Plus de 1000 leaders financiers, décideurs politiques et régulateurs sont réunis pour relever des défis majeurs et créer une industrie financière de classe mondiale en présence de 20 ministres de l'Economie et des Finances, gouverneurs de banques centrales, vice-gouverneurs et autorités de régulation. Le 3ème Sommet de l'industrie financière africaine (AFRICA FINANCIAL INDUSTRY SUMMIT – AFIS) a tenu toutes ses promesses. Explications. La capitale togolaise, Lomé, a abrité récemment le 3ème Sommet de l'industrie financière africaine. Une question qui reste toujours d'actualité tant il est vrai que l'industrialisation du continent est un combat de longue haleine. En effet, comme le souligne Dr Paul Kananura, expert en la matière, l'état des lieux de l'industrialisation en Afrique est proche de 1 sur une échelle de 10. Selon notre interlocuteur, l'Afrique est encore vierge en matière d'infrastructures, de technologie et d'industrialisation. Pour lui, il faut repenser l'industrialisation et la diversification de l'économie africaine et développer les facteurs clés de succès de l'éclosion des PME nationales. Dans sa vision, trois politiques et outils complémentaires sont nécessaires, à savoir : accompagner le processus d'émergence des PME nationales et des industries légères et stratégiques ; renforcer les capacités d'innovation des PME nationales et investir dans les PME nationales pour développer leurs capacités à l'export. Cette réflexion montre l'enjeu de l'industrialisation du continent. Cet événement de référence de l'industrie financière africaine a réuni cette année plus de 1000 acteurs des secteurs de la finance mondiale (banques, assurances, fintechs, opérateurs de marchés de capitaux et de mobile money), de régulateurs et de décideurs politiques dont, aux premières loges, le président togolais, Faure Essozimna Gnassingbé Eyadema. Et la thématique de ce 3ème Sommet n'est pas fortuite.
Rivaliser avec les autres continents Il illustre la volonté des organisateurs de doter le continent d'un tissu industriel financier capable de rivaliser avec les autres continents. Communément appelé l'Africa Financial Industry Summit (AFIS), son thème de cette année est « Construire une industrie financière africaine de classe mondiale : une opportunité à 1500 milliards de dollars », ce conclave a été l'occasion de poser les vraies questions concernant ce secteur. Ainsi pendant deux jours, les participants ont débattu et discuté des voies et moyens pour parvenir à un meilleur financement des économies afin de sortir l'Afrique de l'étau de la dette qui frappe la plupart de ses pays, du renforcement de sa résilience face aux futurs chocs externes, et aussi des solutions aux phénomènes météorologiques extrêmes qui contribuent à aggraver la pauvreté et l'insécurité alimentaire sur le continent. Interrogé à ce sujet, un spécialiste est on ne peut plus clair : au fond, l'AFIS entend répondre à quatre enjeux cruciaux : contribuer au développement d'un secteur financier africain de classe mondiale et placer l'industrie des services financiers au cœur de la réussite du projet de Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Pour lui, il s'agit aussi de doper l'inclusion financière, assurer un financement durable des économies et donner une voix à l'industrie financière africaine dans les débats sur la régulation internationale. Car ces enjeux sont d'autant plus importants dans cet environnement macroéconomique difficile, marqué par cette inflation persistante, les problématiques de liquidité, de financement des PMEs et de refinancement. Autrement dit, il faut tirer parti de la situation au lieu d'attendre que l'orage passe, car l'Afrique est la nouvelle frontière. Dans ce contexte et pour construire sa propre industrie financière de classe mondiale et saisir cette opportunité estimée à 1500 milliards de dollars, l'Afrique doit « continuer à mobiliser les ressources locales, approfondir les marchés de capitaux, tirer parti des innovations technologiques, augmenter [ses] niveaux de pénétration financière », ont estimé les participants. Potentiel à exploiter
Sur la même lancée, l'Afrique doit réfléchir à des solutions qui la mèneront non seulement vers la transition mais surtout vers la disruption à laquelle elle aspire. D'autant plus que l'industrie africaine a le potentiel pour le faire, malgré les polycrises qui la travaillent depuis trois ans. Un point qu'a relevé dans son discours à l'ouverture de cette 3ème édition de l'AFIS, Faure Essozimna Gnassingbé, président de la République du Togo. « Le dynamisme économique en Afrique de l'Ouest a de quoi nous laisser optimiste. L'Afrique subsaharienne toute entière s'engage sur le chemin de la reprise. À plus long terme, la ZLECAf saura ancrer cette reprise dans la durée », a-t-il relevé. De son côté, le vice-président pour la région Afrique de la Société financière internationale (IFC), co-organisatrice de l'AFIS, Sérgio Pimenta, a souligné que « le secteur financier joue un rôle absolument essentiel dans l'accompagnement de l'émergence d'une Afrique inclusive et connectée, ainsi que de la transition énergétique du continent ». C'est dire l'importance de ce sujet. En effet, dans un contexte économique mondial instable, où l'Afrique fait face à l'inflation, à la hausse des taux d'intérêt, aux tensions sur les marchés mondiaux et au retrait des grandes banques et assureurs mondiaux, l'AFIS 2023 se positionne comme un catalyseur de la relance économique du continent en aidant à élaborer des actions indispensables à une finance inclusive, robuste et fiable.