Prolongation de l'année scolaire, intensification des heures de rattrapage... Le ministère de l'Education nationale s'attache à sauver l'année scolaire 2023/2024. L'implication des enseignants est plus que jamais de mise. Détails L'école publique se redresse petit à petit après des mois de crise ayant hypothéqué le futur de quelque 7 millions d'élèves. Les longs pourparlers entre le gouvernement et les syndicats les plus représentatifs de l'Education nationale ont été fructueux et ont enfin abouti à un accord définitif sur le nouveau Statut Unifié des enseignants. Un statut promis à stopper l'hémorragie du temps scolaire, sachant que quelques Coordinations maintiennent toujours les grèves bien que le gouvernement ait concédé des augmentations salariales et ait répondu favorablement à l'ensemble des revendications brandies par les enseignants. Maintenant que tout est presque remis dans l'ordre, le challenge est de taille pour le ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et du Sport, Chakib Benmoussa, qui s'efforce de garantir une meilleure gestion du temps scolaire restant, mais également de rattraper le temps scolaire perdu estimé à plus de 50 jours de classes, depuis les premières grèves menées par les enseignants en septembre dernier. C'est dans ce sens que la tutelle a dicté une réforme pour l'année scolaire 2023/2024, visant à améliorer l'organisation éducative des élèves de toutes les filières en vue de maximiser les apprentissages et garantir l'équité des opportunités pour tous les apprenants, impactés par les grèves depuis le début de l'année scolaire.
Prolongation vs année blanche
L'une des mesures de cette réforme consiste en la prolongation de l'année scolaire de manière uniforme d'une semaine pour toutes les filières éducatives, du 29 juin au 6 juillet pour les élèves du cycle primaire, du collège et de la première année du cycle secondaire. Quant aux élèves de la première année et de la deuxième année du baccalauréat, ils verront leur année scolaire prolongée du 28 mai au 4 juin 2024. Jugée insuffisante par certains, « cette extension est le maximum que la tutelle peut acter pour offrir aux élèves des niveaux certifiants un espace temporel supplémentaire pour l'achèvement des programmes dans des conditions pédagogiques et didactiques appropriées, tout en restant alignés sur les dates des concours d'accès aux grandes écoles et Universités au niveau national et international pour les élèves du baccalauréat », affirme Noureddine Akkouri, président de la Fédération nationale des associations des parents d'élèves du Maroc. Lequel estime que cette mesure serait la dernière chance pour sauver l'année scolaire afin d'éviter une année blanche qui ne profite à personne. Le département de Benmoussa prévoit également une adaptation des programmes scolaires à tous les niveaux, assurant ainsi l'achèvement des matières prévues. « L'accent sera mis dans le programme scolaire sur les connaissances de base du niveau scolaire actuel et dont l'acquisition est nécessaire pour le niveau scolaire suivant, mais également sur les matières qui feront objet d'examens nationaux selon la filière », explique Noureddine Akkouri. Les apprenants seront accompagnés dans cette transition par des mécanismes de soutien pédagogique gratuits et à distance, notamment via la plateforme nationale « TelmidTICE » et l'application mobile associée. Laquelle comprend un index intelligent qui permet aux apprenants d'acquérir plus facilement les connaissances et les compétences pédagogiques souhaitées et de consolider leurs acquis de manière efficace.
200 dirhams par heure supplémentaire
L'implication des acteurs de la communauté éducative est de mise pour garantir le succès de cette réforme. Ainsi, le ministère les incite à programmer des séances de soutien pédagogique rémunérées, sous forme d'heures supplémentaires au profit des élèves au cours de la semaine ou pendant les vacances du premier semestre ou autres. La valeur de la rémunération, estimée à 200 dirhams par heure selon notre interlocuteur, permettra d'encourager les enseignants à s'impliquer dans cette perspective. Dans cette même veine, les établissements d'enseignement publics seront ouverts pendant la soirée et les weekends afin d'assurer la bonne mise en œuvre des mesures de soutien scolaire approuvées par la Direction régionale de l'Education et de Formation.
Examens
Outre cela, le calendrier des examens nationaux, régionaux et locaux sera également ajusté, avec le report d'une semaine des dates prévues initialement. Le point culminant sera le lancement des épreuves du baccalauréat le 10 juin 2024, plutôt que la date initiale du 3 juin 2024. En ce qui concerne les autres niveaux scolaires, il a été décidé de programmer les Examens normalisés locaux de la 6ème année du primaire et de la 3ème année du cycle collégial au plus tard samedi 2 mars 2024. Il a été également dicté de programmer un examen par matière pour tous les niveaux scolaires pendant la période restante du premier semestre et d'organiser le nombre de contrôles continus du deuxième semestre dans toutes les matières et niveaux scolaires.
Retour obligatoire
Pour réussir ce chantier, le ministère s'engage à renforcer la coordination avec l'ensemble des acteurs et partenaires, à adapter les systèmes de gestion informatisée des examens, à la prise en compte des spécificités territoriales de chaque établissement d'enseignement, outre l'adoption des mesures administratives, pédagogiques et financières nécessaires, aux niveaux régional, provincial et local, dont les plans locaux détaillés de mise en œuvre. Sauf qu'au regard de Akkouri, la réussite de ces mesures implique l'engagement des enseignants et le retour des élèves en classe. Il appelle, ainsi, à sensibiliser les élèves concernant la reprise des cours tout en actant les mesures nécessaires contre les enseignants qui maintiennent les grèves malgré l'accord prometteur signé la semaine dernière entre la Commission ministérielle et l'ensemble des syndicats de l'Education nationale, même par les syndicats les plus récalcitrants tels que la Fédération Nationale des Enseignants qui n'a pas signé l'accord de principe du 14 janvier. Qu'en est t-il des écoles privées ? Bien que les grèves successives des enseignants n'aient pas impacté le programme pédagogique des écoles privées, les élèves de ces dernières sont impactés par les changements dictés dans le calendrier de l'année scolaire courante. Ce sujet a été au cœur d'une réunion tenue mardi à distance entre la tutelle et l'Alliance de l'enseignement privé. A l'issue de cette réunion, les établissements privés se sont vus accorder la liberté de décision en ce qui concerne les dates des contrôles continus tout en préservant les vacances partielles, et en chargeant une équipe pédagogique au sein du ministère de tutelle d'adapter le programme en fonction de l'élève.
Acquis historiques des enseignants
« Le nouveau statut offre un cadre propice à la mise en œuvre de la réforme de l'école telle que prévue dans la feuille de route 2022-2026 dans la mesure où il rend justice aux enseignants sur lesquels repose toute réforme du système éducatif », c'est ainsi que le ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa, a qualifié l'accord scellé la semaine dernière entre le gouvernement et l'ensemble des syndicats de l'Education nationale, à l'issue d'un cycle de négociations laborieuses et de discussions ininterrompues. En vertu de cet accord, les enseignants-cadres des Académies régionales d'Education et de formation (AREF) seront intégrés dans la Fonction publique au même titre que le reste des fonctionnaires, mettant ainsi fin à la confusion suscitée par la distinction entre les fonctionnaires et les enseignants-cadres des académies régionales.