Alors qu'il semble rassurant de constater que ce genre d'épisodes extrêmes est plutôt rare, il demeure légitime de s'inquiéter de la difficulté manifeste de le prédire lorsqu'il advient. La poussière a fini de retomber après deux journées éprouvantes marquées par le sceau d'une tempête de poussière qui a sévi dans plusieurs régions du centre du Royaume. À part les frayeurs et des images rares d'une ville de Marrakech dont l'ocre s'est infiltré dans l'air, les dégâts matériels de ce phénomène n'ont pas été considérables, même si cet épisode a coûté une vie humaine et quelques blessés dans la région. Si ce genre de tempête, à cette période de l'année, n'est pas très commun dans la région, il n'est pas non plus complétement inédit. « C'est rare de voir un épisode de tempête de sable à Marrakech. N'empêche que nous avons vécu par le passé des tempêtes similaires à des degrés moindres, parfois à des degrés supérieurs d'intensité », témoigne Abdelghani, un septuagénaire artisanat « depuis l'indépendance » dans la médina de Marrakech. Selon de récentes déclarations de la direction de météorologie nationale, la tempête qui a sévi « dans la région de Marrakech, l'Est, l'intérieur du pays, dans l'Atlas et à moindre mesure dans la région d'Agadir », est principalement dû à une instabilité atmosphérique qui avait par ailleurs fait l'objet d'un bulletin d'alerte. Le phénomène a donc débuté par la rencontre de masses d'air chaud (plus de 42°) présent dans les basses couches atmosphériques avec des masses d'air froid (-8°) en altitude. S'en est suivi la formation de nuages très instables donnant lieu à des averses localement orageuses accompagnées de vents forts qui ont produit le soulèvement d'un front de poussières et de sable à plusieurs mètres aussi bien horizontalement que verticalement. La tempête de poussière et de sable demeure cependant une simple conséquence locale d'un phénomène d'instabilité atmosphérique plus global. En dépit de son aspect impressionnant, la tempête observée s'est développé à petite échelle ce qui rend tirés difficile à prédire et encore plus difficile à comparer avec les tempêtes sahariennes qui se présentent parfois sous la forme de véritable mur de sable qui traverse le paysage... « Cet épisode a été moins intense que celui qui s'était produit le 18 juillet dernier dans la région de Benguerir, qui avait alors été marquée par une impressionnante tempête de poussière. Il y a plusieurs paramètres qui conditionnent la formation de ce genre d'instabilité, notamment les reliefs de l'Atlas qui ont joué un rôle dans le soulèvement des masses d'air dans les couches supérieures », a par ailleurs expliqué M. Youabd Houcine de la Direction de la Météorologique Nationale. À noter que le Sahara marocain connaît régulièrement des tempêtes de sable qui peuvent parfois se prolonger plusieurs jours. Le sable très fin peut être transporté à des centaines de kilomètres en dehors du désert. Lorsqu'une dépression est située au-dessus du Maghreb, les vents violents soulèvent le sable et, selon la direction du flux, il peut parcourir de longues distances. En particulier, dans le cas où un anticyclone est présent sur l'Est de la Méditerranée, le flux est du secteur sud et le sable de la tempête d'origine peut alors parvenir jusqu'en Espagne, en Italie, en France, et même dans les pays aux latitudes plus élevées. Des dépôts sableux résultant de pluie de sable peuvent être observés dans les rues, sur les voitures et rendre le ciel d'une teinte jaune orange.