Casablanca est une métropole qui ne cesse de s'étendre, mais cet essor urbanistique est bien plus à l'avantage du béton qu'aux espaces verts, au grand désespoir des casablancais qui se voient pour le moment condamnés à se contenter d'une parcelle de verdure dérisoire (à peine 1m2 pour chaque habitant). Ce qui est, selon l'inspection régionale du Grand Casablanca relevant du ministère de l'aménagement du territoire, de l'Eau et de l'Environnement, très en dessous de la norme admise (10 m2 par habitant au minimum). Et encore loin des normes reconnues par l'Organisation Mondiale de la Santé, qui sont de l'ordre de 20 m2 par habitant. Au premier abord, ce constat : les espaces les plus importants plantés à Casablanca datent de la période coloniale avec une surface d'environ 165 Hectares, précise la même source. Une surface qui, 50 ans après, a été à peine doublée avec aujourd'hui quelques 300 hectares d'espaces verts. En revanche, on assiste à une extension exponentielle et diffuse du tissu urbain de près de 20.000 hectares bâtis. Ce qui n'arrange en rien la qualité de l'air et donc de vie des quatre millions d'âmes qui vivent dans la métropole sans compter les milliers qui y transitent par jour. Et sur le registre de la qualité de l'air, l'état des lieux dressé par l'inspection régionale du Grand Casablanca, montre du doigt l'activité industrielle dont la forte concentration à Casablanca représente un potentiel important de pollution atmosphérique et liquide. De cette source, on apprend ainsi que les émissions atmosphériques des unités industrielles représentent par rapport à la pollution industrielle globale, 97 pc d'émissions pour le monoxyde de carbone, 94 pc pour les oxydes d'azote, 88 pc pour les dioxydes de souffre, 99,5 pour les composés organiques volatiles et 85 pc pour les poussières. En clair, les industriels sont les grands pollueurs de la métropole. Et pour boucler la boucle, la pollution générée par les moyens de transport (37 pc du parc national) avec en pool position les automobiles à essence qui constituent les principales sources d'émissions de CO, de COV et de NOx tandis que les véhicules diesels sont à l'origine de la majeure partie des émissions de SO2 et des particules. Toute cette alchimie suffocante constitue donc une menace permanente pour la santé des citoyens qui n'ont pour refuge pour le moment que quelques parcs dont la plupart n'ont pas résisté à l'usure du temps et surtout à une négligence manifeste, en l'occurrence, Sindibad, Yasmina, Aïn Sebaâ, Aïn Chock, Ifriquia et Unesco dans le quartier de l'Hermitage. Conscients de ce manque flagrant en espaces verts, les autorités et les élus locaux tentent depuis quelques temps de remédier à cette situation et de redonner des couleurs et une nouvelle bouffée d'air pur à la ville blanche. Ainsi, le Conseil de la ville, en partenariat avec différents partenaires, notamment la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement, a lancé plusieurs chantiers de réhabilitation des espaces verts existants et aussi une vaste opération de plantation d'un million d'arbres. Mais il semble que cette dernière opération lancée en décembre 2003 en partenariat entre la Wilaya, le conseil de ville, la Caisse de dépôt et de gestion et le Haut commissariat aux Eaux et Forêts, risque d'accuser beaucoup de retard en raison surtout de la difficulté humaine et matérielle d'assurer un entretien régulier et un suivi conséquent des plants comme le craint, sous couvert d'anonymat, ce paysagiste dans l'arrondissement de Hay Hassani. Dans la perspective de doter Casablanca d'un cadre de vie agréable, le Conseil de la ville et les différents partenaires associés à l'oeuvre, projettent depuis des années de réhabiliter et restaurer le parc de la Ligue Arabe, le parc de l'Hermitage et les jardins d'accès à Sidi Bernoussi. Parmi les projets inscrits dans ce programme, on cite aussi la réhabilitation de l'ancienne décharge de Sidi Moumen, les espaces verts d'accompagnement sur le Boulevard Mohammed VI, l'aménagement et la réhabilitation du jardin Achabab ainsi que la réhabilitation du Zoo Ain Sbaa longtemps laissé à l'abandon. A cela s'ajoutent un programme de reforestation régionale sur une superficie de 300 hectares initié par le Haut commissariat aux Eaux, la Wilaya et le Conseil de la région du Grand Casablanca ainsi que l'aménagement d'une ceinture verte des deux côtés de l'autoroute et des chemins de fer porté par la Wilaya du Grand Casablanca. Un vaste chantier pour faire enfin de Casablanca une ville qui porte bien son nom et où il fait bon vivre.