Comme prévu, une réunion maroco-espagnole groupant des hommes d'affaires a eu lieu, ce lundi, à Madrid au siège de la Confédération Espagnole des Organisations d'Entreprises (CEOE), l'équivalent de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), pour passer au crible les avantages et les opportunités que le Maroc représente pour les entreprises espagnoles. Ce jour-là, les représentants des entreprises et les officiels des gouvernements du Maroc et de l'Espagne ont pris la juste mesure de l'importance des relations entre les deux pays "dans un contexte international aussi complexe" que l'actuel, via la promotion de l'activité des entreprises dans les deux pays. Pour cette raison, Antonio Garamendi, président de la CEOE, a mis en avant l'avantage du Maroc comme "porte d'entrée" pour les entreprises espagnoles et les investissements en Afrique. La rencontre, sous le signe : « Investir au Maroc pour la prospérité commune », a été ouverte par le président de la CEOE, Antonio Garamendi, son homologue marocain, Chakib Alj, le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme d'Espagne, Héctor Gómez, le ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Evaluation des Politiques publiques du Maroc, Mohcine Jazouli ; et le président de la Chambre de commerce espagnole, José Luis Bonet. Dans son discours d'ouverture, Garamendi a salué cet événement, qui favorisera les relations entre l'Espagne et le Maroc à travers le rôle des entreprises, en raison de l'importance du Maroc pour les investissements privés espagnols. Actuellement, le Maroc se classe au premier rang des investissements directs des entreprises espagnoles en Afrique. "Cette rencontre montre l'importance que les deux pays attachent à leurs relations", a commenté le chef de l'organisation patronale. Le Maroc et l'Espagne, une relation économique basée sur la complémentarité Le président de la Chambre de commerce espagnole, José Luis Bonet, a aussi abondé dans le même sens, en considérant le Maroc comme un partenaire stratégique de l'Espagne "dans tous les domaines". Il a en outre souligné la bonne situation économique dans laquelle se trouve le Royaume, faisant valoir qu'il dispose d'une économie stable, dynamique et hautement compétitive, ce qui devrait permettre, à l'occasion de cette réunion, de générer des synergies et « mobiliser de nombreuses PME dans ce processus". Bonet a souligné dans son allocution "les nouvelles opportunités offertes par le Maroc en tant que plateforme commerciale internationale", ainsi que son rôle de "partenaire stratégique de l'Espagne dans tous les domaines", préconisant de nouer « des alliances à long terme avec des partenaires locaux ». Côté marocain, le ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Evaluation des Politiques publiques, Mohcine Jazouli, a insisté sur "les liens forts et historiques" existant entre les deux pays, rappelant les "18 accords ou protocoles" signés comme étant « la base d'une amélioration significative de la coopération ». "Le Maroc est une terre d'opportunités et un partenaire fiable", a plaidé le ministre, soulignant qu'avec une économie "diversifiée et moderne", il dispose de tous les atouts pour "servir de porte d'entrée vers l'Afrique". Il n'a pas manqué de relever qu'il existe "une marge de progression importante dans le domaine de l'investissement : l'Espagne est le cinquième investisseur étranger au Maroc", a-t-il indiqué.
Les officiels marocains ont dressé à l'occasion l'état des lieux de différents secteurs, comme celui de l'automobile, qui s'est renforcé au cours de la dernière décennie avec l'arrivée de fabricants comme Stellantis, lequel doublera sa production dans le Royaume. Ce groupe automobile dispose d'une usine à Kénitra (ouverte en 2019), dans laquelle l'entreprise va investir 300 millions d'euros pour porter sa capacité de production à 400.000 unités par an.
Dans le même temps, le ministre marocain a souligné les opportunités potentielles que le Maroc offre aux investissements espagnols, d'autant que le pays est "l'une des cinq principales puissances économiques d'Europe". "Le Maroc entre maintenant dans une nouvelle phase de développement, avec une forte attention sur l'attraction des investissements privés". Les participants au forum ont insisté sur la nécessité d'une intégration des chaînes de valeur entre les deux pays pour garantir une plus grande prospérité économique partagée, ainsi que sur la particularité des deux pays en tant que plateformes d'accès aux marchés européen et africain.
