Au lendemain de la signature d'un accord bilatéral de défense entre Washington et Helsinki, permettant le déploiement de soldats américains en Finlande, l'ambassadeur du royaume scandinave a été convoqué ce 19 décembre au ministère russe des Affaires étrangères. L'ambassadeur de Finlande à Moscou, Antti Helantera, a été convoqué ce 19 décembre au ministère russe des Affaires étrangères suite à la signature d'un accord bilatéral de défense entre Helsinki et Washington, a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova. Cette dernière précise, dans un communiqué publié sur le site du ministère, que le diplomate finlandais s'est vu signifier que «la partie russe ne laisserait pas sans réponse l'accumulation du potentiel militaire de l'OTAN» à sa frontière. Accumulation qui «menace la sécurité de la Russie», qui «prendrait les mesures nécessaires pour contrer les décisions agressives de la Finlande et de ses alliés de l'OTAN», ajoute Maria Zakharova. Moscou regrette l'abandon par Helsinki de sa neutralité historique. «La responsabilité de transformer la zone de bon voisinage de cette région en une zone de confrontation possible incombe entièrement aux autorités finlandaises actuelles», conclut le communiqué. Le 18 décembre à Washington, le ministre de la Défense finlandais a signé un accord de coopération en matière de défense (DCA). Dans le cadre de cet accord bilatéral, qui selon la presse finlandaise «s'inscrit dans la continuité de l'adhésion de la Finlande à l'OTAN», Helsinki accordera aux Américains l'accès à 15 sites sur son territoire où ils pourront notamment stocker des armes et des munitions ainsi que déployer des forces. La Russie et la Finlande partagent une frontière de plus de 1340 kilomètres. Les relations entre les deux voisins se sont fortement dégradées depuis l'offensive russe en Ukraine, Helsinki prenant fait et cause pour Kiev. Début avril, suite à un rapprochement avec l'OTAN ces dernières années, le royaume scandinave est devenu le 31e membre du bloc militaire piloté par Washington.
«Maintenant il y a problème»
En réponse à cette extension de l'Alliance atlantique le long de ses frontières, la Russie a annoncé le renforcement de son dispositif militaire à sa frontière nord-ouest. «Nos troupes aériennes vont être multipliées face à cette nouvelle menace», a notamment déclaré ce 19 décembre le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou lors d'une réunion du collège de Défense à Moscou, évoquant l'accord bilatéral fraîchement signé entre Washington et Helsinki. «Il n'y avait pas de problème, mais maintenant nous en aurons, parce que nous allons créer une infrastructure pour le district militaire de la région de Leningrad et y concentrer certaines unités militaires», avait regretté le 17 décembre le président russe Vladimir Poutine, accusant au cours d'une interview les Occidentaux d'avoir «entraîné la Finlande dans l'OTAN». «Pourquoi en ont-ils besoin ? C'est une absurdité», a insisté le chef d'Etat. La Russie a, depuis le mois de mai et la révélation de ces négociations entre les Etats-Unis et la Finlande, prévenu qu'elle réagirait à un éventuel déploiement militaire américain en Finlande. La progression des frontières de l'OTAN vers celles de la Russie est dénoncée de manière récurrente par les responsables russes, depuis trois décennies, comme étant une menace pour la sécurité du pays et figure parmi les facteurs ayant conduit au conflit en Ukraine.