Tout juste après le séisme qui a secoué le pays, des millions de Marocains se sont mobilisés pour apporter de l'aide aux sinistrés. Une mobilisation preuve de grande solidarité et d'un fort patriotisme. Il est presque minuit, soit plus d'une demi-heure après la forte secousse tellurique qui a secoué le pays, les habitants de l'ancienne médina de Marrakech ont investi les rues, craignant l'effondrement de leurs foyers. Après des heures de paniques et d'échanges d'expériences, certaines personnes ont monté des tentes, d'autres ont sorti les petites bonbonnes de gaz pour préparer à manger pour tout le monde, tandis que d'autres sont même allés chercher des médicaments pour les personnes en besoins. «Dans des moments pareils, l'entraide est la clé», nous commente Bassma, une jeune étudiante en infirmerie, qui n'a pas manqué d'apporter de l'aide à ses voisins, traumatisés par ce drame inédit. Cet épisode de solidarité dans la cité ocre n'est qu'un exemple parmi tant d'autres qu'ont connus toutes les villes du Royaume touchées par le séisme. Dans la région d'Al-Haouz, épicentre du séisme, les habitants qui ont échappé à la catastrophe n'ont pas lésiné sur les moyens humains et logistiques, aux côtés des autorités locales, de la Protection civile et des services sécuritaires, qui se sont très vite rendus sur place. Dans cette zone où plus de 1.290 personnes ont perdu la vie, des équipes de médecins, infirmiers et pharmaciens bénévoles se sont mobilisées pour porter assistance aux sinistrés. Dans ce sens, la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM) a appelé « les pharmaciens, en particulier, et les cadres de santé et acteurs de la société civile, en général, à apporter l'assistance nécessaire, chacun selon sa position, en solidarité avec les victimes ». « Dieu merci, nous avons reçu de l'aide, mais nous avons encore besoin de plus, beaucoup plus », déplore Mohammed en pleurs, un cinquantenaire de la région, qui a perdu son fils lors de cette catastrophe.
Afflux massif vers les dons de sang Si l'aide des victimes repose en grande partie sur la transfusion sanguine, du Nord au Sud du Royaume, un afflux massif de donneurs de sang a été enregistré dans presque tous les centres régionaux de transfusion sanguine. A Tanger, une file d'attente kilométrique, hommes et femmes de tous les âges, s'est formée dès l'ouverture du Centre régional de transfusion sanguine, Centre hospitalier régional Mohammed V, pour participer à cet élan de solidarité destiné à renflouer les stocks des produits sanguins et répondre aux besoins des hôpitaux de la région. Selon Hassani El Mehdi, directeur du centre, «les donneurs se sont précipités, samedi, dès les premières heures pour donner leur sang, montrant leur grand degré de patriotisme». L'établissement avait anticipé un tel scénario et a mobilisé l'ensemble du personnel médical et paramédical. Une unité mobile de don de sang a été déployée au centre-ville et une deuxième unité mobile sera opérationnelle imminemment. « Ces unités accueilleront les citoyens tout au long de la journée au cours des prochains jours, en vue de renflouer le stock national de sang », nous indique-t-il. De Oujda à Dakhla, en passant par Rabat, Casablanca, Béni Mellal, Fès, Meknès... les dons se déroulent très bien. Cependant, plusieurs citoyens se sont déplacés vers les Centres de transfusion sanguine et n'ont pas pu faire don de leur sang à cause de la forte affluence des volontaires. Une information confirmée par Merieme et Mohamed, jeunes journalistes qui n'ont pas pu contribuer avec leur sang, bien qu'ils étaient sur place tôt le matin. Dans ce sens, Ikram Chahboun, responsable de sensibilisation et de communication du Centre national de transfusion sanguine à Rabat, a indiqué que le Centre est prêt à accueillir les gens durant toute la semaine.
FAR et DGSN à la rescousse A l'instar de toutes les forces vives de la nation, les FAR ont déployé d'urgence, sur hautes instructions royales, des moyens humains et logistiques importants, aériens et terrestres, ainsi que des modules d'intervention spécialisés à base d'équipes de recherche et sauvetage et d'un hôpital médico-chirurgical de campagne. Des détachements d'intervention, des avions, des hélicoptères, des drones et des moyens du Génie ainsi que des antennes logistiques sont déployés sur les lieux en vue d'apporter le soutien nécessaire aux différents départements concernés et aux populations sinistrées. Les engins militaires ont œuvré pour enlever des débris et dégager les routes pour fluidifier les opérations de sauvetage et d'assistance. Selon nos correspondants à Taroudant, l'armée marocaine a mis à disposition des victimes des camps où ils sont pris en charge intégralement. Pour les personnes gravement blessées, elles ont été transportées par hélicoptères ou ambulances, selon les cas, vers les différents hôpitaux concernés. ''Certaines personnes ont monté des tentes, d'autres ont sorti les petites bonbonnes de gaz pour préparer à manger pour tout le monde'' Tout comme les FAR, la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) a doublé les efforts pour dépasser la crise par laquelle passe le Maroc. Dès vendredi soir, des directives ont été adressées pour l'activation du système de gestion des risques. Toutes les ressources humaines et logistiques ont été mobilisées afin de secourir les victimes, minimiser les dégâts, tout en maintenant l'ordre public en ces temps qui peuvent être hystériques. En outre, le directeur du pôle DGSN-DGST, Abdellatif Hammouchi, a adressé à l'ensemble des préfectures, districts et commissariats, une note appelant à organiser une vaste campagne de don de sang auprès des éléments de la Sureté nationale, qui ont répondu présent. Véritable tragédie, le séisme d'Al-Haouz a fait plus de 2000 morts et de blessés, mais il a également montré la solidarité et le patriotisme d'un peuple prêt à tout pour son pays. Rime TAYBOUTA