Dans l'une de ses délicieuses chroniques publiées dernièrement, un estimé confrère et néanmoins ami se demandait pourquoi le Parti de l'Istiqlal continuait, 68 ans après l'indépendance du Maroc, à porter ce même nom qui avait forgé son aura de chef de file de la résistance nationale contre une occupation franco-espagnole déguisée en protectorat. La question semble à priori légitime et devrait donc logiquement prêter à réflexion. Soit. Du point de vue sémantique, le terme Istiqlal ne recouvre pas uniquement l'action de lutter pour se libérer de l'occupation ou de la domination exercée par une puissance étrangère. Ce mot lourd de sens a une résonance plus large qui recouvre aussi bien la lutte pour l'indépendance du territoire, que celle pour la préservation de la souveraineté politique, économique, religieuse, culturelle ou simplement alimentaire. Sur le plan du pur marketing politique, Istiqlal n'est pas qu'une simple marque déposée. Il s'agit aussi d'un puissant slogan fédérateur qui résonne encore et toujours, avec la même intensité, en ces temps troubles où les souverainetés se font et se défont comme des cravates et où le Maroc continue à lutter avec toutes ses forces pour parachever son intégrité territoriale, tout en œuvrant pour asseoir son statut de puissance économique régionale projetée vers sa profondeur continentale. Que ce soit au niveau institutionnel ou individuel, ce mot désigne enfin la lutte perpétuelle pour la sauvegarde de la liberté d'action et de décision, comme celle d'esprit et de conviction, ainsi que beaucoup d'autres luttes qui restent aujourd'hui, autant que par le passé, de très forte actualité et pour lesquelles l'Istiqlal, en tant que parti politique représentatif des diverses tendances de notre société, n'a jamais tempéré son ardeur et son engagement. Au-delà des rentes mémorielles dont certains pays et organisations politiques ont fait leur fonds de commerce politique attitré, l'Istiqlal est un précieux héritage dont les valeurs et les enseignements se traduisent encore comme toujours, non sans les habituelles frictions et leur lot de désagréments, sur le terrain de l'action politique et de l'organisation millimétrée qui l'encadre, lors des petites comme des grandes étapes, à l'instar de l'actuel Congrès Général. L'Istiqlal est donc une idée, et les bonnes idées ne meurent jamais ni ne se démodent.