Oxford Business Group, un cabinet d'intelligence économique Londonien, vient de communiquer sa note d'information sur le secteur de l'éducation au Maroc. Le point sur cette note. Dans le cadre d'un plan d'urgence de quatre ans visant à restructurer le secteur de l'éducation, le gouvernement marocain a signé de nouveaux accords d'une valeur de 12.6 milliards de dirhams (1.1 milliard d'euros) pour améliorer la qualité de ses universités. Cet investissement supplémentaire a lieu alors que le pays cherche à atteindre ses Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), établis par l'Organisation des Nations Unies (ONU), d'ici 2015. Au début octobre, SM le Roi a supervisé la signature de 17 accords entre le gouvernement et les universités visant à améliorer l'éducation supérieure. Ces accords prévoient une série de mesures allant de l'embauche de chargés de cours supplémentaires à l'expansion de l'infrastructure générale en passant par la hausse des exigences concernant les titres détenus par les professeurs. Ces changements sont prévus dans la mesure où le nombre d'étudiants en sciences et en ingénierie devrait doubler d'ici 2012; il en est d'ailleurs de même pour le nombre d'élèves qui passent le baccalauréat. Les réformes de l'éducation supérieure ont également pour but d'améliorer la réputation des universités marocaines en termes de recherche. La presse locale a rapporté les propos de Mohamed Marzak, président de l'Université Cadi Ayyad, qui a déclaré : « Grâce à ces contrats, les universités s'engageront à faire le nécessaire pour améliorer les résultats, à favoriser les enseignements de haute qualité et à développer la recherche scientifique, afin de permettre aux universités marocaines d'occuper la place qu'elles méritent sur le plan international ». Le gouvernement vise à octroyer à 92% de ses universités le titre d'institution de recherche d'ici 2012, alors que le pourcentage s'élevait à 69% en 2008. Ces accords font partie du programme d'urgence de l'éducation nationale 2009-2012 lancé en 2009 pour répondre aux besoins à court terme du secteur de l'éducation. Ce programme a rendu l'éducation primaire obligatoire jusqu'à l'âge de 15 ans, et prévoit de la rendre obligatoire jusqu'à l'âge de 18 ans. Au cours des deux prochaines années, 15 300 écoles seront rénovées et l'eau et l'électricité seront installées dans 300 pensionnats existants. « L'objectif [du programme d'urgence] est de rendre les écoles plus attrayantes de façon à ce que les Marocains retrouvent la confiance qu'ils avaient dans le système d'éducation et, par conséquent, que ce dernier remplisse son mandat », a expliqué à OBG Ahmed Akhchichine, le ministre de l'Education. Ce programme de quatre ans et d'une valeur de 31 milliards de dirhams (2.7 milliards d'euros) est partiellement financé par de nombreux prêts et subventions accordés par des organisations internationales. En effet, en novembre, le Maroc a reçu des prêts d'une valeur totale de 513 millions d'euros de l'Agence française de développement, de la Banque africaine de développement, de la Banque européenne d'investissement, de la Banque mondiale, de la Commission européenne et du ministère marocain de l'Education. Bien que jusqu'à maintenant les dépenses dans le domaine de l'éducation aient été relativement élevées (5% du produit intérieur brut et 24% des dépenses publiques depuis quelques années), les changements se font attendre. Ce plan, que le Roi désigne comme étant celui de « la décennie de l'éducation », a été lancé au Maroc en 1999 au moment de la publication de la Charte nationale de d'éducation et de formation, qui a édicté les directives de la réforme du secteur. Depuis, quelques résultats ont été obtenus : l'alphabétisation pour les hommes âgés entre 15 et 24 ans est passée, selon la Banque mondiale, de 84%, en 1990, à 87%, en 2008, et le pourcentage des élèves qui terminent l'école primaire est passé de 82% à 87% pendant la même période. Cependant, le système a failli dans d'autres domaines : seulement 15% des élèves passent le baccalauréat pour entrer à l'université. De plus, dans le rapport sur le développement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord de 2007 de la Banque mondiale, le système d'éducation marocain a obtenu de mauvais résultats. « Le Maroc doit accélérer la réforme qu'il s'efforce d'entreprendre, notamment en ce qui a trait à la réduction de l'analphabétisme chez les adultes et à l'amélioration de l'accès à l'éducation post-obligatoire », avait écrit la Banque mondiale. L'égalité entre les sexes demeure également une difficulté dans le pays, dans la mesure où, en 2004, le ratio homme/femme était de 1 pour 0,87 dans l'enseignement supérieur et qu'il y avait 60% d'analphabétisme au sein de la population féminine, un des taux les plus élevés du monde arabe. Selon la presse locale, seulement 16.5% des filles vont à l'école dans les zones rurales et 60% d'entre elles à l'échelle nationale. Le programme d'urgence devrait aider le Maroc à faire une avancée importante dans l'atteinte de certains de ses OMD d'ici la date butoir de 2015. Dans son Rapport sur l'état d'avancement des travaux de 2007, l'ONU avait indiqué qu'il était possible pour le Maroc d'atteindre ses objectifs en matière d'éducation primaire universelle « à condition que certains changements soient opérés. » Le ministère de l'Education est intimement convaincu que le programme d'urgence favorisera la scolarisation des jeunes et fera passer le nombre des enfants scolarisés de 6.3 millions à 6.5 millions en deux ans. Contrairement à la Charte nationale, qui manquait de financement et de coordination, le programme d'urgence semble, d'une part, être bien financé et, d'autre part, porter essentiellement sur la réforme du secteur d'éducation. Étant donné que le budget du programme représente une hausse spectaculaire de 23% des dépenses dans le domaine de l'éducation par rapport à 2008, peut-être obtiendra-t-on bientôt des résultats concrets.