Le président de la CGEM, Chakib Alj, a affirmé que le Royaume "offre un énorme potentiel de croissance et d'investissement", et incité "les investisseurs à considérer le Maroc comme une plateforme de croissance des marchés". « Nous avons une opportunité incroyable de profiter du potentiel offert par le continent africain », a-t-il insisté. Pour sa part, le ministre espagnol de l'Industrie, du Tourisme et du Commerce, Héctor Gómez, a salué l'importance de cette rencontre, souhaitant qu'elle soit fructueuse pour les relations d'affaires entre l'Espagne et le Maroc. Dans la même veine, Gómez a souligné que la présidence espagnole de l'Union Européenne (UE), à partir du second semestre de l'année, lui permettra d'avoir "une relation directe avec le continent africain" à travers le Maroc, en perspective de construire les ponts nécessaires pour faciliter l'investissement et le développement économique des deux pays. Promouvoir l'investissement privé Cette conférence a vu également la participation des co-présidents du Conseil économique Maroc-Espagne (CEMAES), Adil Rais et Clemente González Soler, qui ont expliqué le rôle du CEMAES dans la promotion de l'investissement privé entre les deux pays. Rais a exprimé le souhait d'améliorer le flux d'investissement jusqu'à atteindre la parité entre les deux pays, en préconisant de stimuler les opportunités des entreprises utilisant l'Espagne et le Maroc comme levier d'entrée en Europe, en Amérique latine et en Afrique. Clemente, pour sa part, a demandé à "en savoir plus sur le Maroc" et toutes les possibilités du marché, ainsi que de connaître l'environnement en vue d'éventuels investissements, afin de minimiser tout risque pour l'entreprise. Pour cela, Adil a exposé les mécanismes d'accompagnement des investisseurs étrangers et locaux tels que mis en place par le Maroc. Un protocole financier de 800 millions d'euros ciblant le Maroc Le Maroc a désigné 12 secteurs stratégiques qu'il considère particulièrement intéressants et attractifs pour les investissements porteurs de développement du pays. L'Exécutif envisage de la sorte la création de 100.000 emplois à l'horizon 2026. Du point de vue du gouvernement espagnol, ce n'est pas non plus un enjeu mineur, comme le dénote l'enveloppe de 800 millions d'euros qu'il a consacrée pour le développement de l'énergie renouvelable, de l'eau, des transports, de la logistique, de l'agroalimentaire, de l'industrie et de l'innovation dans le cadre de la stratégie Horizon Afrique, dans laquelle le Maroc joue un rôle prépondérant. L'agriculture
Le gouvernement marocain promeut et diversifie le secteur agricole dans le but d'atteindre l'autosuffisance du pays et de continuer à progresser en tant que puissance exportatrice de produits agricoles et d'accroître sa présence sur les marchés européens. Le "Plan Maroc Vert", ainsi que l'initiative "Stratégie Génération Green 2020-2030", visent à répondre à ces attentes et offrent de bonnes perspectives commerciales et d'investissement, propres à inciter l'initiative des entreprises espagnoles d'équipements, de machines et de technologies pour la culture, la transformation agricole et la gestion de l'irrigation. Les énergies propres et l'eau potable En matière d'énergie renouvelable, il existe des opportunités importantes pour les entreprises espagnoles, avec divers projets et initiatives promus par le Maroc afin d'étendre la capacité du pays à produire de l'énergie solaire et de devenir l'un des principaux exportateurs dans le monde. D'autre part, la pénurie d'eau qui menace le pays motive le développement de projets soutenus par le gouvernement, visant à rationaliser l'utilisation de l'eau pour l'agriculture et l'approvisionnement urbain, ouvrant d'importantes opportunités pour des initiatives innovantes de la part des entreprises espagnoles. Le Maroc, producteur de proximité ou « nearshoring » A la différence de ce qui se passe en Espagne, le secteur industriel joue un rôle important dans le PIB du Maroc et représente 29,1% du total en 2021 contre 15,3% en Espagne. le Maroc veut capitaliser les avantages de cette situation. La pandémie et la guerre en Ukraine ont accéléré un changement de perception chez les entreprises. Celles-ci ne veulent plus produire à des centaines de milliers de kilomètres en raison des complications liées aux coûts de transport. Au lieu de cela, elles optent pour l'autonomie stratégique, c'est-à-dire faire en sorte que la production soit locale ou, si au cas éventuel d'externalisation (nearshoring), qu'elle se fasse dans les pays voisins.