Lors d'une opération de grande envergure, les services sécuritaires ont mis la main sur un réseau de fanatisés, actif dans plusieurs régions du Royaume. Une opération inédite qui couronne l'approche préventive qui est au centre de la stratégie nationale de lutte anti-terroriste. Détails. En ce mercredi matin, 26 juillet 2023, alors que tout le monde s'apprêtait à se rendre au travail, les services sécuritaires se préparaient à mener un coup de filet spectaculaire dans les milieux fanatisés. Une série d'opérations de ratissage qui ont abouti à l'interpellation d'une cinquantaine d'individus, soupçonnés d'être impliqués dans des activités terroristes avant d'être arrêtés. Ils étaient très actifs dans plusieurs régions du Royaume.
Ces opérations de grande envergure ont été couronnées de succès grâce à une étroite coordination entre les éléments de la Police judiciaire (PJ) et la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DGST), selon des sources sécuritaires. À l'issue de ces interventions, qui ont couvert plusieurs régions du Royaume, 21 individus fanatiques ont été maintenus en garde à vue parmi les personnes arrêtées, selon les informations recueillies par « L'Opinion » auprès des services sécuritaires.
Les investigations ont également révélé leur allégeance à plusieurs organisations terroristes, dont Al-Qaïda et Daech, ainsi que leur implication dans la propagande terroriste sur internet et l'embrigadement électronique. Les personnes arrêtées sont soupçonnées de préparer des attentats ayant pour but de porter atteinte à l'ordre public.
À l'issue des perquisitions menées au niveau des domiciles des personnes arrêtées, plusieurs manuscrits ayant un contenu extrémiste, des armes blanches et des manuels de fabrication d'explosifs ont été saisis. Certaines des personnes impliquées sont soupçonnées d'avoir des liens avec la cellule terroriste démantelée récemment, dont des membres ont été impliqués dans le meurtre d'un agent de police, en mars dernier, dans la banlieue de Casablanca.
Cet homicide, rappelons-le, avait été commis par trois individus partisans de Daech, qui ont froidement tué le policier et mutilé son cadavre. Un meurtre qui avait alors choqué l'opinion publique.
Approche préventive : les raisons de la rapidité d'intervention
Comme à l'accoutumée, par ce nouveau de filet anti-terroriste, les services sécuritaires restent fidèles à leur approche préventive. Une approche dont le but est d'avorter les attentats à leur stade préparatoire avant le passage à l'acte. C'est-à-dire tuer l'oiseau dans l'œuf.
La stratégie marocaine, dont l'efficacité est reconnue au niveau international, se base sur une surveillance minutieuse de l'activité des individus radicalisés. C'est le fruit d'une stratégie globale, nous avait indiqué le patron du Bureau central d'investigations judiciaires, Habboub Cherkaoui, dans une interview accordée précédemment à « L'Opinion ».
Cette efficacité opérationnelle trouve ses racines également dans la législation nationale qui donne une large marge de manœuvre aux services sécuritaires. D'autant plus que la loi n°03-03 relative à la lutte antiterroriste criminalise les projets terroristes avant même le passage à l'acte.
En effet, l'arsenal juridique, tel que rédigé par le législateur, est lui-même préventif puisque la loi 86.14 permet de contrer les éléments enrôlés par des organisations terroristes basées à l'étranger. En gros, dès que l'intention devient un fait matériel, appuyé par des preuves, les services compétents peuvent intervenir immédiatement.
La stratégie du Royaume se focalise aussi sur la prévention. C'est-à-dire l'accompagnement des personnes par des programmes de déradicalisation. Quand il s'agit de périls terroristes, les autorités marocaines ne font guère preuve d'indulgence. Cela fait des années qu'on en a fini avec les mosquées anarchiques qui furent pendant des années des fourmilières d'individus radicaux et des centres d'endoctrinement.
Reste maintenant les cellules dormantes qui se réveillent à intervalles réguliers dans différentes zones du Royaume. D'où l'importance de dispositif de surveillance et de traçage qui permet aux services sécuritaires de cerner les cellules terroristes et appréhender leurs modes opératoires.