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African Lion 2023 : Une édition au front contre le terrorisme ! [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 07 - 06 - 2023

La 19ème édition de l'exercice African Lion est déjà lancée. Une édition centrée sur les nouveaux types de menaces et les techniques de la guerre asymétrique. Décryptage.
C'est parti pour la dix-neuvième édition de l'exercice African Lion dont le coup d'envoi officiel au Maroc a été donné, lundi 5 juin, à Agadir. Lors d'une cérémonie officielle présidée par l'Inspecteur Général des FAR et Commandant la Zone Sud, le Général de Division Mohammed Berrid, et le Brigadier général Brian T. Cashman, Commandant Général adjoint de la Force opérationnelle en Europe du Sud.
Au siège de l'Etat-Major de la Zone Sud à Agadir, le climat est solennel. Un silence sépulcral règne au moment de l'entrée des deux généraux. L'air sévère digne des militaires conscients de la charge de la mission, ils sont entrés dans une scène spectaculaire devant les caméras qui se pressaient pour immortaliser ce moment, avant de rejoindre leurs bancs. Ce lundi, la base d'Agadir ressemble à un Quartier Général en pleine opération. Les militaires sont tous en treillis de combat. L'air placide, le regard sérieux et l'allure martiale, leurs visages reflètent la solennité du moment. En pénétrant au sein du lieu de la cérémonie de lancement, on dirait une réunion d'état-major avec une gigantesque planification qui sert de repère lors des présentations.

Apprendre à faire la guerre en coalition
Cet exercice, le plus grand en termes de taille et d'envergure en Afrique, vise à renforcer l'interopérabilité entre les pays participants et leur capacité de conduire et de coordonner efficacement des opérations conjointes. Autrement dit, il s'agit d'apprendre à « faire la guerre ensemble ». « Les différentes activités programmées constituent une aubaine, pour mieux appréhender le concept d'interopérabilité, aussi bien linguistique et technique que procédurale, offrant ainsi à nos forces un cadre de préparation adéquat pour agir ensemble avec les mêmes standards », a expliqué à cet égard le Général Berrid lors de son allocution.
Les Forces Armées Royales savent bien ce qu'elles veulent obtenir à l'issue de l'exercice. Trois objectifs clairs sont tracés : améliorer l'interopérabilité opérationnelle, technique et procédurale, l'intégration des hommes et la synergie des moyens. Plus important encore, les FAR veulent également développer leur capacité d'appréciation des situations, dont dépend beaucoup la prise de décision.
Aux yeux des Américains, des exercices du genre d'African Lion sont d'autant plus importants, voire vitaux, d'un point de vue stratégique que le continent connaît une montée en flèche des conflits armées. « Actuellement, il y a plus d'une dizaine de conflits à travers l'Afrique », a déclaré, pour sa part, le Général Cashman, qui n'a pas manqué de faire part de son inquiétude de la vague d'extrémisme qui déferle de l'Afrique de l'Ouest. « Nous devons rester vigilants pour être en capacité de faire face aux nouvelles menaces qui se profilent », a poursuivi le général américain, soulignant qu'African Lion permet aux pays alliés d'agir comme un seul corps en cas de crise ou de conflit.

Vers de nouveaux types d'exercices ?

Cette année, il ne faut pas s'attendre à de grands changements dans la nature des exercices par rapport aux années précédentes. Interrogé sur ce point par « L'Opinion », le Lieutenant-Colonel Richard Towner a expliqué que l'Armée américaine est dans une logique de consolidation des acquis. « Je dirai qu'il s'agit plus de consolider les acquis des exercices tenus lors des années précédentes que d'en inventer de nouveaux », a-t-il souligné, ajoutant : « Notre objectif est de faire mûrir et développer les manœuvres dont nous sommes habitués à tenir ensemble ». Le Lieutenant-Colonel rappelle qu'il « s'agit d'un exercice global où toutes les composantes des armées sont engagées ». « Quand vous associez des exercices terrestres, maritimes et aériens en même temps, vous avez des résultats probants en termes d'efficacité », a-t-il poursuivi.
En effet, les exercices sont conçus en fonction de la nature des conflits qui tenaillent le continent africain et qui sont généralement des guerres asymétriques ou des luttes de guérilla semblables à celles que représente le Polisario. Raison pour laquelle African Lion a pour vocation de simuler des opérations adaptées à ces menaces dans le cadre d'une coalition. « En menant des activités d'entraînement avec nos partenaires africains, nous développons une force commune pour lutter contre les groupes extrémistes en Afrique à travers une meilleure interopérabilité. Par conséquent, nous sommes certains d'être aptes à nous déployer efficacement avec nos partenaires là où il y a des menaces, que ce soit au niveau maritime, aérien ou terrestre », précise Richard Towner, ajoutant : « Grâce à African Lion, nous sommes en mesure de renforcer cette capacité d'intervention avec nos alliés ». « Cela fait dix-neuf ans que nous faisons et nous continuerons de le faire dans les années à venir afin de faire avancer ce partenariat unique », a conclu le militaire américain.
En fait, la conception des différents types d'exercices et de manœuvres fait l'objet d'une étroite coordination entre les armées participantes au niveau des Etats-Majors de la "Task Force". Ceci se fait au niveau du Centre de planification opérationnelle. C'est là où sont conçus les exercices tactiques terrestres, maritimes, aériens et combinés. Comme à l'accoutumée, les forces engagées s'entraînent à plusieurs niveaux. Il y a un exercice combiné des forces spéciales, des opérations aéroportées, un exercice humanitaire sous forme d'Hôpital de campagne, un exercice anti-débarquement ennemi et des exercices de lutte contre les armes de destruction massive. Il convient de rappeler que l'exercice tactique qui se déroule sur le champ Cap Drâa, près de Tan-Tan, demeure l'un des exercices les plus importants et les plus spectaculaires vu que c'est l'exercice de clôture où toutes les composantes des Armées (air, terre et mer) sont déployées simultanément. Infanterie mécanisée, artillerie de longue portée et aviation agissent de concert dans le cadre de la simulation d'une opération tactique de grande envergure.
Pour rappel, l'exercice "African Lion" reste un rendez-vous annuel qui contribue à consolider la coopération militaire maroco-américaine et également à renforcer l'échange entre les forces armées de différents pays en vue de promouvoir la sécurité et la stabilité dans la région. A l'instar de l'année dernière, la 19ème édition aura lieu dans sept régions du Maroc, à savoir Agadir, Tan-Tan, Mahbès, Tiznit, Kénitra, Benguérir et Tifnit.

