Rendez-vous incontournable depuis plus de deux décennies, L'Boulevard revient avec sa 21e édition, offrant son grand banquet artistique. Ce jeudi, la scène Rap a embrasé Casablanca, inaugurant une édition qui promet d'être mémorable. Reportage. Depuis le début de la semaine, les discussions entre les jeunes Casablancais sont dominées par un seul sujet : L'Boulevard, cette célébration artistique exceptionnelle qui perdure et continue d'émerveiller depuis plus de 20 ans. Le jour tant attendu est enfin arrivé, jeudi 16 novembre.
Au cœur du vibrant quartier Oasis à Casablanca, le stade Racing universitaire de Casablanca (RUC) se métamorphose pour devenir l'épicentre d'une célébration artistique et culturelle exceptionnelle, en accueillant à bras ouverts la 21e édition de cet événement incontournable.
Le RUC, majestueux témoin des rivalités sportives, pendant quelques jours, se transforme pour devenir un sanctuaire artistique où les notes de musique, les éclats de rire et autres applaudissements résonnent dans les gradins comme un hommage vibrant à la créativité sous toutes ses formes.
Vers 16h, ce jeudi, une effervescence envahit les abords du RUC, le public se meut avec impatience, créant une marée humaine aux portes du stade. Les échos des conversations animées, la musique qui s'élève sporadiquement, et l'excitation palpable colorent l'atmosphère déjà chargée d'anticipation. L'entrée du stade devient une entrée magique, un passage vers une expérience artistique immersive. Les portes s'ouvrent, libérant un flot continu de spectateurs enthousiastes prêts à plonger dans ce monde envoûtant.
Les tremplins donnent le micro aux artistes émergents
Avant même le début de la compétition Tremplin, une plateforme privilégiée pour les jeunes talents et les artistes émergents. Depuis 1999, la musique anime déjà l'air, créant une toile sonore qui annonce l'explosion créative à venir. Vers 17h, l'alarme sonne, marquant le début d'une séquence palpitante. C'est l'heure tant attendue où les sept groupes de Rap, participants à la compétition, se succèdent sur la scène. Un après l'autre, ces talents émergents s'emparent du micro, déversant sur le public une cascade de rythmes et de paroles percutantes.
Chacun, avec son style unique, offre une performance captivante, utilisant la scène comme une toile pour exprimer son identité artistique. Le tour est venu pour Chocdope et EM, deux natifs de la métropole qui débordent d'énergie. Le public les a peut-être déjà aperçus sur la scène souk de L'Boulevard lors de l'édition précédente. Cette fois-ci, ils étaient sélectionnés pour la compétition officielle. Dès le premier pas sur la scène, ils ont enflammé le public jusqu'au dernier son de leurs prestations. Descendant de l'estrade, ils conservent une endurance à toute épreuve pour offrir un autre spectacle. « On avait une fringale qui nous habitait depuis un an pour ce moment, la joie nous hante depuis le courriel dans lequel nous avons découvert notre sélection pour les Tremplins. C'est un rêve que nous caressons depuis notre jeune âge, et il se réalise enfin », nous confie Chocdope, le sourire éclatant.
Juste à côté d'eux, Hicham Bahou, l'un des deux fondateurs de ce festival emblématique, ne retient plus sa joie. « C'est l'opportunité que nous voulions avoir pendant notre jeunesse, alors nous l'avons offerte à ces jeunes. C'est un art qui a toujours été dévalorisé, et nous avons déployé tous les efforts que Dieu nous a accordés pour le faire sortir des ténèbres imposées par la société », nous révèle-t-il avec une grande fierté. Shobee de retour, Tif pour la première fois au Maroc
Le dernier compétiteur des Tremplins cède la scène, le moment tant attendu est arrivé. Le tour est venu pour les artistes principaux. Deux rappeurs, dont le nom seul suffit à faire voyager des quatre coins du pays vers le stade RUC, s'apprêtent à embraser la toile. Artiste polyvalent, musicien et compositeur de talent, Shobee est une figure incontournable du rap marocain depuis plus de dix ans. Il a su réinventer les codes et les ambitions du genre, repoussant les limites et rêvant plus grand, parfois même au-delà des frontières nationales.
« Mon dernier passage sur la scène de L'Boulevard date de 2018 (dans le cadre du Shayfeen avec son ami d'enfance Small X, mais l'ironie des destins a voulu les séparer (une nouvelle ayant marqué le paysage hip-hop marocain).
« Depuis mon enfance, j'avais l'habitude de venir de ma ville natale de Safi jusqu'à Casablanca pour assister aux concerts de Rock, Métal et Rap. J'étais nourri et bercé par ces moments exceptionnels, et c'est ce qui m'a poussé à devenir ce que je suis actuellement », nous raconte Shobee avec un ton joyeux.
« Cela montre que ce n'est pas pour rien que je veux faire mon retour sur la scène à travers L'Boulevard après mon éclipse de la plateforme depuis trois ans, et c'est ainsi mon premier concert après la sortie de mon album », ajoute le rappeur. Quant à Tif, également connu sous le nom de Toufik, son parcours musical est marqué par une trajectoire fascinante. Originaire d'Alger, sa bonne étoile l'a guidé jusqu'à Paris, où il a rencontré le succès qu'il mérite en tant que rappeur mélomane. En 2022, il a sorti un EP intitulé « Houma Sweet Houma », qui porte également le nom de son label indépendant. En 2023, Tif a dévoilé un album empreint de nostalgie intitulé « 1.6 », démontrant ainsi la richesse de son talent artistique.
Cependant, l'excitation ne s'arrête pas là. Les trois prochains jours promettront un voyage musical diversifié et captivant. La journée dédiée à la fusion promet une exploration audacieuse de genres musicaux variés, créant une expérience sonore unique en son genre. Ensuite, le Metal et le Rock prendront d'assaut la scène avec des performances énergiques et des rythmes percutants.