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Plan de paix à Gaza : Le potentiel des bons offices du Maroc [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 06 - 07 - 2024

Le Maroc demeure une variable non négligeable dans l'équation complexe de la paix à Gaza. Reste à évaluer l'ampleur de marge de manœuvre. Décryptage.
271 jours depuis le déclenchement des hostilités, le carnage continue à Gaza où les populations civiles subissent toujours le rouleau compresseur de l'armée israélienne qui bien qu'ayant réduit toute la bande en champs de ruines, poursuit opiniâtrement son offensive meurtrière contre le Hamas quitte à éradiquer un peuple tout entier. Jusqu'à présent, le bilan humain s'élève à 38.011, selon les chiffres du Hamas, dans une quasi-indifférence de la communauté internationale qui semble habituée à l'horreur de la boucherie qui se déroule en direct dans les chaînes d'information continue. Alors qu'on commençait à entrevoir l'espoir d'un cessez-le-feu définitif avec les négociations informelles entre le Hamas et Israël, la force reste le mot d'ordre du côté des deux belligérants. Jusqu'à présent, les combats font rage alors que des milliers de civils doivent évacuer l'Est de Rafah et la zone de Khan Younès sous la chaleur suffocante après avoir été sommés par l'armée israélienne.

Sous l'emprise de la coalition des partis religieux d'extrême droite, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, dont on dit qu'il est à la tête du pire Exécutif que l'Etat hébreu ait jamais connu, est déterminé à mener sa guerre dévastatrice jusqu'au bout, au mépris des mises en garde répétitives de ses alliés occidentaux. Israël ne s'arrête pas là, comme si la tragédie humaine ne suffit pas à assouvir les pulsions guerrières du cabinet de guerre, l'Etat hébreux qui ne s'embarrasse pas de vouloir étendre la guerre jusqu'au Liban au risque de déclencher un embrasement régional. Après avoir lié son sort à la guerre, Netanyahu qui a tout intérêt à rester au pouvoir pour échapper aux poursuites judiciaires qui l'attendent, a placé son destin aux mains de la coalition des partis extrémistes dont les faucons les plus durs veulent la guerre sans relâche. Dans ce contexte si macabre, le pragmatisme subsiste. Les médiations de coulisses se poursuivent en dépit de la façade guerrière. Le Hamas et le gouvernement israélien continuent de négocier discrètement à travers des pays médiateurs, dont l'Egypte, le Qatar et les Etats-Unis. Le Hamas a déclaré avoir proposé aux pays médiateurs "de nouvelles idées" pour cesser les hostilités. Des idées qu'Israël dit vouloir "évaluer".

Le fossé qui sépare les deux belligérants reste immense. Israël ne veut pas abandonner son objectif initial de détruire complètement le Hamas, même si son offensive est dans l'impasse, militairement parlant. Dans la presse israélienne, on parle d'une volonté de déloger le Hamas et confier le pouvoir à des clans sous le contrôle d'Israël, une fois la guerre finie. C'est ce qu'a rapporté Reuters sur la base de confidences de sources bien informées. Les Israéliens cherchent des personnalités consensuelles, pour ne pas dire dociles. Difficile d'imaginer que le Hamas accède à une telle demande après tant de sacrifices et de résistance acharnée.

Le plan américain tombé à l'eau ?

Au milieu de ce brouillard, la seule offre constante est celle proposée, il y a un mois, par l'Administration Biden, qui semble avoir perdu sa capacité d'influence sur Benjamin Netanyahu. Le plan américain consiste à aller progressivement en trois phases vers une paix durable en passant par des trêves provisoires. Durant la première étape, on commence par l'échange des prisonniers et le retour des déplacés, avant le retrait progressif des troupes israéliennes et le début de la reconstruction. Un plan qui n'a pas beaucoup de chance d'aboutir, selon Yasmina Asrarguis, chercheur à la Fondation Jean Jaurès et spécialiste du Moyen Orient et des accords d'Abraham, qui estime que plusieurs éléments jouent en sa défaveur, dont l'absence d'une vision politique claire sur la gouvernance de Gaza après la guerre. Pour sa part, Fabrice Balanche, maître de conférences à l'Université Lyon 2, se dit convaincu que les Occidentaux ne peuvent pas convaincre Israël de laisser tomber l'idée de détruire totalement le Hamas. Soutenu par quelques pays, dont le Maroc, le plan américain peine à faire consensus.

