Ce n'est pas la première fois que l'Iran est témoin du crash d'un avion transportant des dirigeants politiques. En février 2003, un avion Ilyushin-67 appartenant aux Gardiens de la révolution iraniens s'est écrasé près de Kerman, dans le sud-est de l'Iran, transportant un grand nombre de ses principaux dirigeants militaires et politiques. Son crash a causé une grande perte à l'Iran, compte tenu de l'importance des personnages à bord. Cela a également radicalement affecté la structure de direction de cette « Garde », considérée comme la formation militaire la plus importante du régime révolutionnaire iranien. Le 28 septembre 1981, les médias iraniens ont pris connaissance de ce qui était alors connu sous le nom de « l'accident de l'avion des martyrs » près de l'aéroport de Mehrabad à Téhéran. Il s'agissait d'un avion américain Hercules C-130 qui transportait un certain nombre de hauts dirigeants militaires et politiques iraniens, tels que Mohsen Rezaei (le chef des Gardiens de la révolution iraniens à l'époque), Mohammad Jahan, l'un des éminents commandants des Gardiens de la révolution iraniens et Youhanna Arumi, l'un des commandants militaires iraniens. Il eut aussi l'incident du contrôle de l'avion Antonov-140 en 2002, fabriqué de manière artisanale en coopération avec des experts ukrainiens, et le crash de l'avion « Boeing » 707" en 2019... et autres incidents similaires.
Quant à l'incident qui a conduit à la mort du président iranien Ebrahim Raïssi, de son ministre des Affaires étrangères Hossein Abdollahian, de ses compagnons et d'autres responsables, dans son contexte, il s'est produit en conjonction avec des événements internes sur la scène iranienne et le différend sur la position du Guide suprême, d'une part, et les développements régionaux au Moyen-Orient, en particulier ceux en cours, d'autre part.
En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien et l'agression contre Gaza, qui ont provoqué des discordes internes à Israël et de vives divisions, la vacance du poste présidentiel en Iran pourrait représenter un titre dans la tête des dirigeants israéliens pour exporter leurs crises internes au sein du gouvernement à l'étranger.
Premièrement : il existe des confusions et des points d'interrogation majeurs concernant la destruction de l'avion iranien. Quiconque surveille les coordonnées de sa chute découvrira plusieurs faits qui soulèvent de grands points d'interrogation sur la façon dont les deux avions accompagnant l'avion de Raïssi ont survécu. Deuxièmement : pourquoi la question météorologique n'a-t-elle pas été prise en compte avant de monter à bord de l'avion ? Troisièmement : pourquoi la boîte noire n'a-t-elle pas été trouvée à l'intérieur de l'avion qui transportait le président Raïssi et ses compagnons ? Quatrièmement : selon les informations divulguées, la mort du président iranien et de tous ses compagnons a été signalée. Qui a demandé au centre de secours turc, au lieu de l'équipe de secours iranienne (supposément la première chargée de l'enquête), de procéder à une analyse de l'incident ? Pourquoi les médias iraniens ont-ils publié des informations ambiguës sur cet incident ?
On ne peut certes pas anticiper les investigations, mais force est de constater qu'il existe une grande ambiguïté autour de ce processus, à la lumière de laquelle plusieurs hypothèses ont été avancées : qu'il s'agisse d'un cas de force majeure ou d'un règlement de compte politique, au sein de l'establishment iranien, la question de savoir qui succéderait au Guide suprême iranien, ou s'il y en avait, était tissée par des fils régionaux et internationaux derrière lesquels se tenait le Mossad israélien, qui a trouvé dans l'assassinat d'un président et de ses collaborateurs une opportunité d'exporter la crise interne israélienne à l'étranger, comme cela s'est produit lors de la guerre du Liban en juillet 2006, ou encore de calculs internationaux indissociables de la politique américaine envers les extrémistes en Iran.
D'autant plus que les Etats-Unis d'Amérique avaient auparavant assassiné l'ancien commandant de la Force Al-Qods, Qasemi Soleimani, dans le cadre de leur stratégie déclarée visant à cibler les chefs des extrémistes en Iran pour assouplir la politique iranienne, en plus de ce que traverse Biden dans sa campagne pour les élections américaines et ses calculs indissociables du contexte iranien. Il est apparu dans la question des relations américano-iraniennes après le 7 octobre et le déluge d'Al-Aqsa, et les sommes que l'Iran a reçues en échange de la non-ingérence dans la guerre de Palestine, ce qui s'est traduit par de timides escarmouches qui n'ont pas dépassé le simple but de sauver la face, comme cela s'est produit auparavant en réponse à l'assassinat de Soleimani ou à l'attaque du consulat iranien à Damas.
En revanche, on parle beaucoup des divisions au sein du gouvernement israélien sur fond de question des prisonniers et de la différence de visions stratégiques entre les personnalités de Yoav Gallant, Ghadi Eisenkot et Netanyahu concernant la conduite des opérations militaires, coordination concernant les prisonniers et comment affronter le Hamas, qui menace de la chute du gouvernement israélien et marque la fin de la guerre contre Gaza. Ornella Sukkar, Journaliste libano-italienne