Atteignant un pic de 781,7 millions d'actions, soit 769,5 MMDH en 2007, la demande des souscriptions en baisse de 116,6 millions d'actions, soit 85,6 MMDH en 2008 De 1993 à 2008, la Bourse de Casablanca a enregistré 53 introductions et 44 radiations, ce qui a porté le nombre de sociétés cotées de 68 en 1992 à 77 en 2008, relevant de 22 secteurs. Ces données ressortent d'une nouvelle note de la DEPF (Direction des Etudes et des Prévisions Financières) intitulée : « Introductions à la Bourse de Casablanca : tendances, déterminants et résultats techniques ». Laquelle note ajoute aussi que ces opérations ont permis de lever un montant global de 33,3 milliards de dirhams, canalisés essentiellement par les secteurs des télécommunications (26,8%), de l'immobilier (24,8%) et du bâtiment et matériaux de construction (14,6%). Ce bilan, poursuit la même source, peut être décliné en cinq phases : 1993-1999, 2000-2003, 2004-2005, 2006-2007 et 2008. Pour ce qui est de la phase1993- 1999, les introductions à la Bourse de Casablanca ont été relancées par les opérations de privatisation. Au total, au cours de cette phase, la Bourse de Casablanca a enregistré 20 nouvelles introductions (14 privées et 6 à l'occasion d'opérations de privatisation). Au cours de cette période aussi, les radiations ont concerné 34 sociétés. De ce fait, en l'espace de 7 ans, le nombre de sociétés cotées à la Bourse de Casablanca est passé de 68 en 1992 à 54 en 1999, permettant de lever un montant global de 7,6 milliards de dirhams. Toutefois, entre 1999 et 2002, la Bourse de Casablanca a connu une évolution morose, ce qui a entravé les opérations d'introduction à partir de 2000. Depuis cette date, la Bourse de Casablanca a intensifié ses efforts pour inciter les PME à s'introduire en bourse. Dans ce sens, elle a procédé en 2001 à la création d'un troisième compartiment, dédié aux PME à fort potentiel de croissance. En outre, la Loi de Finances 2001 a accordé aux sociétés qui s'introduisent en bourse, soit par ouverture ou augmentation de leurs capitaux, une réduction au titre de l'IS de 25% et 50% respectivement. Pour les analystes de la DEPF, ces mesures n'ont pas eu un effet immédiat sur le rythme des introductions en bourse. Chiffres à l'appui. Entre 2000 et 2003, la Bourse de Casablanca n'a enregistré que trois introductions et ce, malgré que le marché ait renoué avec la croissance en 2003. La majorité des sociétés qui remplissaient les conditions d'admission dans l'un des trois compartiments n'a pas réagi aux avantages qui lui avaient été accordés. Les radiations qui ont touché 5 sociétés ont porté le nombre de sociétés cotées de 54 en 1999 à 52 en 2003. Ces introductions ont permis de lever un montant global de 1,3 milliard de dirhams. Afin de remédier à la faiblesse des introductions en bourse, les mesures d'incitation instituées par la Loi de Finances 2001 ont été prorogées à l'occasion de la Loi de Finances 2004 de trois autres années. En outre, les trois compartiments de la Bourse de Casablanca ont été réaménagés et des changements ont été opérés au niveau des conditions d'éligibilité. Dans ce contexte, les introductions ont repris à partir de 2004 à travers deux opérations de privatisation. Quant aux introductions privées, elles ont repris lentement à partir de 2005 avec trois introductions. Ainsi, entre 2004 et 2005, compte tenu de ces 5 nouvelles introductions et de la radiation de 3 sociétés, le nombre de sociétés cotées est passé de 52 en 2003 à 54 en 2005 permettant de lever un montant global de 10,1 milliards de dirhams. S'agissant de la phase 2006- 2007, les introductions en bourse se sont accélérées enregistrant 10 nouvelles introductions par an. Aussi, pour soutenir cette dynamique, les incitations fiscales ont été prolongées à l'occasion de la Loi de Finances 2007 de trois autres années. Ce regain de dynamisme est