Hanté par le souvenir du tremblement de terre survenu le 8 septembre dernier, le Maroc s'est lancé officiellement dans un projet onusien visant le renforcement de sa résilience face aux séismes. Détails. Pour soutenir le Maroc dans sa voie de résilience sismique, l'UNESCO, en collaboration avec le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation et le Centre National pour la Recherche Scientifique et Technique (CNRST), a lancé officiellement le projet « Renforcement de la résilience du Maroc face aux séismes ». Le projet, initié par l'UNESCO et porté par le CNRST, sera déployé sur la période d'un an, grâce à un financement de 9 millions de dirhams du Japon. Il vise à aider la communauté scientifique à mieux comprendre les risques sismiques, en particulier dans la région d'Al-Haouz qui a été touchée par le tremblement de terre en septembre dernier et bénéficiera à près de 2,8 millions de personnes. D'ailleurs, une cérémonie officielle de lancement a eu lieu, vendredi 1er mars 2024, au siège du CNRST, en présence du ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation, Abdellatif Miraoui, de l'Ambassadeur du Japon au Maroc, Kuramitsu Hideaki, du Directeur du Bureau de l'UNESCO pour le Maghreb, Eric Falt, et de la Directrice du CNRST, Jamila El Alami.
Le Royaume emprunte le chemin japonais Dans son discours inaugural, Abdellatif Miraoui a souligné l'importance de la science et de la technologie dans la lutte contre les risques sismiques. Aux yeux du ministre, « cette nouvelle collaboration promet d'être particulièrement fructueuse, puisqu'elle réunit les compétences des scientifiques marocains en sismologie à l'excellence et l'expertise du Japon, leader mondial dans ce domaine ». « Le potentiel de cette collaboration est d'autant plus prometteur que le Maroc compte un Comité national spécialisé en sismologie et en géophysique. Ce dernier pilote une recherche scientifique, actuellement en pleine croissance, avec un nombre de publications indexées dans la base de données Scopus, ayant connu une augmentation de 54,3% depuis 2020 », a souligné le responsable. « Il est également remarquable que parmi les 1000 nouveaux doctorants moniteurs récemment lancés, un nombre significatif s'intéresse activement aux séismes », a-t-il fait remarquer, notant qu' « une telle vitalité démontre ainsi l'engagement continu du Maroc dans la recherche dans ce domaine ». De son côté, l'Ambassadeur du Japon au Maroc a affirmé que « ce projet aspire à renforcer le réseau national d'évaluation sismique ainsi que les capacités de réponse des autorités locales ». En sa qualité de représentant du Japon, pays confronté aux périls sismiques, Hideaki Kuramitsu a exprimé la disposition de son pays à apporter son soutien au projet par un financement de 9 millions de dirhams à l'UNESCO. Ce geste de solidarité s'ajoute aux nombreuses contributions du Japon en faveur du Maroc, depuis le séisme d'Al-Haouz. Pour sa part, le Directeur du Bureau de l'UNESCO pour le Maghreb, Eric Falt, a affirmé que « l'objectif du projet est d'aider le Maroc à appréhender mieux les risques sismiques, notamment dans la région d'Al-Haouz, et à s'y préparer convenablement. Cette initiative devrait renforcer le réseau national de surveillance des tremblements de terre, élever le niveau des compétences des professionnels marocains en sismologie, ainsi que mettre en place des initiatives de sensibilisation et d'éducation visant à informer et à préparer les populations locales aux risques encourus ». « Ce projet traduit la volonté de l'UNESCO de soutenir le Maroc dans la période actuelle de reconstruction, basée sur notre conviction commune dans le pouvoir de l'éducation, de la science et de la culture comme forces de résilience », a-t-il dit. Le responsable a rappelé également que, dès janvier 2021, l'UNESCO avait mobilisé sept équipements de haute technologie d'alerte précoce aux tremblements de terre au profit du Centre National de Recherche Scientifique et Technique (CNRST), grâce à un don fourni par la compagnie japonaise « Challenge Company Limited ». Même son de cloche du côté de Jamila El Alami, Directrice du CNRST, qui a salué l'expertise nationale dans le domaine des séismes, en rappelant que le Maroc dispose d'un système de surveillance et d'alerte sismiques déployé à l'échelle nationale, piloté par le CNRST à travers sa Division « Institut National de Géophysique » (ING). Dans un contexte connexe, la directrice a rappelé que le CNRST a réalisé avec l'UNESCO plusieurs études sur l'impact des tsunamis sur les côtes marocaines. Le projet en cours de réalisation concerne la zone d'El Jadida dans le cadre du programme « Tsunami Ready » pour la sensibilisation et la préparation des communautés côtières, ainsi que la couverture de la région par des capteurs sismiques et marégraphiques. Concernant la coopération avec le Japon, des cadres de la Division « Institut National de Géophysique » ont bénéficié de formations en sismologie, financées par l'Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA), et ce, depuis 1992, a-t-elle souligné. Pour rappel, l'UNESCO a signé le 16 février 2024 à Paris un accord de financement d'un montant de $ 894.087 avec le gouvernement du Japon pour la mise en œuvre dudit projet. Cette initiative, qui s'inscrit dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, vient s'ajouter aux efforts déjà entrepris par le Maroc pour atténuer les effets du séisme d'Al-Haouz. Le Maroc a mis en place depuis plusieurs années une politique de recherche dans le domaine de la sismologie, à travers l'extension du réseau sismologique géré par l'ING relevant du CNRST, et par le biais de nombreux travaux de recherche et de missions de terrain réalisés par les Universités marocaines.