Anass MACHLOUKH


Trois questions au Major Charlie Turner « Le Royaume-Uni compte participer de façon plus conséquente dans les années à venir »
En quoi consiste le rôle de la délégation britannique ?
-Durant les deux dernières semaines, nous étions engagés dans la phase académique dans laquelle nous avons dispensé des formations en planification au profit de nos partenaires marocains. Nous avons également mis l'accent sur les volets spécifiques tels que la logistique, la cyber-guerre, techniques de combat... etc.

Pour nous, c'est très important parce que cela nous donne l'opportunité de découvrir le mode d'emploi de nos partenaires marocains et vice-versa, ce qui nous permet d'améliorer notre interopérabilité. Ensuite, à partir de cette phase, nous sommes allés vers une étape plus importante où nous nous trouvons en capacité de travailler avec des officiers marocains au sein d'un Quartier Général dans le cadre d'une coalition sous commandement américain. C'est une expérience très instructive.

Le Royaume-Uni est de plus en plus représenté dans les exercices militaires multinationaux tenus au Maroc. S'agit-il d'une volonté britannique de raffermir la coopération avec le Maroc en allant à la vitesse supérieure ?
- En effet, comme vous pouvez le constater, le Royaume-Uni, à travers sa représentation, attache une importance particulière à sa participation à African Lion et s'y investit pleinement. Certes, cette année, notre participation se limite au niveau de la planification et au côté académique. Mais, nous avons l'intention de participer de façon plus conséquente dans les années à venir au niveau des Quartiers Généraux. Nous avons l'ambition de hisser le niveau de la coopération.
Combien de militaires britanniques sont-ils engagés ?
-Notre staff est composé actuellement de 35 membres qui sont déployés dans les Quartiers Généraux. Ils sont engagés dans des missions de formation théorique et dans les exercices de planification sous commandement américain.

Recueillis par A. M.

Exercices : L'importance de la simulation
Du point de vue du Général Mohammed Berrid, « l'entraînement sur la conduite par simulation est d'un excellent apport pour le drill des Etats-Majors combinés, puisqu'il est la « charpente de toute Opération multinationale de niveau opératif » et « devrait être programmé au titre de chaque édition, si ce n'est à un niveau élargi, alors, au moins, dans un format réduit ».
Pour cette raison, le nouvel Inspecteur Général des FAR a invité les planificateurs des deux parties « à étudier la possibilité de concevoir un format adapté pour le déroulement de l'exercice de simulation chaque année ». « Il reste évident que c'est à travers ce genre d'activités que nos forces seraient initiées sur la maîtrise avec discernement des impératifs et des contraintes liés à la réussite de la conduite des opérations dans un cadre multilatéral », a-t-il indiqué lors de son allocution.
Le Général est revenu sur l'importance de ce rendez-vous qui, selon lui, « a atteint un degré de maturité inédit », en offrant une opportunité réelle pour ce genre d'entraînement. « D'ailleurs, plus de 32.000 hommes ont pris part aux différentes activités, au fil des éditions passées », a-t-il rappelé.
L'info...Graphie
HIMARS, Apache : Les nouveaux « Game Changer » mis à l'épreuve
Bien qu'il se déroule chaque année, African Lion est loin d'être un rendez-vous routinier. C'est un exercice d'une importance capitale pour tous les pays participants et particulièrement le Maroc, hôte principal. En plus de la valeur symbolique que cet exercice confère, le Forces Armées Royales se trouvent chaque année devant l'opportunité de se déployer à grande échelle et expérimenter les nouveaux équipements américains dont se dotera le Royaume prochainement. Le Maroc, qu'on le rappelle, est sur le point de recevoir des hélicoptères « Apache » et des lance-roquettes « HIMARS » qui sont au cœur du dispositif engagé dans les exercices d'artillerie et les manœuvres tactiques. Là, c'est une chance pour les pilotes et les artilleurs marocains d'affiner leur formation avant l'arrivée de ces équipements sur lesquels le Maroc parie beaucoup pour moderniser son arsenal.
Pour ce qui de l'Apache, les pilotes marocains l'ont d'ores et déjà expérimenté, sachant qu'ils ont commencé à s'y initier depuis 2021. Le Colonel Khaled Samit, commandant de l'escadre AeroCombat des Forces Royales Air, a été le premier Marocain à monter à bord du fameux hélicoptère dans lequel il a survolé le ciel de l'Utah aux Etats-Unis. Le Maroc, rappelons-le, devrait recevoir 24 exemplaires du modèle « Apache AH-64E » en 2024. Le délai de livraison n'est pas encore certain en ce qui concerne les HIMARS, dont le Maroc devrait obtenir 18 exemplaires. L'Administration américaine a validé ce contrat dont le montant s'élève à 524,2 millions de dollars.


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