attribuable, entre autres, à la conjoncture économique favorable, à la rentabilité accrue des placements en bourse comparativement aux autres produits financiers, au regain d'intérêt des particuliers pour le marché boursier et au retour progressif de la confiance des investisseurs institutionnels marocains et étrangers dans le marché. Ainsi, à fin 2007, le nombre de sociétés cotées a atteint 73 contre 54 en 2005 avec la radiation d'une seule valeur. Ces 20 introductions ont drainé un montant global de 10,4 milliards de dirhams. En 2008, la dynamique des introductions en bourse a connu un certain essoufflement. Seules 5 sociétés ont été introduites au cours de cette année. Ainsi, le nombre de sociétés cotées est passé à 77 après 73 en 2007, compte tenu de la radiation d'une seule valeur. Ces opérations ont permis de lever un montant global de 3,9 milliards de dirhams. Ce revirement de tendance découle du repli du marché boursier en 2008, et ce pour la première fois depuis 2003, suite à la conjonction de plusieurs facteurs, dont on peut citer l'effet psychologique de la crise financière internationale, la diffusion d'informations non publiques relatives au carnet d'ordres de la Bourse de Casablanca en raison d'une erreur de paramétrage au moment de la migration vers le nouveau système de cotation mis en place en mars 2008 et l'arrêt de certains programmes de rachat. Ce contexte a dissuadé certaines entreprises à s'introduire en bourse. Le rapport de la DEPF fait savoir, en outre, que suite à la relance des introductions privées à partir de 2005, le nombre des souscriptions s'est inscrit dans un trend ascendant pour atteindre un pic de 421.094 en 2007 avant de baisser à 140.559 en 2008. La répartition par catégories de souscripteurs entre 2005 et 2008, révèle que les personnes physiques (1) ont représenté en moyenne 97,5% du total des souscripteurs, dont 40,4% sont des salariés du secteur privé. S'agissant des institutionnels (2), l'évolution de leur part dans le total des souscriptions a baissé de 1,8% en 2006 à 0,6% en 2008 et ce, suite à l'afflux important des personnes physiques. Concernant les personnes morales (3), elles ont constitué en moyenne 1,6% des souscripteurs entre 2005 et 2008. Concernant la demande des souscripteurs pour les actions offertes, elle a enregistré une nette progression pour atteindre un pic de 781,7 millions d'actions, soit 769,5 milliards de dirhams en 2007 avant de baisser à 116,6 millions d'actions, soit 85,6 milliards de dirhams en 2008. Généralement, la demande émanant des institutionnels demeure plus importante que celle provenant des personnes physiques et des personnes morales. En 2008, le nombre moyen de souscriptions ainsi que le nombre moyen d'actions demandées par opération ont enregistré une baisse par rapport à 2007. Cette évolution s'explique par l'interdiction des souscriptions pour le compte de tiers via des procurations, la non autorisation du recours au crédit levier dans certaines opérations et la réduction de la taille des syndicats de placement. Le nombre d'actions attribuées s'est inscrit, quant à lui, en hausse pour atteindre 7,1 millions d'actions en 2007, soit 6,8 milliards de dirhams avant de reculer à 5 millions d'actions, soit 3,9 milliards de dirhams en 2008. La part des personnes physiques en actions attribuées était jusqu'à 2007 la plus importante avant que celle des institutionnels ne reprenne le relais en 2008 avec une part de 55,7%. Le montant moyen émis par opération en 2008 a, toutefois, progressé par rapport à 2007. Cette évolution s'explique essentiellement par la hausse du nombre moyen d'actions attribuées par opération, tandis que le prix moyen (4) des actions à l'introduction a enregistré une baisse après qu'il ait enregistré des hausses successives. L'ensemble de ces évolutions s'est traduit par un affaiblissement du taux moyen global de