Le 4 octobre 2023, notre confrère « Le Desk » a dévoilé des informations concernant 16 patients qui auraient « perdu la vue » suite à une injection dans l'œil à l'hôpital 20 Août de Casablanca. L'affaire s'est propagée comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, créant une onde de choc chez les internautes, qui n'ont pas manqué de tirer à boulets rouges sur les établissements sanitaires et leur ministère de tutelle. Cet incident a remis sur la table l'épineuse question de la défense des droits des patients en cas de fautes médicales, mais également celle de la justice envers les médecins, qui demeurent exposés à l'erreur, à l'instar des professionnels de tout autre secteur. Et si, aujourd'hui, une grande partie de la population, emportée par l'émotion, responsabilise les médecins-traitants, les praticiens, eux, appellent à renforcer les boucliers juridiques et les dispositifs de contrôle et d'investigation, afin que les professionnels du secteur puissent bénéficier de « procès » équitables. Mais loin de la polémique médecins-patients, cet incident pose également avec acuité le problème des conditions de travail des cadres de la Santé, les infrastructures médicales étant en deçà des attentes, sans oublier les longs shifts, la multitude de tâches... et la liste est loin d'être exhaustive. Des lacunes qui sont de notoriété publique et qui devraient être au centre de la réforme de la Santé, qui, pourtant, va bon train dans son volet dédié à « l'économie de la Santé ». Une réforme qui devrait également servir d'alibi pour renforcer l'arsenal juridique existant de sorte à équilibrer la relation entre médecin et patient. Mais la pierre angulaire de ce chantier n'est nulle autre que la très attendue question de l'accès à l'information, pour que les patients soient conscients des risques et des enjeux de leur traitement médical. Un dispositif qui pourrait être renforcé par des mécanismes de médiation et d'arbitrage pour éviter les litiges.