Le deal américain face au réalisme arabe

Pour l'instant, les Américains s'emploient à convaincre les pays arabes à former une force de maintien de la paix durant la phase transitoire. Une idée accueillie avec peu d'enthousiasme par les Etats concernés, y compris le Maroc qui ne s'est pas prononcé officiellement. Une idée qui peut être intéressante, acquiesce Yasmina Asrarguis qui rappelle, tout de même, que la présence des forces auxiliaires après la guerre ne suffit pas sans une vision claire sur la gouvernance de la bande. En effet, nombreux sont les observateurs qui n'y voient pas une solution efficace, d'autant que la présence de pays arabes serait mal vue et perçue comme une complicité avec l'Etat hébreu par la population locale. Aussi, la requête américaine semble un peu déplacée vu que les Etats-Unis, bien qu'ils cherchent une solution, ne veulent pas encore reconnaître l'Etat palestinien. Ce à quoi les exhortent les pays arabes sollicités avant d'envisager une éventuelle implication dans la force qui pourrait être déployée dans le cadre de l'ONU.

Plan de paix, les atouts du Maroc

Pour sa part, le Maroc demeure pragmatique en réitérant sa conviction qu'aucune paix n'est envisageable sans la reprise du processus de paix sur la base de la solution des deux Etats. La crédibilité de la position marocaine s'est montrée payante du moment que le Royaume est parvenu à être le premier pays à faire entrer l'aide humanitaire à Gaza par voie terrestre. Un accomplissement qui a renforcé l'image du Maroc en tant qu'arbitre capable de parler aussi bien aux Israéliens qu'aux Palestiniens. "Le Maroc a certainement un rôle à jouer dans les efforts de médiation vu qu'il a toujours prôné l'apaisement entre les Palestiniens et les Israéliens", affirme M. Balanche, ajoutant que "la survie des accords d'Abraham, les liens avec Tel Aviv et la présence d'une forte communauté juive d'origine marocaine en Israël font que la parole du Royaume soit accueillie plus favorablement par les deux parties". "Le Maroc a cette aptitude à parler et à se montrer crédible aux yeux des deux parties, ce qui fait de lui un médiateur audible, surtout que le Royaume tient un discours clair et modéré loin des rhétoriques inutilement extrêmes, comme celle de l'Algérie par exemple", poursuit notre interlocuteur, qui reconnaît que la solution des deux Etats demeure indispensable. "Il est clair qu'une solution à un Etat ne fonctionnera pas, il faut trouver un moyen d'entente, ce qui implique que chacun lâche du lest et mette de l'eau dans son vin, de son côté, avant que ce ne soit trop tard", conclut-il.

Anass MACHLOUKH
Trois questions à Yasmina Asrarguis "Le Maroc porte une voix spécifique"
* Est-ce que les extrémistes au gouvernement israélien empêchent l'implication des pays arabes, dont le Maroc, dans le processus de paix ?

Aujourd'hui, l'acteur de premier plan, capable et désireux d'investir en capital politique sur le dossier israélo-palestinien est l'Arabie Saoudite dont le Prince héritier se dit prêt à normaliser avec Israël et à contribuer à la construction de l'Etat palestinien en cas d'accord de paix. Dans le même temps, seule l'Arabie Saoudite peut engager une négociation avec Téhéran en proposant aux Mollahs des incitations économiques suffisamment attrayantes pour conduire à un changement de cap. Car même en cas de paix entre Israéliens et Palestiniens, l'axe de « résistance » iranien composé de supplétifs en mer Rouge, au Liban ou encore en Syrie, demeurera un facteur de crise et de déstabilisation régionale.

* Quel futur pour le format du forum Néguev, est-ce toujours d'actualité ?

Le destin du forum du Néguev est lié à celui des élections américaines d'octobre 2024. En cas de réélection du Président Biden, d'une part, et de reprise d'une coopération visible entre les pays signataires des Accords d'Abraham, d'autre part, alors le format du Néguev pourrait faire son grand retour afin « de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité » dans la région. Ce scénario verrait l'intégration de l'Autorité palestinienne au sein du Forum comme cela devait être le cas avant la guerre Israël-Hamas. En revanche, en cas de retour du Président Trump à la Maison-Blanche, nous assisterons à une reconfiguration complète des formats, acteurs et conversations autour de la coopération israélo-arabe. La relation délétère entre Mahmoud Abbas et le gendre du Président Trump, Jared Kushner, pressenti au poste de Secrétaire d'Etat, pourrait conduire à un démantèlement complet de l'Autorité palestinienne de l'ère Abou Mazen, et un strict conditionnement des aides américaines à Ramallah.

