Outré par la sourdine de la Fédération Royale Marocaine de Boxe, Khalid Rahilou, président du Groupement National de Boxe Professionnelle (GNBP), a levé le ton. Il a décidé d'étaler le linge sale en public et choisit pour cela une conférence de presse qu'il a organisée le week-end dernier, à Rabat. Le triple champion du monde de boxe a pointu un index accusateur en direction de la fédération : « On nous a bloqué la subvention qui nous a été allouée par le ministère, sans nous en donner les raisons. La Fédération n'a jamais daigné nous répondre ni décrocher le téléphone quand on appelle. On a l'impression qu'elle cherche à nous cacher quelque chose ». C'est la première fois que Rahilou lance un appel de détresse depuis sa nomination à la tête du GNBP en 2008. Si le président est monté au créneau, c'est à cause de sa situation inconfortable, entre l'enclume du manque de moyens et le marteau de la grogne des boxeurs qui sont assignés au chômage technique, faute de compétitions. La subvention objet du litige s'élève (accrochez-vous) à 700.000 dh. De quoi s'acheter une ficelle, dirait l'autre. La fermeture du robinet s'est ainsi traduite par la raréfaction progressive des galas à partir de 2018. La léthargie perdure et le GNBP n'a que les yeux pour pleurer dans la mesure où il n'y a pas d'instance de recours. Anticipant cette sortie médiatique, la fédération a diligenté son représentant, Mourad Bassibas, à l'effet de lever l'équivoque. Celui-ci a pris le soin de peser des mots et se contrer convaincant afin de désamorcer la bombe, sans encombre. Pour ce qui du retard cumulé concernant le déblocage de la subvention, il expliqua que la fédération a le devoir de contrôle et d'affectation des deniers publics et ne peut, par conséquent, affecter ces fonds qu'en vertu de la législation en vigueur. Il reproche au GNBP de ne pas avoir présenté un projet sportif, une condition sine qua non, dans le contrat d'objectifs liant l'instance fédérale au le ministère de tutelle, martela-t-il. Il ira loin et confia que le ministère ne reconnait pas le GNBP en sa qualité de groupement et non de ligue. Bassibas saisit l'occasion pour faire une annonce qui va créer un soulagement général, à savoir la dissolution du GNBP et son remplacement par une Ligue Professionnelle qui sera dotée de l'autonomie administrative et financière. Les textes de cette nouvelle entité seront donc en adéquation avec la Loi 30/09. La formule ouvrira la porte à la Ligue pour organiser les galas à sa guise et à prospecter des fonds qui viendraient en appoint à la dotation budgétaire annuelle octroyée par le ministère. Les visages s'illuminent, Rahilou est le premier à se réjouir de cette alternative qu'il a lui-même proposé dans le passé, dit-il. Il a même préparé les statuts de cette Ligue qui ont été transmis pour approbation au ministère, au mois de mars dernier. À l'heure de cette conférence de presse, aucune réponse n'est parvenue du ministère de tutelle, ce signifie une acceptation tacite du projet de statuts lesquels seront soumis en second ressort à l'approbation de l'assemblée générale de la Fédération prévue au mois d'octobre prochain. Tout est bien qui finit bien, ni vainqueur, ni vaincu dans cette affaire qui sera mise aux rancarts dès le mois prochain. Ce fut plutôt une occasion pour mieux se connaitre après une longue période de méfiance causé par le manque de communication.