Le président américain Barack Obama a poursuivi dimanche son opération de charme en Asie en saluant le rôle moteur de la région dans la reprise économique et en lançant le dialogue avec la junte birmane, à qui il a demandé de libérer la dissidente Aung San Suu Kyi. A Singapour, M. Obama a cherché à démontrer sa volonté de "travailler en partenariat" avec les pays de la zone Asie-Pacifique, comme il l'avait affirmé samedi à Tokyo, première étape de sa longue tournée asiatique.Le sommet du Forum Asie-Pacifique (Apec) lui a offert l'occasion de rencontrer les leaders de cette vaste région qui regroupe 2,6 milliards de personnes et représente plus de la moitié du PIB mondial.Il a salué le fait que, "grâce aux actes rapides et coordonnés" décidés par ses dirigeants, l'Asie ait réussi "à sortir de la crise plus rapidement" que le reste du monde.Mais il l'a appelée à participer "au rééquilibrage" de l'économie mondiale car les Etats-Unis ne seront plus en mesure d'être le principal marché des exportations asiatiques. Au contraire, a-t-il expliqué, il serait souhaitable que "les Etats-Unis consomment moins et exportent plus". "Par exemple, si nous pouvions accroître nos exportations de 5% vers les pays de l'Apec, nous pourrions créer des centaines de milliers d'emplois américains". Parallèlement, les pays asiatiques, au lieu de lier leur croissance aux exportations, devraient donner priorité à l'augmentation du niveau de vie et du bien-être de leur population, notamment en investissant dans les infrastructures et les services, a poursuivi le président américain.Ces recommandations seront-elles entendues alors que plusieurs dirigeants de la région ont critiqué, parfois publiquement, les orientations économiques de Washington? Ils ont en particulier mis en cause sa tentation protectionniste et la faiblesse persistante du dollar.Ce débat restera au coeur de la longue tournée asiatique de M. Obama, attendu dimanche soir en Chine, pays salué à Singapour pour son apport décisif à la reprise de la région.Outre le sommet de l'Apec, l'autre point fort de l'étape de Singapour était la présence inédite, dans une même pièce, du président américain et d'un haut responsable de la Birmanie, en l'occurrence le Premier ministre Thein Sein.Cette rencontre s'est déroulée derrière des portes fermées dimanche en milieu d'après-midi, à l'occasion d'une réunion de l'Association des pays d'Asie du Sud-Est (Asean).En pratiquant la politique de la main tendue, l'administration américaine espère favoriser la démocratisation de la Birmanie, dirigée d'une main de fer par une junte militaire. M. Obama a toutefois réclamé à Thein Sein la libération de Mme Suu Kyi, la Prix Nobel de la paix privée de liberté durant 14 des 20 dernières années, selon Robert Gibbs, le porte-parole de la Maison Blanche.Le président américain avait en outre indiqué samedi à Tokyo que "les sanctions actuelles demeureraient jusqu'à ce que des avancées concrètes soient accomplies vers une réforme démocratique", tout en reconnaissant que ces sanctions n'avaient "pas permis d'améliorer la vie des Birmans". Cette rencontre avec le dirigeant birman n'est qu'une étape, aux yeux des Américains, qui s'attendent à "un effort à long terme" requérant "beaucoup de patience", a indiqué vendredi la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.