Depuis plusieurs années, moult affaires de trafic de drogue, de blanchiment d'argent ou de crime organisé, impliquant le Maroc et les Pays-Bas, peinent à voir le bout du tunnel, faute de coopération judiciaire adéquate. Pour ne prendre que les exemples les plus saillants, en 2018, la Cour de Bréda (dans le Sud des Pays-Bas, à la frontière belge) avait refusé la demande d'extradition émise par les autorités marocaines à l'encontre de l'ex-député marocain résidant aux PaysBas, Saïd Chaou, communément connu sous le nom de « Pablo d'Al-Hoceima». En 2020, l'affaire « Marengo », l'un des plus grands procès que les Pays-Bas aient jamais connu et au cours duquel 17 accusés ont été condamnés pour leur appartenance à la Mocro Maffia, a également rencontré quelques complications judiciaires, du fait de la coopération judiciaire timide entre Rabat et Amsterdam. C'est dire que le renouveau du partenariat maroco-néerlandais était plus que souhaitable, vu l'ampleur des réseaux tentaculaires de trafic de drogue qui lient les deux pays, sans oublier les pôles de blanchiment d'argent, qui mettent à mal leurs économies. Aujourd'hui, étant donné que la formation d'extrême droite de Geert Wilders - connue pour ses positions « islamophobes et souverainistes » - forme difficilement sa coalition gouvernementale, Amsterdam semble (enfin) déterminé à raffermir la coopération judiciaire avec le Maroc, en signant un accord d'extradition des criminels, de sorte à simplifier le transfert des personnes suspectées ou condamnées pour des crimes entre les deux pays. Face à la montée alarmante du crime organisé transnational, Dilan Yeşilgöz, ministre de la Justice et de la Sécurité des Pays-Bas, a déclaré clairement la volonté de son pays d'intensifier la lutte commune contre la criminalité internationale, via de nouveaux mécanismes qui seraient au même niveau que les pratiques illégales en matière de trafic d'armes, de drogues et d'êtres humains. Cet accord s'annonce a priori louable pour le Maroc, qui est aux trousses de certains délinquants cachés en Hollande depuis des années, mais demeure à double tranchant. Car rien n'empêchera les autorités néerlandaises d'exiger en contrepartie le rapatriement de milliers d'expatriés marocains, surtout avec un « Trump néerlandais » à la tête du gouvernement qui, en 2017, n'a pas manqué de traiter ces mêmes Marocains de «racailles», tout en exprimant sa volonté de débarrasser le pays pour « le rendre au peuple néerlandais ».