaud et le froid quant à un possible recours à l'arme nucléaire. Il a expliqué ces modifications proposées mercredi par "l'émergence de nouvelles sources de menaces et de risques militaires pour la Russie et ses alliés". "Nous voyons que la situation militaire et politique actuelle évolue de façon très dynamique et nous devons en tenir compte", a-t-il poursuivi. La doctrine nucléaire russe prévoit un recours "strictement défensif" à l'arme atomique, en cas d'attaque de la Russie avec des armes de destruction massive ou en cas d'agression avec des armes conventionnelles "menaçant l'existence même de l'Etat". La Russie a déployé pendant l'été 2023 des armes nucléaires tactiques au Bélarus qui, comme elle, a une frontière avec l'Ukraine. L'armée russe avait aussi annoncé en mai avoir effectué près du territoire ukrainien des exercices militaires sur l'utilisation d'armes nucléaires tactiques en réponse aux "menaces de certains responsables occidentaux". L'arme nucléaire tactique, qui a une charge explosive plus petite que l'arme nucléaire stratégique, est destinée théoriquement à détruire des cibles sur le champ de bataille et peut être tirée à partir de véhicules terrestres, de pièces d'artillerie, de navires ou d'avions. Les déclarations de Vladimir Poutine arrivent aussi en pleine Assemblée générale de l'ONU à New York. Plus de 100 chefs d'Etat ou de gouvernement vont s'y succéder à la tribune jusqu'à la fin de la semaine.