* Quel rôle peut jouer le Maroc, ainsi que les pays signataires des accords d'Abraham, dans les négociations de paix ?

Le Maroc a un poids au sein de la Ligue arabe. Il faut reconnaître sa capacité très singulière, notamment sur le plan humanitaire, comme nous l'avons constaté avec la livraison de vivres par voie terrestre. Le Maroc porte une voix spécifique, puisque SM le Roi est Président du Comité Al Qods. Il va sans dire que le Maroc est un soutien de la première heure pour la cause palestinienne. La diplomatie du symbole déployée par Rabat témoigne de la force de projection marocaine et de sa vision pour la région. Rappelons que l'arrivée des Lions de l'Atlas en demi-finale du Mondial 2022 fut célébrée à Tel-Aviv comme à Gaza et Ramallah. Le Maroc est le seul phare du monde arabe capable de rassembler à la fois des Palestiniens et des Israéliens. C'est du reste le message que d'autres pays essayent de porter depuis quelques mois : c'est le cas de la Chine, de l'Arabie Saoudite, de l'Egypte ou encore de la Jordanie.

Recueillis par Anass MACHLOUKH

Liban : Vers un embrasement régional ?
Loin de vouloir apaiser les tensions, Israël a braqué ses regards vers la frontière libanaise. L'Etat hébreu guette depuis longtemps le Hezbollah, perçu par les Israéliens comme une menace existentielle, avec lequel il veut en finir en profitant du chaos de la guerre avec le Hamas. L'armée israélienne s'est depuis le début montrée volontariste en demandant l'autorisation du gouvernement de Benjamin Netanyahu pour passer à l'assaut. On y est maintenant. Les hostilités ont commencé. Le Hezbollah a déclaré avoir tiré plus de 200 roquettes et des drones explosifs sur le Nord d'Israël jeudi, en représailles à la mort dans le Sud du Liban d'un haut commandant du mouvement chiite libanais, tué dans une frappe israélienne. L'armée israélienne a annoncé avoir frappé en riposte des positions dans le Sud du Liban, après avoir fait état d'alertes aux roquettes et aux incursions aériennes partout dans le Nord d'Israël, jusqu'au plateau du Golan occupé. A présent, le Hezbollah, qui se positionne comme un allié du Hamas, échange quotidiennement des tirs avec l'armée israélienne depuis le début de la guerre, le 7 octobre, entre Israël et le mouvement islamiste palestinien dans la bande de Gaza.

Paix ; Le plan américain en quête de légitimité
Dans un communiqué publié le 3 juin 2024, le ministère des Affaires étrangères a déclaré que le Maroc souligne l'importance des propositions présentées par le Président des Etats-Unis d'Amérique, Joseph R. Biden, visant à favoriser l'établissement d'un cessez-le-feu durable à Gaza, l'accès de l'aide humanitaire, la protection des civils, le retour des déplacés, ainsi que la reconstruction des zones détruites. La diplomatie marocaine a fait savoir que « le Maroc continue de croire qu'une paix durable au Moyen Orient passe inéluctablement par une solution à deux Etats : un Etat palestinien, sur les frontières de juin 1967, avec Al-Qods Est comme capitale, vivant côte-à-côte avec un Etat israélien ». Le fait que le Maroc soutient l'initiative américaine peut-il lui donner plus de crédibilité ? Yasmina Asrarguis estime que le soutien à l'initiative américaine est certes un gage de crédibilité, mais ne vient pas répondre aux enjeux relatifs à la gouvernance régionale au lendemain d'un accord. "Il faudra en cas de cessez-le-feu définitif accompagner le processus de paix et imaginer une organisation régionale capable d'intégrer l'ensemble des pays arabes, Israéliens et Palestiniens inclus", explique notre interlocutrice, qui insiste sur le fait que les conditions préalables à la signature d'un accord de paix doivent être réunies.


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