Ce 13 juin, la Commission Européenne a annoncé son intention d'imposer une surtaxe sur les importations de voitures électriques en provenance de Chine, avec des taux variant de 17 à 38%, à compter du 4 juillet prochain. Si l'UE justifie cette décision par des actes anticoncurrentiels, le gouvernement chinois y voit une mesure protectionniste et n'écarte pas des représailles. À une échelle plus globale, cet acte pourrait bien être le premier coup de feu d'une prochaine guerre commerciale autour du marché des voitures électriques. Déjà distancée par les entreprises chinoises et américaines, l'Europe cherche désormais à protéger ses constructeurs locaux, auxquels elle a imposé un abandon complet de la voiture thermique à l'horizon 2035. Pour leur part, le chinois BYD et l'américain Tesla se partagent déjà près de 40% du marché mondial de la voiture électrique, et devancent de très loin les marques allemandes et françaises. En guerre commerciale depuis 2018, Pékin et Washington se regardent en chiens de faïence sur ce marché en pleine émergence. Paradoxalement, dans ce marché globalisé, la guerre commerciale entre les grands pays profite à quelques Etats dits «connecteurs». Afin de ne pas se priver de l'accès aux marchés des pays concurrents, certains industriels choisissent d'investir dans certains pays pour en faire leurs bases industrielles de relais. Il s'agit ainsi du Vietnam pour le marché chinois, du Mexique pour le marché américain et du Maroc pour le marché européen. Lié par un accord de libre-échange avec l'UE et bénéficiant d'un écosystème automobile solide, le Royaume est amené à devenir la plateforme privilégiée d'exportation de voitures électriques chinoises vers l'Europe. Les récentes annonces d'investissement dans les batteries électriques, menées par les entreprises chinoises BTR et Gotion High-Tech, ne sont que les premières phases de la ruée vers cette nouvelle industrie.