satisfaction de la demande d'une année à l'autre pour atteindre son plus bas niveau de 0,9% en 2007. Toutefois, il s'est amélioré en 2008 pour s'établir à 4,3%. Il est à noter que le taux de satisfaction des personnes physiques est relativement plus important que celui des institutionnels et des personnes morales. Par nationalité de souscripteurs, en moyenne entre 2005 et 2008, seulement 1,1% des souscriptions sont de nationalités étrangères. Elles ont été dominées en 2005 à hauteur de 67,8% par les français avant de baisser à une moyenne de 28,3% entre 2006 et 2007 et ce, suite à l'afflux de diverses nationalités. En 2008, la part des souscripteurs français s'est de nouveau renforcée pour représenter 67,6% du total des souscripteurs étrangers. Entre 2005 et 2006, la part de la demande des souscripteurs étrangers en actions s'est établie en moyenne à 6,7%. Elle a été particulièrement importante en 2007 avec une part de 44,1%. En 2008, elle a atteint 21,9%. La part des actions attribuées aux souscripteurs de nationalité étrangère a atteint une moyenne de 6,6% entre 2005 et 2006. En 2007, ils ont été mieux servis avec une part atteignant 33,8%. En 2008, cette part s'est établie à 22,8%. La répartition des souscriptions par région entre 2005 et 2008 montre qu'en moyenne la région de Casablanca a canalisé 48,7% des souscriptions, suivie par Rabat avec 9,2%. En termes de demande en actions, la région de Casablanca a proposé en moyenne 61% de la demande totale suivie de Rabat avec 5,3%. En termes d'attribution d'actions, la région de Casablanca a canalisé 67,1% des actions attribuées, suivie par Rabat avec 5,7%. L'engouement vers les opérations d'introduction en bourse a créé certains mécanismes de souscription malsains. Ces pratiques ont conduit à des taux dérisoires de satisfaction de la demande des investisseurs. Ainsi, précise-t- on de même source, les prérogatives du CDVM doivent être renforcées pour pouvoir imposer des règles de souscription ou une charte d'éthique qui s'applique à toute opération d'introduction en bourse. La correction technique subie par la Bourse de Casablanca en 2008, pourrait être atténuée par le maintien du rythme des opérations d'introduction en bourse car elles offrent des opportunités de placement et diluent le risque. A ce niveau, la Bourse de Casablanca a encore de bonnes perspectives vu le potentiel important d'entreprises susceptibles d'être introduites. Toutefois, la réglementation mise en place doit être adaptée pour encourager les introductions en bourse, particulièrement celles émanant des PME. A souligner que la Bourse de Casablanca a été créée en 1929. Depuis cette date, elle a connu plusieurs réformes dont la plus importante a été celle de 1993. Cette réforme avait parmi ces objectifs l'encouragement de la désintermédiation financière. Ainsi, selon la DEPF, la Bourse de Casablanca assume aujourd'hui progressivement son rôle de canalisation de l'épargne pour le financement des entreprises. Et la même source d'ajouter que l'introduction en bourse constitue un moyen, parmi d'autres, qui permet aux entreprises d'accéder au financement tout en minimisant les frais financiers. (1)Incluant les personnes physiques marocaines résidentes, les personnes physiques marocaines non résidentes, les personnes physiques étrangères résidentes, les personnes physiques étrangères non résidentes et les salariés. (2)Incluant les banques de droit marocain, les investisseurs qualifiés marocains, les sociétés anonymes de droit marocain, les sociétés de bourse, les OPCVM, les institutionnels étrangers de l'investissement agréés, les sociétés de capitaux de droit étranger et les hedge funds. (3) Incluant les personnes morales marocaines, les personnes morales étrangères et les associations. (4) C'est le rapport entre le montant total émis et le nombre total d'actions attribuées à une année donnée.