Interrogé par les députés sur l'encombrement des services d'urgence dans les hôpitaux publics, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, a livré ses explications quant à la réalité de ces services qui demeurent, selon lui, surexploités. Détails. Lors de la séance dédiée aux questions orales à la Chambre des Représentants, Khalid Ait Taleb a rappelé que 80% des prestations de soins non urgentes sont dispensées par les services d'urgences . Ces cas, a-t-il fait remarquer, devraient être pris en charge par les centres de soins de santé primaires. En d'autres termes, a-t-il poursuivi, les unités de proximité et les centres de santé ne fonctionnent pas comme escompté pour recevoir les patients qui affluent aux urgences, provoquant ainsi de l'encombrement. Pour atténuer cette surcharge, "les centres de soin santé primaires doivent pleinement assurer leur rôle", a-t-il dit. Le dernier rapport du Conseil économique, social et environnemental, avait pointé du doigt plusieurs failles à cet égard, y compris ce qu'il avait qualifié de surexploitation des services d'urgence dans le secteur public résultant de divers dysfonctionnements tels que l'insuffisance de coordination dans les parcours de soins et la prédominance des urgences ressenties. Par ailleurs, le ministre a tenu à noter que le problème ne réside pas dans l'aspect logistique et les équipements mais surtout dans les ressources humaines et leur qualification. Sur un ton optimiste, le ministre a estimé que "d'ici 2025, l'indicateur des ressources humaines connaîtra une évolution notable, permettant au secteur une autosuffisance en personnel de santé, notamment grâce au plan régional de santé". Il est à noter que 25% des hospitalisations au sein des hôpitaux publics se font à partir des services des urgences, 47% des cas opérés l'ont été à partir des urgences en l'an 2021 et 66% au titre de l'année 2020, selon les derniers chiffres du ministère, cités dans le rapport du CESE. Selon la même source, le secteur hospitalier public compte 148 services d'accueil des urgences répartis selon la hiérarchie suivante: 94 services d'urgences médico-hospitalières de base au niveau des hôpitaux de proximité et hôpitaux provinciaux ou préfectoraux (UMHB), 23 services d'urgences médico-hospitalières complètes au niveau des hôpitaux régionaux et des CHU (UMHC), 31 services d'urgences médico-hospitalières spécialisées (UMHS). Pour rappel, le CESE avait préconisé une série de recommandations pour disposer d'une filière de prise en charge des urgences médicales garantissant des soins sûrs, dispensés de manière opportune, efficace, efficiente, équitable et centrée sur le patient. Parmi ces recommandations , le Conseil avait misé sur le développement et la valorisation des ressources humaines affectées aux services d'urgence à travers notamment, la promotion de la formation spécialisée en urgentologie et la reconnaissance de la pénibilité du travail, en veillant à mettre en place des leviers de motivation (revalorisations salariales, indemnisations spéciales, etc.). Ainsi, il a appelé à doter le SAMU de moyens logistiques, humains et financiers, étendre sa mission et son champ d'intervention pour inclure les secours sur la voie publique, en étroite coordination avec la protection civile.