Après quelques jours de vacances, retour au Divan. La confrontation quotidienne à la maladie mentale impose au psychiatre une forme de violence psychologique insidieuse, qui peut éroder progressivement son propre équilibre mental. Comme l'a souligné Sigmund Freud, "le médecin est souvent le réceptacle des projections inconscientes de ses patients". " Cette exposition continue aux souffrances psychiques profondes, aux angoisses et aux troubles délirants des patients, met le psychiatre dans une position vulnérable, où il doit sans cesse jongler entre l'empathie nécessaire pour comprendre et le détachement professionnel pour se protéger. Jacques Lacan, autre figure de la psychiatrie, affirmait que "l'inconscient est structuré comme un langage," ce qui sous-entend que chaque interaction avec un patient mentalement malade expose le médecin à des structures de pensée parfois chaotiques, perturbantes, voire dangereuses pour son propre bien-être psychologique. En effet, l'effort constant pour interpréter et traiter ces manifestations peut générer un stress chronique chez le psychiatre, menant parfois à l'épuisement professionnel. Le Dr Aaron Beck, pionnier de la thérapie cognitive, a aussi évoqué les risques de "contagion émotionnelle," où le médecin peut, involontairement, absorber une partie de la détresse émotionnelle de son patient. Cela peut altérer non seulement sa capacité à juger objectivement, mais aussi son propre bien-être émotionnel, engendrant des sentiments de frustration, d'impuissance, ou même de dépression. Ainsi, l'impact de la souffrance psychique des patients sur le médecin psychiatre est une réalité complexe, exigeant une vigilance constante et des stratégies de protection mentale pour préserver la santé psychologique du médecin tout en restant efficace dans son rôle thérapeutique.