Après plus de trois mois de perturbations à cause des grèves des enseignants, les salles de classes reprennent progressivement vie dans les différents établissements du Royaume. Les élèves abordent cette nouvelle rentrée avec enthousiasme, appréhension et espoir. Illustration au Lycée Moulay Abdellah de Rabat. Devant le lycée Moulay Abdellah de la capitale administrative, les élèves attendent impatiemment la sonnerie de cloche pour affluer à leurs classes, célébrant ainsi la fin de la rupture causée par les grèves des enseignants, ayant affecté 7 millions d'apprenants, selon les chiffres du ministère de l'Education nationale. « La période des grèves était très difficile pour nous, étant donné que nous n'avons pas pu suivre les cours de manière normale. Nos enseignants redoublent d'efforts pour compenser le retard et nous aider à réussir nos évaluations », avance Hiba Lmwouden, élève de 1ère année du baccalauréat au Lycée Moulay Abdellah. Dans cet établissement, tous les enseignants, sans exception, ont repris leurs postes pour le plus grand bonheur des élèves mais aussi de leurs parents. Un retour qui intervient juste après la signature par la Commission ministérielle et l'ensemble des syndicats de l'Education nationale de l'Accord du 26 décembre portant sur le nouveau Statut Unifié des fonctionnaires de l'Education nationale. « La reprise a été faite de manière graduelle sous la supervision du Directeur provincial. Au lendemain de la signature du dernier accord, la majorité des grévistes ont repris les cours, bénéficiant ainsi de l'annulation des imputations de leurs salaires alors que 40% a continué de protester», détaille le directeur du lycée, Othman Naji, et qui se dit satisfait de l'engagement des enseignants vis-à-vis des élèves. Au Lycée Moulay Abdellah, les enseignants sont au complet et aucun cas de suspension n'a été enregistré. Selon les informations fournies par Othman Naji, un seul enseignant a été suspendu à Rabat. Lequel a été vite remplacé par un autre pour garantir le déroulement normal des cours dans cette période très sensible.
Absentéisme post-grèves Mais, la reprise n'est guère sans défis. « Les apprenants ont traversé une période de frustrations et d'incertitudes sévères pendant les grèves, marquées par l'absence des enseignants dans les classes et l'interruption des cours réguliers », nous souligne le directeur de l'école qui a été témoin de la frustration des élèves pendant plus de trois mois. La reprise des cours, bien que souhaitée, a également introduit une certaine pression sur les apprenants, causant ainsi de l'absentéisme parmi certains. « Cela a nécessité un appel aux parents pour garantir la continuité des cours mais également pour panser les plaies des élèves », poursuit le responsable. A ce jour, les élèves laissent sentir une certaine incertitude par rapport au déroulement de l'année scolaire. « Tantôt impliqués, tantôt hésitants, ils sont soucieux de leur futur si jamais le Statut des enseignants accuse du retard pour voir le bout du tunnel », témoigne une enseignante à l'école.
Vacances sous le signe du rattrapage Dans les coulisses, on souffle déjà les préparatifs aux sessions de rattrapage du temps scolaire perdu, qui démarrent à compter du lundi 22 janvier qui marque le début des vacances scolaires. Liste de matières préparées, élèves déjà convoqués et enseignants engagés... tous les ingrédients sont là pour mieux appréhender les difficultés persistantes, les savoirs non acquis et les leçons et compétences qui n'ont pas été revues depuis trois mois à cause du mouvement de protestation. « Nous nous concentrerons pendant cette semaine sur les élèves des niveaux certifiants, notamment la première et la deuxième année du baccalauréat », s'est exprimé Jawad Rahmoun, enseignant d'Histoire et géographie. Outre les cours de vacances, ce jeune enseignant, de retour des grèves, a déjà entamé le rattrapage de ses heures en organisant des séances de soutien supplémentaires à ses élèves, notamment l'après-midi du vendredi et du samedi. Ces cours rattrapage rémunérés à hauteur de 200 dirhams au lieu de 80 dirhams auparavant, vont permettre aux 10 enseignants volontaires du Lycée Moulay Abdellah de compenser les retenues sur les salaires dictées en novembre dernier par le ministère de l'Education à l'encontre de 47.000 enseignants pour « absence illégale du travail », estime le directeur de l'établissement Othman Naji qui reconnait bien les difficultés qui entourent la présence des élèves dans ces cours.
Allégement des cours Suivant la note ministérielle du département de tutelle, les enseignants de l'établissement scolaire se focalisent, désormais, sur l'essentiel du programme pédagogique en vue de s'adapter aux échéances fixées après la prolongation de l'année scolaire en cours par une semaine supplémentaire. « Juste après le retour aux classes, nous avons fait un rappel des notions déjà faites avant d'entamer le reste du cours. Faute de temps, nous avons dû surpasser certaines étapes moins importantes pour minimiser le temps », Sara Afif, enseignante des Sciences mathématiques. L'enseignante prévoit de terminer les 50% restantes du programme du premier semestre, chamboulé par les grèves, après les vacances, période qui coïncide avec le deuxième semestre de l'année scolaire. Examens Outre l'allégement des cours, les enseignants du Lycée Moulay Abdellah s'efforcent de s'adapter au rythme de leurs élèves dont la capacité à suivre le programme scolaire était forcément compromise par les interruptions fréquentes dues aux grèves. Le défi, selon eux, est de terminer le premier semestre sur des résultats positifs en termes de programme et en termes d'assimilation. « Le contrôle continu du 1er semestre comprendra les axes pédagogiques du programme que nous avons eu avant la période des grèves, question d'alléger la pression sur les élèves et de garantir l'égalité des chances », rassure de son côté, Jawad Rahmoun. Dans ce contexte de pression, d'autres enseignants ont même reporté les contrôles pour la période post-vacances afin de donner le temps aux élèves de rattraper le retard et d'assimiler les cours restants.