Il y eut de très nombreux morts, de très nombreux blessés. Les dégâts matériels sont considérables. Le montant financier s'annonce immense. Le séisme du 8 septembre ne doit cependant pas être vu sous l'angle de ces pertes. L'analyse nous invite à retenir ces premières leçons. Malgré la puissance des chocs, la prévention a fait ses preuves Il a été relevé que les impacts les plus lourds du séisme ont été circonscrits aux constructions anciennes et traditionnelles, les bâtiments les plus récents ayant opposé une resistance remarquée. La vulnérabilité du pays s'est révélée moindre qu'à Agadir en 1960 ou encore à Al Hoceïma en 2004. Les retours d'expérience et l'application massive des règles et techniques parasismiques ont fait que ce séisme, de 2023, bien que d'une force supérieure,soit moins meurtrier.
L'Etat a montré son efficacité Le Maroc est un pays administré de longue date. Il dispose d'un Etat solide et bien organisé autour du roi, commandeur des croyants et d'institutions démocratiques. Ceci explique qu'il ait montré une très forte résilience. Dans ce cadre historique et institutionnel, la combinaison des forces du caractère du people marocain et de son roi expliquent qu'une force d'intervention rapide a été mise en place. La reaction,presque immediate, de l'organisation des secours a fait que la violence soudaine du choc n'a pas anéantit le pays. Elle a, au contraire, renforcé la cohesion nationale. Pertes il y a, trop lourdes, trop douloureuses, trop couteuses. Cela ne fait pas de doute. Gains il y aura, même si ce mot peut apparaître aujourd'hui inadapté. La force morale montrée au Monde aura des fruits, non seulement en interne mais aussi sur le plan international. La force morale et spirituelle d'un peuple a marqué le monde La solidarité exprimée par tout un peuple, de Tanger à Dakhla en passant par les villes et les douars de montagne et du désert les plus reculés, a marqué le monde. L'Assemblée Générale des Nations-unies actuellement en session ne peut qu'être sensible à cette unite du roi et du gouvernement. Ce devrait être aussi le cas du gouvernement de Paris qui ne peut pas ignorer que les Français ont été en très profonde cohésion avec les Marocains depuis le 8 septembre. La spontanéité avec laquelle la solidarité s'est exprimée dans tous les coins de France à l'égard de ceux qui souffraient dans la region de Marrakech, ne trompe pas. Les liens entre nos deux pays sont si particuliers que certains n'hésitent pas à dire, depuis chacune des deux rives, qu'ils sont uniques. La foi n'est pas incompatible avec la science Pour terminer, je vais relater maintenant un échange avec l'un de mes amis chers. Pouvant penser que sa fille pouvait être à Marrakech, je l'ai appelé immédiatement. Il me rassura en me répondant avec une sincérité désarmante pour un Français, "tout va bien, les secousses nous ont bousculé, mais Dieu ne l'a pas voulu." Certains y verront un esprit dominé par un obscurantisme mediéval. Or cette personne possède une immense culture et manifeste en toutes choses une tolérance aux contradictions sociales assez rare. Je précise qu'il dirige une très belle entreprise faisant appel aux technologies les plus en pointe. J'ose y voir au contraire un trait caractéristique du Marocain qui connait ses classiques, les Grecs, les Romains, les Français et la philosophie arabe. L'explication par le divin n'est pas incompatible avec celle des sciences et des techniques. Il s'agit de deux mondes parallèles, qui n'entrent pas en conflit. La logique de l'un n'interferre pas avec l'autre. Les mécanismes de la foi et de la raison sont de natures si différentes, qu'ils ne peuvent pas converger et se rencontrer. Il y a donc de la place pour les deux modes de pensée. *Président de la Fondation FranceMaroc, Paix et Développement durable, Avocat au Barreau de Paris. Dernier ouvrage paru : «Lyautey et Moulays Youssef, l'histoire d'une amitié constructive» éditions Maia, Paris, septembre 2023