A quelques jours de l'Aïd Al-Adha, c'est le paysage urbain qui se métamorphose, surtout dans les quartiers populaires. C'est l'effervescence partout : les souks, les grandes surfaces, les petits métiers... Aux entrées des villes, sur les terrains vagues, les éleveurs, ou plutôt les intermédiaires - « les chennakas » de moutons - se font les maîtres des lieux. Où qu'ils soient : au centre ville ou dans les banlieues, ils font la pluie et le beau temps durant ces jours qui précèdent l'Aïd. Ils vous tiennent le même langage, ils ont les mêmes stratégies pour leurrer les clients et ils ont l'art de jauger leurs marchandises et surtout leurs clients avant d'en fixer le prix. Le temps est révolu où plus on s'éloigne du centre, moins le mouton est cher. Aujourd'hui, où que vous soyez le tarif est pratiquement le même. Depuis l'avènement du téléphone portable, ces intermédiaires se communiquent l'état du marché, le flux des clients, les prix en cours et échangent tous les renseignements concernant chaque souk de moutons. Ils sont unanimes et solidaires en matière de vente, sachant faire bourse commune et décider du prix comme bon leur semble. Qu'il y ait un manque ou un excédent dans le cheptel, les prix tendent toujours vers la hausse, c'est que ce marché ne dépend pas uniquement de la seule loi de l'offre et de la demande. Il faut dire que ces spéculateurs, autrement dit « chennakas », ont mille et une façons pour arnaquer les clients, surtout ceux qui n'ont aucune expérience en la matière. Les méthodes sont diverses, il s'agit notamment d'augmenter le volume du mouton, et ce, en lui injectant de l'eau trop salée avec de la levure, au moment de l'achat, le mouton se porte bien, mais deux jours après, il perd plus de la moitié de son poids s'il ne décède pas avant d'être sacrifié. Pire, ces intermédiaires arrivent même à changer le sexe de la bête. Eh oui ! Une brebis peut facilement devenir un mouton. Il suffit juste de lui coller les cornes et de faire quelques petites transformations. Les clients sont appelés donc à faire preuve de vigilance puisqu'il s'agit parfois de leur santé. En effet, quelques intermédiaires arrivent souvent à vendre des moutons qui ne sont pas conformes aux règles du sacrifice. Il faut faire donc très attention au moment de l'achat. Le marché de « bétail » n'est pas le seul à connaître ce genre d'arnaque ou de fraude, malheureusement, même les épices sont devenues object de contrefaçon. En effet, les importations des épices et aromates portent de plus en plus sur des produits bas de gamme. Les marchands qui s'adressent aux berceaux naturels des bonnes épices sont devenus de plus en plus rares. Pour leurs prix inférieurs par rapport aux produits purs, les commerçants achètent aujourd'hui des produits à taux d'impureté trop élevés. Par exemple, une tonne de curcuma à 0% d'impureté coûte 1.800 dirhams, avec un taux de 10% il coûte 1000 dirhams. La contrebande ignore en effet les spécificités physiques et chimiques de ces produits, dès lors, ils peuvent facilement présenter un vrai danger pour la santé des consommateurs. Certes, Aïd Al-Adha est synonyme de festivités et de préparation de différents plats marocains, toutefois la vigilance reste de mise, pour que cette fête passe dans de meilleures conditions. Aïd moubarak à tous.